Faux débats et vrais enjeux

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Photo L'Echo d’Algérie@

Alors que les temps sont aux grands questionnements et à la recherche de solutions idoines pour tenter de juguler la crise qui est déjà présente, certains milieux s’évertuent à toujours vouloir moraliser une société perçue comme sujette à de graves dépravations. Ainsi, au sujet d’un ouvrage très controversé intitulé Comment frapper sa femme, et qui a fait grand bruit au Salon du livre l’année précédente, le commissaire du Sila jette un véritable pavé dans la mare déclarant à une chaîne de télé qu’il «faut frapper sa femme avec douceur» et que «notre société accepte la violence» ! En même temps la direction de la prestigieuse faculté de droit d’Alger placarde un communiqué pour le moins étrange : elle interdit clairement le port de jupes trop courtes et de pantalons serrés aux étudiantes ! Ces deux «événements» se déroulent sur fond de grosse polémique ou plus exactement de campagne ciblant encore une fois la ministre de l’Education nationale qui a pris la décision de protéger l’école des courants obscurantistes qui la dominent depuis de longues décennies. Les voilà donc les problèmes auxquels nous sommes confrontés : la longueur d’une jupe, la couverture d’un livre d’écolier où des enfants se tiennent par la main relève d’un outrage national, la meilleure façon de battre sa femme… Comme si nous n’étions en rien concernés par l’inflation à deux chiffres que d’éminents économistes annoncent, la grave détérioration de notre pouvoir d’achat, l’économie nationale qu’il faut impérativement relancer en exploitant judicieusement les secteurs de l’Agriculture et du Tourisme largement à la traîne malgré les énormes potentialités… L’université aurait pu s’impliquer dans ces débats, elle qui abrite l’élite censée débattre et même apporter des solutions aux grands problèmes qui agitent la vie publique. Mais voilà que l’on s’attarde sur la façon de se vêtir des jeunes filles, de l’innocence des enfants à se tenir la main y décelant quelque intolérable perversion … Terrible déshérence d’une société qui n’a pas encore trouvé ses repères.