L’ouvrage, de construction Hafside au 12eme siècle, a été érigé au milieu de jardins éclatants, sur un superbe monticule, ouvert dans un décor à couper le souffle, sur la mer et les montagnes verdoyantes de la sainte Lalla Djoua, sœur de Yemma Gouraya, qui la bordent juste en face.
La mosquée Ibn khaldoun, dans laquelle l’érudit lui-même y a officié en tant qu’imam et jurisconsulte en 1365, a été rouverte en ce début de Ramadhan à Bejaia, après une mise entre parenthèse, qui a perduré depuis la prise de Bejaia en 1853 durant la colonisation française de l’Algérie. L’événement est de taille pour les fidèles qui vont pouvoir accomplir leur prière dans un endroit mythique et chargé d’histoire et qui, à lui seul, rappelle tout le passé flamboyant à la fois cultuel, culturel et scientifique de la ville de Bejaia et de ses environs, notamment au moyen âge, théâtre alors d’une effervescence intellectuelle universelle de premier ordre. Outre Ibn Khaldoun, considéré comme le père de la sociologie et le maitre de la philosophie de l’histoire, et qui de surcroit avait fourni des œuvres majeures en mathématique, le lieu avait abrité et accueilli d’innombrables savants de haut vol. Il s’agit notamment du mathématicien Italien Léonardo Fibonnaci (1170-1250) qui a introduit, après son séjour scolastique à Bejaia, les chiffres arabes d’abord à Pise (Italie) puis dans tout le monde occidental, du sociologue Espagnol, Raymond Lulle, de Sidi-Boumediene, Ahmed Bendriss, El waghlissi, et tant d’autres sommités, qui avaient marqué alors de leurs empreintes cette époque, remarquable par ses percées scientifique et intellectuelle. Et dans ce contexte, la mosquée, située au cœur de la Casbah, y occupait une place prépondérante, en tenant naturellement un rôle spirituel certes, mais qui servait aussi de cercle intellectuel et de lieu de débats entre les savants qui s’y rencontraient dans une atmosphère détendue et d’inspiration. L’ouvrage, de construction Hafside au 12eme siècle, a été érigé au milieu de jardins éclatants, sur un superbe monticule, ouvert dans un décor à couper le souffle, sur la mer et les montagnes verdoyantes de la sainte Lalla Djoua, sœur de Yemma Gouraya, qui la bordent juste en face. A l’évidence, la construction a perdu de sa superbe au fil des guerres, notamment durant la conquête espagnole en 1510, où elle a échappé de justesse à la ruine. Au 17e siècle, durant la période Ottomane, le régent d’Alger Mustapha Pacha a essayé tant bien que mal de la restaurer mais ses efforts n’ont pas abouti, ayant été stoppés par l’intrusion coloniale Française qui a dû la vouer à d’autres misions, si bien que faute d’entretien, la mosquée Ibn Halon a fini quasiment par se délab rer totalement, et ce n’est que dans les années 1990 qu’elle été reprise en main et sauvée du purgatoire. Restaurée dans une apparence moderne, elle a fonctionné en guise d’annexe de la bibliothèque nationale avant qu’elle ne retrouve sa vocation originelle de mosquée à l’occasion de ce mois de Ramadhan, au grand bonheur des puristes et des jaloux de l’histoire.
Said H