Le rapport parlementaire sur le Sahel, qui vient d’être effectué en France dresse un bilan désastreux de la situation au Sahel, et notamment au Mali. Seule l’Algérie, prétendent ces élus, détiendrait les clés d’une stabilité.
Une fois n’est pas coutume, des parlementaires français qui se sont déplacés sur le terrain ont audité l’intervention française qui a lieu depuis cinq ans au Sahel et au Mali. Pour l’instant, le « story telling » des autorités militaires françaises, sur lequel veille Jean Yves Le Drian, tour à tour ministre de la Défense sous François Hollande et des Affaires Etrangères sous Emmanuel Macron, est sans nuances. La grande armée française – 4500 hommes auxquels il faut ajouter les 300 membres des forces spéciales- aurait chassé les djihasites du Mali et aurait garanti une stabilité durable dans la région. Le plus cocasse est que d’après les sondages, une majorité de français croient à cette version arrangée de l’histoire récente. Dans leur rapport révélé par le Canard, les trois parlementaires dressent -enfin!- un bilan lucide et donc profondément pessimiste sur les chances des militaires française de rétablir un semblant de paix au Sahel et au Mali. Le bilan des trois « experts », le voici: des attaques djihadistes quotidiennes et pas seulement dans le Nord du Mali, contrairement à la situation qui sévissait en 2013; des accords de 2015 entre le pouvoir de Bamako et les groupes rebelles au point mort; la région de Kidal livrée aux groupes armés; des troupes françaises en panne d’équipements suffisants; et enfin « l’enlisement » de la force dite du G5 Sahel, le cheval de bataille d’Emmanuel Macron qui voudrait que les pays de la région ( Mali, Niger, Tchad, Mauritanie, Burkina) prennent la relève de la France. Comment, s’interrogent les parlementaires français, « débusquer des terroristes…dans des pays où il n’y a pas d’Etat et où, quand une école ferme, elle est remplacée par une école islamiste ». Et nos experts de conclure: « Rien ne se réglera au Sahel sans l’Algérie. On ne peut pas concevoir d’instaurer la paix dans cette immense région sans ce pays dont l’armée compte trois millions d’hommes… ». Traditionnellement, l’Algérie a toujours considéré le Sahel comme une zone stratégique et veillait aux équilibres politiques de la région grâce à une présence vigilante de ses services spéciaux. Aujourd’hui, cette puissance régionale, constate le rapport français, est « en arrière de la main ». Deux raisons au moins expliquent ce retrait algérien: l’une tient à la guerre de succession qui sévit à Alger, paralysant toutes les initiatives. L’autre est la présence française qui impose « son » G5 Sahel qui a largement ôté à Alger son rôle d’interlocuteur privilégié des régimes en place au Niger, au Mali ou en Mauritanie. Pour sortir du guêpier sahélien, la France devrait ramener l’Algérie au centre du jeu. Encore faudrait-il qu’Alger qui a réussi à éradiquer le terrorisme sur son sol veuille plonger à nouveau dans le bourbier sahélien!
T.M