Défenseur d’un «islam des Lumières» Malek Chebel, tire sa révérence

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L’anthropologue des religions et psychanalyste algérien Malek Chebel, défenseur d’un «islam des Lumières», est mort des suites d’un cancer, samedi 12 novembre au matin, à l’âge de 63 ans.

« Malek Chebel, c’était l’islam des Lumières et la modernité. Son œuvre dit quel doit être notre ouvrage  « bâtir l’islam de notre temps», a tweeté le Premier ministre Manuel Valls. Pour Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman (CFCM), interrogé par l’AFP, sa disparition constitue «une grosse perte pour l’ensemble des musulmans de France». Il sera enterré en Algérie, après une probable cérémonie en région parisienne, aujourd’hui, a précisé à l’AFP son fils Mikaïl Chebel.

 Trente-cinq livres publiés

Arrivé à Paris en 1980 pour préparer un doctorat en psychopathologie et psychanalyse, après une licence de psychologie clinique à Constantine (Algérie), Malek Chebel voulait contribuer, par ses études, à voir l’Orient et l’Occident s’éloigner des «lieux de confrontation» où les extrémistes voulaient les conduire. Il «a appris le dictionnaire» français en arrivant en France «pour s’approprier les mots, la langue», a raconté à l’AFP son ami Hichem Ben Yaïche. «Il avait une capacité de travail inouïe», avec trente-cinq livres publiés et cinq prévus pour la seule année 2016. Il voulait «ratisser plusieurs thématiques», dans «une quête d’identité personnelle», selon ce proche. Parmi ses livres,  L’islam pour les nuls et  Le Coran pour les nuls s’étaient arrachés dans les librairies après les attentats de janvier 2015. Il a aussi traduit le Coran et publié, entre autres, « Mohammed, prophète de l’islam » « L’islam et la raison »  «  L’Erotisme arabe » ou « L’islam en 100 questions ». Face au «détournement de l’islam» par ceux qui ont alimenté sa «dérive sectaire» et djihadiste, Malek Chebel a donné naissance au concept d’«islam des Lumières» pour «dire que l’islam n’est pas extrémiste, qu’il n’est pas ce qu’on peut dire à travers les actes de quelques fous de Dieu», a expliqué Hichem Ben Yaiche.

Chevalier de la Légion d’honneur

Selon le président du CFCM, Malek Chebel proposait «une démarche innovante, une lecture contextualisée des préceptes de l’islam et de la pratique religieuse». Et il avait «un rôle précurseur» avec «des analyses pertinentes, notamment sur la place de la femme dans l’islam, de la conception, de la relation de l’homme au plaisir d’une manière générale», des thèmes qui «apportaient une certaine fraîcheur à la vision que pouvait avoir la société française sur la religion musulmane», a souligné Anouar Kbibech. En 2008, Malek Chebel avait été décoré chevalier de la Légion d’honneur par Nicolas Sarkozy, alors président de la République. «Grâce à vous, la France découvre, ou redécouvre, un islam qui connaît et aime la vie, le désir, l’amour, la sexualité», avait déclaré Niclas Sarkozy.