Ouverture de la réunion du Comité de suivi (Opep et non-Opep): L’Algérie joue le rôle de médiateur

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C’est aujourd’hui que va se dérouler la 10e réunion du Comité ministériel mixte de suivi Opep et non-Opep (JMMC), dans un contexte géopolitique complètement différent de celui des réunions précédentes et de la réunion d’Alger de septembre 2016. Dans cette lutte d’intérêt que se livre certains Etats comme s’était le cas en septembre 2016 les négociations s’annoncent difficiles puisqu’il s’agira de définir les termes de l’augmentation de production de pétrole décidés a Vienne lors de la précédente réunion de ce comité et l’Algérie joue un rôle de médiateur.

Le JMMC a été créé par la 171e Conférence ministérielle de l’OPEP, tenue le 30 novembre 2016, et par la réunion ministérielle conjointe Opep et non-Opep le 10 décembre 2016 à Vienne. C’est lors de la tenue à Alger de la 170e réunion extraordinaire de la Conférence ministérielle de l’Opep en septembre 2016 que les pays membres de cette organisation avaient décidé d’ajuster leur production, dans un intervalle de 32,5 à 33 millions de barils par jour (mbj), et de créer un Comité de haut niveau présidé par l’Algérie en vue d’élaborer les détails de l’accord.

Ces détails ont été définis dans une proposition algérienne adoptée lors de la 171e réunion ordinaire de la Conférence ministérielle de l’Opep tenue en novembre 2016 à Vienne. Le haut comité a également tenu des réunions avec des pays non membres de l’organisation. Ces discussions ont abouti à la signature de l’Accord de coopération entre les pays membres de l’Opep et les pays nonOpep participants à la réunion de décembre 2016.

L’Opep a ainsi décidé d’une réduction de sa production de pétrole d’environ 1,2 mbj à compter du 1er janvier 2017, rejointe par la suite par 11 pays non membres ayant accepté de réduire leur offre de 600 000 bj. Une année après, l’Organisation et ses partenaires décidèrent de prolonger jusqu’à fin 2018 leur plafonnement de la production au profit du prix du baril. Le JMMC est chargé de veiller à ce que les objectifs de cette Déclaration de coopération soient réalisés grâce à la mise en œuvre des ajustements volontaires de la production de pétrole des pays Opepe et non-Opep signataires de cette Déclaration.

Ce Comité facilite également l’échange d’analyses et de perspectives conjointes, ce qui fournit une contribution précieuse à l’évaluation du processus de conformité. Présidé par le ministre saoudien de pétrole et co-présidé par son homologue russe, le JMMC est composé de quatre pays membres de l’Opep (Algérie, Arabie saoudite, Koweït et Venezuela) et de deux pays non membres (Russie et Oman).

Œuvrer pour maintenir l’équilibre du marché Cette 10e réunion du JMMC permettra de «connaître la situation du marché pétrolier international et d’œuvrer au maintien de son équilibre», avait expliqué récemment le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, qui avait avancé que l’issue de cette réunion sera couronnée de «décisions unifiées». Ayant dépassé les objectifs de l’accord, avec des niveaux de conformité record dépassant parfois même les 150%, l’Opep a convenu en juin dernier de limiter à 100% le niveau de respect des engagements, induisant une augmentation effective de l’offre de l’ordre de 757 000 barils/jour.

«Cet accord nous ramène à réaliser 100% de la production (fixée par l’organisation). En mai 2018, nous avons réalisé un taux de conformité de 152% par rapport aux quotas mis dans l’accord (de la baisse). Les 52% de plus, soit les 757 000 barils/jour qui n’ont pas été produits, vont être repris», avait expliqué le ministre dans une déclaration à l’issue de la 174e Conférence ministérielle de l’Opep. C’est dans un contexte marqué par la nécessité de maintenir la hausse des prix, d’assurer la continuité des investissements dans le domaine pétrolier et de garantir l’offre face à une demande qui augure d’augmenter que se tiendra la réunion du JMMC à Alger.

Par ailleurs, les conséquences que pourrait avoir l’embargo pétrolier des Etats-Unis contre l’Iran, devant entrer en vigueur le 5 novembre prochain, accaparent l’attention. En effet, le président américain Donald Trump avait annoncé en mai dernier son retrait unilatéral de l’accord international de 2015 relatif au dossier nucléaire iranien, rétablissant ainsi toutes les sanctions américaines levées dans le cadre de cet accord, et interdisant également aux pays d’acheter le pétrole iranien sous peine de sanctions contre eux.

Troisième plus grand producteur de l’Opep, l’Iran voit déjà ses ventes de brut fondre à l’approche de l’application de ces sanctions sachant que sa production est estimée à 1,4 million de barils par jour. Ce pays détient les quatrièmes réserves mondiales prouvées de pétrole alors que nombre de pays, en Asie particulièrement, ont besoin de se fournir en brut iranien. D’autant que leurs raffineries sont spécialement conçues pour traiter la variété du pétrole iranien (Iran Heavy). Mais à l’approche de l’échéance prévue de ces sanctions, la production pétrolière iranienne a atteint ses niveaux les plus bas depuis juillet 2016, alors que, par ailleurs, le Venezuela connaît aussi une érosion continue de sa production. Pour l’Opep, l’Iran reste «un membre très important (…) et nous n’avons pas d’autre choix que de continuer à travailler avec tous les membres», a soutenu le secrétaire général de l’Opep, Mohammed Barkindo, sans préciser comment les producteurs mondiaux allaient compenser la baisse des exportations iraniennes avec l’entrée en vigueur des sanctions américaines.