Réseau des chemins de fer algérien: Etat des lieux et les perspectives de développement du secteur

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Le réseau des chemins de fer algérien a fait son apparition au milieu du XIX e siècle. Il sert au transport de personnes et de marchandises. L’ambition des pouvoirs publics est de connecter toutes les villes d’Algérie entre elles par le réseau ferroviaire.

En En 2022, ce réseau est de 6 300 km. Après l’indépendance du pays et par Décret no 63-183 du 16 mai 1963, la Société nationale des chemins de fer français en Algérie change de statut et de nom, et devient la Société nationale des chemins de fer algériens (SNCFA)3. Elle disparait le 25 mars 1976 et remplacée notamment par la Société nationale des transports ferroviaires. Le réseau ferroviaire national est placé sous l’autorité de la Société nationale des transports ferroviaires, un établissement étatique à caractère Industriel et Commercial. Son capital social s’élève à 20 701 millions DA. Le trafic ferroviaire voyageurs en Algérie n’est actuellement pas au mieux de sa forme. Il était en 2015 de 1 269 millions de passagers/kilomètres alors qu’il avait atteint 3 192 millions à la fin de l’année 19919.

Le transport ferroviaire, « plus efficace » que les autres modes de transport

Les transports comptent actuellement pour 29% de la consommation d’énergie finale dans le monde, et en particulier pour plus de la moitié de la demande mondiale de pétrole, rappelle l’AIE. Seulement 2% de la consommation énergétique de ce secteur est consacrée au « rail » (métros, tramways, trains « conventionnels » et à grande vitesse(3), fret, etc.) alors que 7% du transport de passagers et 8% du transport de marchandises au niveau mondial s’effectuent à bord de trains.Parmi les atouts des trains, l’AIE souligne qu’ils sont en moyenne « près de 12 fois plus efficaces que les transports routier et aérien au regard de l’énergie finale consommée par passager ». Selon l’Agence, le transport ferroviaire constitue ainsi « un facteur important de réduction de la demande énergétique » alors qu’il est « souvent négligé dans le débat public ». Si tout le transport ferroviaire (passagers et fret) était assuré par d’autres modes de transport, la consommation mondiale de pétrole serait en particulier plus élevée de 16% qu’actuellement (+ 8 millions de barils par jour) selon les estimations de l’AIE.

Lignes ferroviaires exploitées par la SNTF

En 2022, la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) exploite un réseau de 4 200 km de lignes de chemin de fer. L’ensemble du réseau ferré algérien a une longueur de 4 560 km1.

La SNTF et ANESRIF (Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires) répartissent les lignes ferroviaires algériennes en quatre ensembles géographiques2 :

les lignes du Nord ;

les lignes des Hauts Plateaux ;

les lignes pénétrantes Ouest, Centre et Est ;

les lignes minières.

Carte du réseau ferré algérien en 2023.

Viaduc ferroviaire de Beni amrane sur la ligne d’Alger à Skikda. Viaduc ferroviaire d’El Ourit sur la ligne de Tabia à Akid Abbes.

Ligne d’Alger à Oran, 418 km 

Ligne d’Alger à Skikda, 549 km 

Lignes régionales

Ligne d’Akid Abbes à Ghazaouet, 55 km (1936)

Ligne de Beni Mansour à Béjaïa, 88 km (1889)

Ligne d’Es Senia à Béni Saf, 94 km (1885 puis 1985 et 2015)

Ligne de Mohammadia à Mostaganem, 45 km (1879 puis 1908), remise en service en 2015

Ligne de Ramdane Djamel à Annaba, 99 km (1904)

Ligne de Ramdane Djamel à Jijel, 136 km (1990)

Ligne de Tabia à Akid Abbes, 134 km (1916)

Ligne de Thénia à Oued Aïssi, 62 km (1888 puis 2010)

Lignes des Hauts Plateaux

Les lignes des Hauts Plateaux constituent, selon l’ANESRIF et la STNF, la « rocade des Hauts Plateaux ». Cette rocade est constituée d’un ensemble de lignes d’une longueur totale de 1 160 km qui, lorsqu’elle sera achevée, reliera Moulay Slissen, à l’ouest, à Tébessa, à l’est de l’Algérie, en desservant les villes de Saïda, Tiaret, Tissemsilt, M’Sila, Barika, Batna, Aïn M’lila et Oum El Bouaghi 3,4.

Construction de la ligne de Boughezoul à M’Sila en 2016.

Lignes nouvelles ou en construction constituant la rocade des Hauts Plateaux :

Ligne de Aïn M’lila à El Aouinet, 162 km (2009) ;

Ligne de Aïn Touta à M’Sila, 145 km (2009) ;

Ligne de Bordj Bou Arreridj à M’Sila, 55 km (2010) ;

Ligne de Khenchela à Aïn Beida, 50 km, en construction;

Ligne de Moulay Slissen à Saïda, 120 km (2017)6;

Ligne de Relizane à Tiaret, en construction ;

Ligne de Saïda à Tiaret, 153 km (2023) ;

Ligne de Tissemsilt à M’Sila, 290 km (2022);

Ligne de Tissemsilt à Tiaret, 63 km, en construction

À ces lignes, il faut ajouter des portions de lignes plus anciennes :

le tronçon entre Aïn M’lila et Aïn Touta de la ligne d’El Guerrah à Touggourt (1882) ;

le tronçon entre El Aouinet et Tébessa de la ligne d’Annaba à Djebel Onk (1888).

Lignes pénétrantes

Pénétrantes Ouest

Ligne de Oued Tlelat à Béchar, 648 km 

Ligne de Mécheria à El Bayadh, en construction

Pénétrantes Centre

Ligne de Boughezoul à Laghouat, en construction, mise en service prévue pour la fin du 1er semestre 2023

Ligne de Ksar El Boukhari à Boughezoul, en construction

Pénétrantes Est

Un tunnel de la ligne d’El Guerrah à Touggourt, dans les gorges d’El Kantara.

Ligne d’El Guerrah à Touggourt, 417 km (1914)

Ligne de Touggourt à Hassi Messaoud, 150 km, en construction

Lignes minières

Ligne d’Annaba à Djebel Onk, 340 km 

Ligne de Souk Ahras à la frontière tunisienne, 53 km 

Ligne de Oued Keberit à Ouenza, 28 km 

Ligne de Chenia à Boukhadra, 18 km 

Ligne de Tébessa à Kouif, 25 km 

Lignes des Chemins de fer sur routes d’Algérie, dont :

Alger – Maison-Carrée (120 km) ;

Maison-Carrée – Rovigo (24,5 km) ;

Maison-Carrée – Aïn Taya (20 km) ;

Alger – Koléa (46,300 km) ;

Mazafran – Castiglione (11,170 km) ;

Dellys – Boghni (67,0 km) ;

Bouira – Aumale (42,7 km) ;

Réseau Constantinois

Divivier – Guelma – El Khroub (148 km).

Ouled Rahmoune – Aïn Beïda – Tébessa (195,2 km).

Oulmène – Khenchela (44,1 km).

Annaba  – El Kala (87,8 km).

Saint-Paul – Randon (11,5 km).

Constantine – Oued Athmania (46 km).

Réseau Oranais

Oran – Colomb-Béchar, via Saïda (748,400 km) :

Oran – Damesme (42,400 km) ;

Damesme – La Macta (16,500 km) ;

La Macta – Perrégaux (29,800 km) ;

Perrégaux – Saïda (120,100 km) ;

Saïda – Mécheria (181,000 km) ;

Mecheria – Aïn Sefra (102,300 km) ;

Aïn Sefra – Colomb-Béchar (256,300 km).

Arzew – Damesme (4,100 km).

LaMacta-Trumelet, via Mostaganem, Zemmora et Tiaret (239,400 km) :

La Macta – Mostaganem (29,600 km) ;

Mostaganem – Relizane (75,700 km) ;

Relizane – Prévost-Paradol, via Zemmora (82,500 km) ;

Prévost-Paradol – Tiaret (34,400 km) ;

Tiaret – Trumelet (17,200 km)

Trumelet – Hardy (54,500 km).

Sidi Bel Abbès-Prévost-Paradol, via Mascara (204,300 km) :

Sidi-Bel Abbès – Tizi (81,600 km) ;

Tizi – Mascara (11,900 km) ;

Mascara – Uzes-le-Duc (65,500 km) ;

Uzès-le-Duc – Prévost-Paradol (45,300 km).

Relizane – [Uzes-le-Duc (45,000 km).

Saint-Barbe-du-Tlélat – Oujda (frontière marocaine), via Tlemcen (222,110 km) :

Ste-Barbe-du-Tlélat – Sidi Bel-Abès (51,680 km) ;

Sidi Bel-Abès – Tabia (23,210 km) ;

Tabia – Tlemcen (63,780 km) ;

Tlemcen – Zoudj Beghal (68,740 km) ;

Tabia – Crampel (76,700 km).

Tlemcen – Béni Saf (66,900 km).

Oran – Hammam Bou Hadjar (72 km).

Crampel – Marhoum – Modzbah.

Réseau saharien

Oumache – Tolga (35,4 km).Still – El Oued (145 km).

Béchar – Kenadsa (22 km).Béchar – Abadla (91 km).

Le tronçon traverse quatre wilayas, via cinq gares situées dans les villes de Chahbounia (Médéa), Hassi Fedoul et Sidi Ladjel (Djelfa), Bougara (Tiaret) et Tissemsilt (la gare principale).

Les perspectives du développement du réseau: La ligne ferroviaire Tissemsilt-Boughezoul-M’sila, un levier de développement socio-économique pour la région

A titre d’exemple, le tronçon reliant M’sila et Boughezoul (151 km) comprend la réalisation de quatre gares à Boughezoul (Médéa), qui accueille la gare principale, Bouti Sayah, Ain El-Hadjel (M’sila) et la ville de M’sila, ainsi que la réalisation de deux centres de maintenance de locomotives à Boughezoul et Médéa, selon l’Anesrif. Au niveau de la ligne qui traverse les régions steppiques pastorales, 38 passages supérieurs ont été réalisés, en plus de passages inférieurs pour le transport du bétail, a-t-on indiqué de même source, précisant que les voyageurs se déplaceront de Boughezoul à M’sila en une période ne dépassant pas 1 heure et 15 minutes. La gare principale de Tissemsilt, réalisée selon une conception moderne, dispose de toutes les installations nécessaires pour le confort des voyageurs, y compris des espaces commerciaux et des installations de services, ainsi que des équipements pour les personnes aux besoins spécifiques, des escalators électriques, en plus de parkings et d’espaces verts. Elle comprend également un atelier de maintenance des trains. Cette ligne, où la vitesse des trains peut atteindre 160 km/h, contribuera à rompre l’isolement de la wilaya de Tissemsilt, à permettre une revitalisation commerciale et économique, à créer un climat propice aux investissements dans la région et à créer des emplois directs et indirects. Le Premier ministre, M. Aïmene Benabderrahmane, après avoir présidé une réunion du Gouvernement consacrée au programme complémentaire de développement de la wilaya de Tissemsilt, le 30 novembre dernier, avait annoncé la mise en service, la fin de l’année en cours, de la voie ferrée reliant Tissemsilt-Boughezoul-M’sila.

Les LGV

L’un des principaux projets est la ligne à grande vitesse devant relier la ville d’Oran à la frontière algéro-marocaine, en passant par Sidi-Bel-Abbès, Tlemcen et Maghnia, sur près de 200 km, avec une vitesse d’exploitation de 220 km/h (zone montagneuse). Ce projet deviendrait logiquement à l’avenir l’un des maillons de la ligne de chemin de fer trans-Maghreb. Le projet qui devait être livré en 2019, puis en 2021, avance très lentement avec un coût qui dépasse les 2 milliards d’euros. Le second projet d’envergure, et à l’état d’étude, est la ligne LGV reliant Annaba à Tabarka (nord de la Tunisie), qui serait quant à elle le dernier tronçon de la voie trans-Maghreb.

Par Ahsene Saaid