L’écosystème de la finance islamique en Algérie poursuit son essor avec l’annonce du lancement imminent des sukuk souverains, un nouveau mécanisme de financement consacré par la loi de finances 2025.
Destinés aux institutions financières et aux investisseurs, ces titres doivent favoriser la mobilisation de capitaux pour le développement des infrastructures et stimuler l’investissement.
Un outil de financement structurant
Ces avancées ont été mises en avant lors d’une conférence-débat organisée jeudi soir à Alger par l’Association des diplômés de l’Institut de financement du développement du Maghreb arabe (IFIDAS). L’événement, qui a réuni des experts du secteur financier, a permis de souligner le rôle central des sukuk dans le renforcement des investissements et le placement des excédents financiers par les institutions bancaires islamiques et conventionnelles. Selon Sofiane Mazari, chef de la division Finance Islamique au Crédit Populaire d’Algérie (CPA), l’émission de ces titres par le Trésor public marque une nouvelle étape dans l’édification de la finance islamique en Algérie. Il a également annoncé l’introduction future des sukuk corporate, émis par des entreprises privées pour lever des fonds en faveur de projets économiques.
Une finance islamique en plein essor
L’essor de la finance islamique en Algérie se traduit déjà par des chiffres significatifs : près de 900 milliards de dinars de dépôts ont été enregistrés par les banques islamiques, représentant environ 6 % du marché bancaire national. D’après Hichem Kacimi El Hassani, directeur de l’orientation à Banque Al Salam Algérie, le développement des sukuk souverains constitue une évolution naturelle de la finance islamique en Algérie, alignée sur les pratiques internationales. Ces instruments financiers prennent différentes formes, comme les sukuk Idjara, Moucharaka, Mourabaha, Moudaraba, Salam et Istisna’a, adaptés aux besoins variés des investisseurs.
Des incitations fiscales attractives
La loi de finances 2025 prévoit plusieurs mesures incitatives pour encourager l’adhésion aux sukuk souverains : Exonération de l’Impôt sur le Revenu Global (IRG) et de l’Impôt sur les Bénéfices des Sociétés (IBS) pour cinq ans sur les titres d’une échéance égale ou supérieure à cinq ans et éxonération des droits d’enregistrement et de la taxe de publicité foncière pour la même durée. Cette fiscalité avantageuse vise à attirer un large éventail d’investisseurs, incluant les institutions financières, les entreprises et même le grand public, en cas d’ouverture à la souscription publique.
L’IFIDAS, un acteur clé du développement financier maghrébin
L’Institut de financement du développement du Maghreb arabe (IFID), créé en 1981 par l’Algérie et la Tunisie, joue un rôle majeur dans la formation des cadres du secteur bancaire et des assurances. Basé en Tunisie, il a déjà formé 2 224 diplômés à travers 44 promotions, dont bon nombre occupent aujourd’hui des postes clés en Algérie, en Tunisie et en Mauritanie. Avec ces nouvelles réformes et le lancement des sukuk souverains, l’Algérie affirme sa volonté de structurer davantage la finance islamique et d’en faire un levier de développement économique durable.






