La propagation du moustique tigre est une « menace réelle pour les wilayas du littoral algérien et les zones humides », selon les services spécialisés de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA). Son apparition en Algérie a été signalée en 2010 dans quatre wilayas: Tizi-Ouzou, Oran, Alger et Jijel.
En août 2017, une enquête entomologique avait été réalisée à Alger afin d’identifier l’espèce, les résultats ont montré la densité élevée de ce moustique à tous les stades de son développement. Malgré tous les efforts déployés par les services de démoustication d’Hurbal, le moustique tigre s’étaient propagé vers d’autres localités de la capitale, à savoir Saoula, Khraicia et Hussein Dey.Appelée également Aedes albopictus, cette espèce introduite en Europe dans les années 1990 ne cesse de se propager d’un pays à l’autre. Le moustique tigre prolifère en zone urbaine, s’adapte facilement aux différents biotopes et ses œufs résistent longtemps à la dessiccation (action de dessécher le milieu dans lequel ils se trouvent). Elle est réceptive au virus du Chikungunya, de la dengue et du Zika, alertent les mêmes services. En Algérie, la présence fortuite du moustique tigre a été signalée pour la première fois, en juin 2010, à Larbaa-Nath-Iraten, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Un seul spécimen avait été capturé. Depuis, aucune activité de ce moustique n’a été signalée dans la région. En décembre 2015, suite à des plaintes des habitants d’une forte nuisance occasionnée par les moustiques, durant l’été, les entomologistes de l’IPA avaient confirmé l’introduction de cette espèce à Ain Turk (Oran). Une forte nuisance du moustique tigre avait été, ensuite, signalée en juillet 2016 à Alger par des habitants de quartier Zonka, entre Birkhadem et Ain Naadja. La prospection entomologique avait confirmé la présence d’Aedes albopictus à tous les stades de son développement (œufs, larves et adultes). Les opérations de démoustication avaient été lancées par Hurbal (l’établissement en charge de l’hygiène urbaine et de la protection de l’environnement dans la wilaya d’Alger), et se sont poursuivies jusqu’à la disparition du moustique, rappelle l’IPA. En août 2017 et suite aux différentes plaintes des habitants du quartier Vieux Kouba de piqûres particulières de moustiques, une enquête entomologique avait été réalisée afin d’identifier l’espèce. Les captures avaient montré la présence d’Aedes albopictus . Les traitements insecticides par le produit Deltamethrine en fumigation avaient concerné toutes les habitations où les œufs et larves de moustique tigre avaient été constatés et avaient duré plusieurs mois, mais sa prolifération était inévitable. A l’est du pays, une prolifération de ce moustique avait été confirmée en août 2017 à Jijel. Concernant les mesures prises ou à entreprendre, les services spécialisés de l’IPA estiment que la propagation de l’insecte est une « menace réelle ». Ses larves se développent essentiellement dans des gîtes larvaires produits par les habitants eux même (récipients, ustensiles, pneus usagés, etc. abandonnés et contenant de l’eau), expliquent les mêmes services.
Des pièges pondoirs dressés pour lutter contre la prolifération de cet insecte
Le contrôle de la densité de ce moustique est faisable, selon les services de l’IPA, mais cela nécessite une « large sensibilisation de la population ». Une campagne d’information et de sensibilisation des citoyens a été lancée par l’IPA à travers les différents médias. Elle se poursuivra les semaines qui viennent. D’autre part, la surveillance entomologique à l’aide de pièges pondoirs (pour détecter les œufs du moustique) sera poursuivie afin de « suivre les densités de ce moustique au niveau des zones colonisées et, également, pour évaluer l’impact de la démoustication ». En cas d’un diagnostic positif du virus de la dengue, du chikungunya ou du Zika, un traitement par thermo-nébulisation à l’aide de Deltamethrine doit être immédiatement réalisé. Les services de l’IPA préviennent, toutefois, que les traitements insecticides, dits « de confort », préconisés pour réduire la nuisance, « ne doivent pas être réalisés à long terme car ils peuvent causer une résistance aux insecticides utilisés ».
Selma Dey