Dans un entretien accordé au quotidien français «Le Monde» Messahel rappelle les positions de l’Algérie sur les crises en Libye, au Mali au Sahara occidental et en Syrie

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Le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, a rappelé les positions de l’Algérie sur plusieurs questions internationales, notamment la crise en Libye, au Mali et au Sahara occidental.

En effet, dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde publié dans l’édition datée de ce vendredi, Messahel est revenu dans le détail sur l’approche de l’Algérie susceptible de dégager des solutions à ces conflits en insistant sur l’exclusion de toute ingérence dans ces crises. Sur la situation en Libye, le chef de la diplomatie algérienne, est revenu également sur le problème des ingérences dans les affaires internes des Etats. «Le processus en Libye est contrarié par trop d’agendas qui ne permettent pas à la volonté du peuple libyen d’aboutir, selon la stratégie arrêtée par les Nations unies», a-t-il expliqué, réaffirmant que la solution doit venir d’un dialogue entre Libyens. Il a indiqué que ce pays a «suffisamment» de compétences pour cela, il en veut pour preuve, la semaine dernière, «deux grandes villes qui étaient pratiquement en guerre, Zentan et Misrata, ont trouvé des solutions», notant que «c’est un pas très important».

En ce qui concerne le rôle de l’Algérie, le ministre des Affaires étrangères a expliqué qu’il s’agit «d’accompagner les Libyens dans la mise en œuvre de leurs propres volontés, sans ingérence». «Nous sommes en contact quasi quotidien avec toutes les parties libyennes», a-t-il indiqué, estimant que l’envoyé spécial de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, «a plusieurs grands mérites». «Il a compris que la mission de l’ONU devait être en Libye. C’est le cas, elle est installée à Tripoli. Il est également en contact permanent avec presque tous les acteurs libyens et il s’est rendu à peu près partout. Nous le soutenons de manière sincère», a-t-il ajouté. S’agissant de la non-application de l’Accord d’Alger au Mali, le chef de la diplomatie algérienne a expliqué que «nous avons accompagné nos frères maliens jusqu’à la signature de l’accord, mais celui-ci ne vaut que s’il est mis en œuvre et il le sera seulement si ceux qui l’ont signé en ont la volonté». «Les Maliens doivent s’approprier le processus. De ce point de vue, nous saluons l’approche du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga. Sa dernière visite à Kidal prouve une implication sérieuse», a-t-il dit, soulignant qu’«il n’y aura pas de solution en dehors de l’appropriation de la sortie de crise par les Maliens eux-mêmes». «Notre rôle, comme celui de la France, des Nations unies, est de les accompagner. Ce que nous faisons : nous renforçons les capacités des troupes maliennes, nigériennes, nous formons des troupes spéciales, nous apportons un soutien logistique, nous partageons nos renseignements», a-t-il fait savoir, rappelant que l’Algérie a consacré plus de 100 millions de dollars en quelques années aux pays du Sahel pour lutter contre le terrorisme.

«Nous ne parlons pas beaucoup de ce que nous faisons, mais nous le faisons», a-t-il voulu faire remarquer. Au sujet de la non-participation des forces armées algériennes au G5 Sahel, le ministre a rappelé que les raisons pour lesquelles elles ne sortent pas de leur territoire «c’est constitutionnel, historique (et) culturel». «L’Armée algérienne est faite pour jouer son rôle de défense nationale. Nous n’avons pas de problème avec ceux qui se mobilisent pour combattre le terrorisme, bien au contraire. Nous aidons aussi ces pays, mais chacun le fait à sa manière», a-t-il encore expliqué. A une question de prétendues «incursions» des forces sahraouies dans la zone tampon de Guerguerat, le ministre a encore rappelé que le porte-parole des Nations unies a dit : «Qu’il n’y avait pas eu de violation du cessez-le-feu», réitérant le soutien de l’Algérie des droits légitimes du peuple sahraoui. «Nous reconnaissons qu’il y a des réfugiés sur notre territoire. Tout comme il y a eu des réfugiés algériens au Maroc pendant notre guerre de Libération. Le Maroc nous a soutenus, tout comme la Tunisie. Mais nous ne leur avons pas demandé d’aller négocier l’indépendance de l’Algérie avec les Français à notre place. C’est la même chose. Nous ne faisons pas partie de ce conflit», a-t-il affirmé.

Concernant la Syrie Abdelkader Messahel, l’Algérie souligne que le problème qui se pose à la Syrie «doit être réglé dans le cadre syrien», rejetant toute ingérence. Et de rajouter : «Nous suivons avec attention la dégradation de la situation en Syrie. Nous avons discuté avec le ministre français des Affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian) et avec d’autres partenaires. Nous avons toujours pensé que le problème qui se pose à la Syrie doit être réglé dans le cadre syrien». Le chef de la diplomatie algérienne a souligné la différence entre la lutte contre le terrorisme, qui est une «obligation pour tous», et des conflits nés de clivages internes. «Dans ce cas là, la solution est à trouver dans le cadre du dialogue, du respect de la souveraineté des peuples et des Etats, sans ingérence d’où qu’elle vienne», a-t-il ajouté.