L’Association nationale des parents d’élèves (Anpe) dépose une plainte contre les bureaux régionaux du Cnapeste à Blida et Béjaïa, après l’échec des efforts de la médiation entre le ministère tutelle et le syndicat.
Elle a adressé une lettre au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, sollicitant son intervention afin de mettre fin à ce conflit et rétablir la stabilité et la sérénité dans le secteur de l’Education. Lors de son intervention, hier, au forum du quotidien El Moudjahid, le président de l’Anpe, Khaled Ahmed, a fait savoir que son association juge d’ «invraisemblable» l’annonce «d’une grève illimitée» dans un secteur sensible qui est l’Education nationale. «Nous ne sommes pas contre les enseignants et on n’est pas contre la grève qui est un droit constitutionnel», a dit le président de l’Anpe. «Mais parler d’une grève illimitée et ouverte n’existe pas dans la loi algérienne et dans le dictionnaire juridique international», a-t-il ajouté. Selon lui, observer «une grève ouverte juste pour être solidaire avec les enseignants au détriment de près de 9,5 millions d’élèves est un acte qui n’est pas acceptable». A cet effet, l’Anpe souhaite à travers ces plaintes «protéger l’intérêt des élèves et leur droit à la scolarité», a précisé l’intervenant ajoutant que le Capeste avait tort d’opter pour la grève sans prendre en considération le sort des élèves notamment ceux concernés par les examens de fin d’année, les poussant, selon ses dires, à recourir à «des cours privés coûteux»accablant les familles dont le revenu est faible. A une question sur la position de l’Anpe par rapport aux dernières mesures prises par le ministère de l’Education nationale dont l’interdiction des enseignants gréviste à entrer dans les établissements scolaires et la radiation des ces derniers s’ils ne rejoignent pas les lieux de travail, l’Invité d’El Moudjahid a indiqué que son association soutien toute décision respectant la réglementation. «Le ministère a appliqué la loi. Notre devoir est de respecter la loi», a-t-il dit tout en écartant la menace de «l’année blanche». Quant à l’ampleur qu’a prise cette grève qui paralyse un nombre important d’écoles depuis le 27 novembre dernier dans les wilayas de Béjaïa et Blida, et depuis 11 jours au niveau national, Khaled a indiqué que le taux de la grève enregistré sur le territoire national a atteint 4%. Toutefois, quatre wilayas connaissent un taux considérable à l’instar de Béjaïa, Blida, Boumerdès et Bouira où le taux de la grève se varie entre 23 et 25 %. Selon lui, ce débrayage touche au premier lieu le cycle secondaire et ces pourcentages enregistrés au niveau de ces régions sont liés à l’élan de la solidarité entre les enseignants gré- vistes affiliés au Cnapeste. Présentant la situation des établissements scolaires dans la wilaya, le directeur du bureau régional de l’Anpe de la wilaya Blida, Mustapha Benkaci, a indiqué qu’actuellement 21 lycées des 49 lycées existants dans la wilaya de Blida ne sont pas touchés par la grève, d’autres connaissent des taux partiaux, 436 enseignants remplaçants assurent les cours. Selon lui, seulement 21 lycées ont pu effectuer les examens du 1 er trimestre. Face à cette situation, Benkaci a jugé qu’aller à une grève ouverte est «grave», car «les élèves de la terminale se trouvent perturbés». «Nous demandons la suspension de cette grève et aller à la négociation», a-t-il dit. Khaled a indiqué au cours de son intervention qu’une commission ministérielle ambulante a été créée au niveau du ministère de tutelle pour diagnostiquer et traiter les questions liées à la gestion au niveau des services des directions de l’Education dans les différentes wilayas. Cette commission composée des cadres activant dans le secteur de l’Education nationale, élabore un rapport final et détaillé qui sera remis au ministère tutelle. Dans sa lettre, l’Anpe fait appel au président de la République et sollicite son «engagement pour une école algérienne de qualité» à travers l’octroi d’«un statut de souveraineté au secteur de l’Education nationale». Selon l’Anpe, «un tel statut permettra au secteur de retrouver la stabilité et la sérénité nécessaires» pour garantir le droit à la scolarité conformément à l’article 53 de la Constitution. Pour l’Association nationale des parents d’élèves, la situation de l’école algérienne a atteint un «seuil critique» et «seule une décision historique de ce genre pourra la sauver et vous êtes notre ultime recours», lit-on dans cette lettre dont L’Echo d’Algérie a obtenu une copie. L’Anpe dénonce les grèves «illimitées», «la déstabilisation permanente» et s’insurge contre «le déficit en leçons à lequel s’ajoutent des traumatismes en tous genres tels que le redoublement, la violence et l’oisiveté, source d’addition à des fléaux sociaux». L’Anpe se dit «une force de médiation» et «les portes de dialogue restent ouvertes» à toutes les parties. L’Association appelle à mettre l’intérêt des élèves dans le rang des priorités.