Exprimer sa colère pour se défouler: Une fausse solution, selon la science

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Lorsqu’on est envahi par la colère, il est tentant de céder à l’idée largement répandue qu’il faut l’exprimer pour s’en libérer, comme on libère la pression d’une cocotte-minute. Pourtant, une récente étude menée par des chercheurs de l’Université de l’État d’Ohio (États-Unis) remet en question cette croyance. Selon Brad Bushman, auteur principal de l’étude et spécialiste des sciences de la communication, « il n’existe aucune preuve scientifique qui soutienne le mythe selon lequel se défouler aide à réduire la colère. » 

Au contraire, dans certains cas, extérioriser sa colère pourrait même l’exacerber. Publiée en avril 2024 et relayée par Science Alert, l’étude insiste toutefois sur l’importance de ne pas ignorer sa colère. Au lieu de la rejeter ou de la déchaîner, il serait plus efficace d’en comprendre les causes profondes. Cela nécessite une introspection, qui aide à identifier les déclencheurs émotionnels et à résoudre les problèmes sous-jacents.  Si certaines personnes tentent de dissiper leur colère à travers une activité physique intense, les chercheurs soulignent que cette méthode n’est pas idéale pour la santé mentale. Courir, par exemple, peut améliorer le bien-être physique, mais en augmentant l’activation physiologique (rythme cardiaque, pression artérielle, production de cortisol), cela peut se révéler contre-productif pour gérer la colère. Les salles de défoulement, où les gens paient pour casser des objets, offrent un soulagement temporaire, mais ne constituent pas une solution durable.  À partir de l’analyse des données de 10 189 participants, l’étude a révélé que maîtriser la colère passe par une diminution de l’activation physiologique. Cette approche repose sur la théorie « à deux facteurs » de Schachter et Singer, qui définit les émotions comme un mélange d’activation physiologique et de cognition. Historiquement, les recherches se sont concentrées sur la composante cognitive, en proposant des thérapies cognitivo-comportementales pour identifier et gérer les sources de colère.  Toutefois, les chercheurs Brad Bushman et Sophie Kjærvik, de l’Université de la Virginia Commonwealth, recommandent désormais d’intégrer des pratiques apaisantes, comme le yoga doux, la méditation en pleine conscience, la relaxation musculaire progressive ou les exercices de respiration diaphragmatique. Ces techniques, qui visent à réduire les niveaux de stimulation, offrent des résultats plus prometteurs pour apaiser durablement la colère. Adopter ces méthodes plus calmes demande cependant un effort, surtout lorsque la colère pousse à vouloir agir ou se défouler. « C’est une bataille difficile, car les personnes en colère cherchent souvent à se défouler, mais nos recherches montrent que cette approche renforce en réalité l’agressivité », explique Brad Bushman. Bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour approfondir ces découvertes, l’équipe insiste sur le fait que les techniques d’apaisement constituent le meilleur remède contre un tempérament colérique. En adoptant ces pratiques, il devient possible de transformer sa colère en une opportunité d’introspection et de calme intérieur. 

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