La pomme de terre à plus de  80 DA – «La demande est plus forte que l’offre» selon M’hamed Charfi

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Le prix de la pomme de terre a dépassé  80 DA le kg. La forte demande enregistrée ces dernières semaines, dans une période creuse, soit à la fin de la récolte de la saison (mi-octobre) et avant le début de la récolte de l’arrière-saison (décembre-mars) est à l’origine du renchérissement du tubercule.

Et pour ne rien arranger, les prix risquent de connaître une autre augmentation avec la détérioration des conditions météorologiques. Même les 50.000 quintaux de pomme de terre déstockés récemment par l’Office national interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev), ne semblent stabiliser les prix. « Le marché va connaître une perturbation en matière de disponibilité à cause du mauvais temps qui empêchera l’activité des agriculteurs », affirme coordinateur des mandataires du marché de gros des fruits et légumes de Boufarik, M’hamed Charfi, qui rappelle que le prix de gros se situe actuellement entre 55 à 65 DA le kg. Aux conditions météorologiques s’ajoute le fait que la récolte de la pomme de terre dans les wilayas de Sétif et Tiaret qui dominent le marché tire à sa fin. Pour ce qui est du déstockage, le mandataire estime que la quantité n’est pas suffisante pour pouvoir réguler le marché. «La demande est plus forte que l’offre», relève-t-il. «Nous avons reçu cette pomme de terre déstockée, achetée à 53 DA le kg et revendue à 55 DA le kg », signale-t-il. Mais il y a un hic : le stockage à basse température, s’il limite les pertes de poids, favorise toutefois la formation de sucres solubles, dont la proportion peut être multipliée par 4 ou 5, voire 10, en l’espace d’un mois. Conséquence : « hormis les casernes et les cantines scolaires, ce produit,   n’est pas prisé par les revendeurs et les consommateurs», confie Charfi. Pour président de l’Association nationale des commerçants et artisans (Anca), Hadj Tahar Boulenouar, «l’Algérie est l’un des pays qui consomment le plus de pomme de terre avec plus de 111 kg par habitant et par an, alors que la consommation mondiale moyenne est de 31 kg habitant/an». De ce fait, le responsable ne cache pas son inquiétude car le produit pourrait atteindre les 120 DA le kg si le mauvais temps persiste. «L’opération de déstockage de la pomme de terre par les partenaires de l’Onilev ne suffit pas pour réguler le marché, car il se fait graduellement en cette période creuse», fait savoir Boulenouar, appelant à encourager les agriculteurs à produire 6 millions de tonnes par an. «Les producteurs ont la capacité de dépasser ce chiffre à condition d’ouvrir des usines de transformation. «D’octobre à janvier, le marché attend l’arrivée de la pomme de terre de Mostaganem et celle d’El-Oued», souligne-t-il. Selon les statistiques du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, la production de la pomme de terre a été de 46 millions de quintaux en 2017 (contre 47,8 millions en 2016 et 46,73 millions en 2014), soit un taux de croissance de 9,4% entre 2014 et 2017. Par catégorie, la production en 2017 a été de 26,37 millions de quintaux pour la pomme de terre de saison, de 1,07 million de quintaux pour la pomme de terre de primeur et de 18,62 millions de quintaux pour la pomme de terre d’arrière-saison. Les wilayas les plus productives sont El Oued (11,53 millions de quintaux), Ain-Defla (6,88 millions de quintaux) et Mostaganem (4,47 millions de quintaux). Quant aux superficies cultivées, elles sont passées de 105.121 ha en 2009 à 148.692 ha en 2017.

Houda H