Le président de la république a convoqué le corps électoral le 08 juin 2024 en vue de l’élection présidentielle prévue le 07 septembre 2024. Espérons un débat productif au profit exclusif de l’Algérie, ni sinistrose, ni autosatisfaction source de névrose collective. Tenant compte de notre riche histoire et de notre anthropologie culturelle, devant concilier modernité et authenticité, les défis sont nombreux, ce qui supposent un bilan serein pour ne pas renouveler les erreurs du passé, une nette volonté politique d’accélérer les réformes devant concilier la sécurité nationale , l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale afin que l’Algérie devienne un pays émergent horizon2028/2029, et elle en a les potentialités. Cette présente contribution se veut un éclairage modeste au débat national.
1.-.-Les réformes renvoient à la refondation de l’Etat qui implique de saisir les tendances réelles de la société algérienne qui passent nécessairement par une mutation profonde de la fonction sociale de la politique. Le passage de l’État de « soutien » à l’Etat de justice est de mon point de vue un pari politique majeur, car il implique tout simplement un nouveau contrat social et un nouveau contrat politique entre la Nation et l’Etat. L’Algérie ne peut revenir à elle-même que si les faux privilèges sont bannis et les critères de compétence, de loyauté et d’innovation sont instaurés comme passerelles de la réussite et de promotion sociale. La refondation de l’Etat ne saurait se limiter à une réorganisation technique de l’autorité et des pouvoirs, car la gouvernance est une question d’intelligence et de légitimité réelle et non fictive. Cela suppose de poser la problématique stratégique du futur rôle de l’Etat largement influencé par les effets de nouvelles mutations mondiales dont la transition énergétique, numérique ( attention aux cyber attaques,) des effets du réchauffement climatique et de la recomposition du nouveau pouvoir économique, politique et militaire mondial à travers un monde multipolaire en devenir. Il y a urgence dans cette trajectoire de refondation de l’Etat d’avoir des formations politiques et les différents segments de la société civile algériens qui auront la capacité de faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficient, évitant les logiques d’affrontement, de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d’apporter une contribution efficace à l’œuvre de redressement national. En tout état de cause, il nous semble plus équitable, et plus juste politiquement, de raisonner en termes de marché électoral et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d’acteurs qui s’y adonnent, se fixer de manière concurrentielle. Le rôle des pouvoirs publics consistera alors à mettre en place les garde-fous indispensables et à veiller au respect strict des lois et des règles qui régissent le fonctionnement de ce marché. Quant à la société civile scindée en quatre segments, une société civile hérité souvent des anciens partis ; une société civile appendice des partis islamiques légaux ; une société civile dite démocratique nombreuse, mais atomisée et minée par de rivalités de leadership et enfin une société civile la plus nombreuse, la plus active, collant avec la société, une société civile informelle, sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe dans ses relations à la société rendent impérative une réflexion collective. Dans cet ordre d’idées, l’Etat doit encourager la création d’associations dans des secteurs qui sont porteurs mais qui restent vierges et complètement ignorés du mouvement associatif ; de faire de ce cadre un instrument efficace d’encadrement de forces vives qui agissent dans la société de manière dispersée et un levier puissant de leur mobilisation en vue de leur implication active dans l’œuvre de redressement national. Mais cette politique n’a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et que si les associations qui le composent ne soient pas au service d’ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses.
2.-Les exigences d’un Etat fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d’autonomie de pouvoirs locaux autour de grands pôles économiques régionaux, mutant les collectivités locales en managers, qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique. La cohésion de ces espaces et leur implication dans la gestion de leurs intérêts et de leurs territorialités respectives déclencherait alors une dynamique de complétions positives et rendront la maîtrise des groupes plus faciles pour la centralité politique nationale, donc d’aller vers une réelle décentralisation à ne pas confondre avec déconcentration autour de six à sept grands pôles économiques régionaux.. Cellule de base par excellence, la commune a été régie par des textes qui ne sont plus d’actualité, autrement dit frappés de caducité. L’objectif central de la démarche est de transformer la commune « providence » en « commune entreprise ». Cela suppose que toutes les composantes de la société et les acteurs de la vie économique, sociale et culturelle, soient impliqués, sans exclusive, dans le processus décisionnel qui engage la configuration de l’image de l’Algérie de demain qui devra progressivement s’éloigner du spectre de l’exclusion, de la marginalisation qui hypothèquent la cohésion sociale. L’implication du citoyen dans le processus décisionnel qui engage l’avenir des générations futures, est une manière pour l’Etat, de marquer sa volonté de justice et de réhabiliter sa crédibilité en donnant un sens positif à son rôle de régulateur et d’arbitre de la demande sociale, car il n’existe nulle part dans le monde un Etat ultra libéral. Comme je l’ai démontré dans un ouvrage paru à l’Office des Publications Universitaires (OPU Alger 1983) « valeur, prix et croissance économique», en référence à la théorie de la thermodynamique, le monde est en perpétuel mouvement. Même la pierre et notre univers (avec le réchauffement climatique influences géostratégiques sur la cartographie géographique mondiale) que l’on croit inerte se décomposent lentement à travers les décennies et les siècles. La société n’échappe pas à cette règle ou les mouvements culturels ( qui seront prépondérants entre 2030/2040), économiques, sociaux, politiques avec des acteurs n’ayant pas toujours les mêmes objectifs, engendrent des transformations soit positives ou négatives. Le temps ne se rattrape jamais en économie que l’on peut définir comme la maîtrise et le gain du temps et toute Nation qui n’avance pas recule forcément..
3..- Du fait du bouleversement géostratégiques qui s’annonce inéluctablement entre 2025/2030/2040, il s’agira d’avoir une planification stratégique, afin de relever le niveau de la croissance économique, objectif 400 milliards de dollars de PIB horizon 2028/209, une exportation de gaz -GNL et GN de 100 milliards de mètres cubes gazeux horizon 2028/2029 fonction de profondes réformes et d’un renouveau de la gouvernance ( voir nos interviews 2017/2020 à /AfricaPresse Paris, à l’American Herald Tribune « Dr. Abderrahmane Mebtoul: “Algeria Still Faces Significant Challenges et conférence Paris GRAL conférence sur les perspectives de l’économie algérienne 8/9 juin 2024 ). Pour l’Algérie , il s’agira de mettre en œuvre une véritable stratégie d’adaptation face à ce monde turbulent et instable où la considération d’une Nation repose sur une économie forte, impliquant notamment la restructuration notamment du secteur public et la dynamisation du secteur privé productif, loin des aléas de la rente des hydrocarbures qui échappe à la décision interne. Dans ce contexte , Il n’est plus permis d’ignorer la nécessaire adaptation de l’Algérie dont son devenir est dans l’espace euro-méditerranéen et africain son espace naturel. C’est que tout projet étant porté par forcément des forces sociales, souvent avec des intérêts différents, en démocratie les urnes la population tranchant sur le projet de société, où la minorité politique se soumet à la volonté de la majorité, tout en restant une force de propositions. Aussi les réformes en profondeur du fonctionnement de la société algérienne nécessitent d’analyser les relations dialectiques entre les segments de la production de la rente , Sonatrach et celui de sa redistribution, le système financier dans toute sa composante, douane, banques, fiscalité, domaine , la réforme du l système socio éducatif du primaire au supérieur en passant par la formation professionnelle lieu de production de la valeur, l’épineux problème du foncier tant industriel qu’agricole Ces réformes bouleverseront des intérêts, mais les gagnants de demain seront plus nombreux que les perdants ( ceux liés à la rente) qu’aujourd’hui. Comment ne pas rappeler que de 1974/2023, j’ai eu l’honneur de coordonner plusieurs ouvrages pluridisciplinaires, d’une brûlante actualité ayant abordé les réformes politiques, sociales et économiques, fruit d’un travail collectif à la rédaction duquel ont contribué des spécialistes en sociologie, juristes, , en économie , en sciences politiques et des ingénieurs des universités d’Oran et d’Alger. A cette époque j’avais donné plusieurs conférences suite à la création de l’association nationale de développement de l’économie de marché ADEM fondée en 1992( agrément ministère intérieur 63/92) que j’ai eu l’honneur de présider de 1992 à 2015, aux universités de Annaba, de Constantine, de Tizi Ouzou, de Bejaïa , Mascara , Sidi Bel Abbès, Tlemcen, d’Oran, à l’Académie militaire Interarmes de Cherchell, à l’Ecole supérieure de Guerre, à l’IMPED Institut militaire de prospective , conférence devant le Commandement de la Gendarmerie nationale, des cadres de la direction de la sûreté nationale DGSN ainsi que de nombreuses conférences au niveau international (USA /Europe) dont la rencontre devant la majorité des ambassades accrédités en Algérie à l’invitation de l’ambassade de l’Union européenne, et ce afin pour expliquer notre démarche.
En conclusion, la solution du redressement national se trouve en le retour de la confiance en les institutions de la république. Le rassemblement national pur faire face aux tensions géostratégiques , devant tenir compte des différentes sensibilités, l’unanimisme étant source de décadence, doit reposer fondamentalement sur une bonne , la considération du savoir et une profonde moralisation de la société comme nous l’a enseigné le grand sociologue Ibn Khaldoun – lutte contre la corruption dont la numérisation est un moyen,( voir notre proposition déjà en 1983 qui n’ a vu le jour car s’attaquant à de puissants intérêts en tant que directeur général des études économiques et haut magistrat -premier conseiller à la Cour des comptes d’un tableau de la valeur reliés aux réseaux internationaux). L’Algérie a besoin qu’un regard juste soit posé sur sa situation sur ce qui a déjà été accompli et sur ce qu’il s’agit d’accomplir encore au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de réunir tous ses enfants autour d’un même projet, d’une même ambition et d’une même espérance concilier la sécurité nationale , l’efficacité économique et la nécessaire cohésion sociale.
A.M