«Nous sommes une société épique et nous n’avons plus rien d’épique ». Cette sentence est du poète Léo Ferré, lui qui abhorrait les sentences. C’est dire la grande déshérence du monde dans lequel nous vivons, (télé)spectateurs impuissants de notre propre décrépitude. Les journaux télévisés que nous recevons par satellite, sont ponctués de cadavres et nous craignons même qu’un de ces soirs une de ces victimes ensanglantées ne vienne éclabousser notre apparente quiétude. Ainsi ce monde est entre les mains de fous criminels dont la place est dans les geôles, à perpétuité, et qui coulent des jours paisibles au sein de leurs familles où ils défont dans la joie les cadeaux de fin d’année pour leurs enfants tandis que d’autres enfants n’ont même pas de sépulture, enfouis sous les décombres d’Alep, de Mossoul, de Tripoli…L’équation est pourtant d’une déroutante simplicité : sous prétexte de chasser le dictateur, les voilà massacrant les populations civiles, ces charretées de pauvres gens fuyant les bombardements, l’air hagard, le regard interrogateur de ceux qui n’ont pas compris pourquoi on leur tire dessus. Bush, Sarkozy, Hollande, Netanyahu, assassins d’enfants, brigands des petits chemins, détrousseurs de la veuve et l’orphelin, s’acharnant sans pitié sur un pays pauvre comme le Yémen livré à la rage vengeresse et la félonie des princes arabes adipeux, éternels perdants des casinos, tas de graisse se vautrant dans la luxure…Et ça se dit gardiens des Lieux saints, taxant lourdement les fidèles qui y viennent au prix des économies de toute une vie, «laver leurs os» et faire acte de repentance. Oui nous sommes un monde épique depuis que les égorgeurs se pavanent dans les palais, se vantant de leurs odieux assassinats à l’image de ce criminel qui a pris les armes contre son pays et qui aujourd’hui veut nous dicter notre avenir. L’avenir de ce pays impétueux se fera sans eux, comme il s’est fait sans les Phéniciens, les Romains, les Turcs, les Français…Algérie ancestrale mille fois blessée et toujours debout.