Plus de 130 personnes mortes par noyade: La Protection civile face à un grand dilemme

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En dépit des efforts colossaux déployés par les pouvoirs publics pour assurer une saison estivale sans incidents graves, les risques liés à cette saison ne cessent de prendre des tendances alarmantes, notamment ceux relatifs aux noyades tant sur les plages surveillées que les espaces non surveillés et les retenues d’eau.

Les raisons sont multiples. On avance d’une part les retombées de la canicule sur le recours intense aux plages, le non-respect des consignes et des heures de surveillance ainsi que la multiplication des excursions organisées au niveau des endroits interdits à la baignade d’autre part. Chiffre alarmant, la Protection civile a annoncé la mort de plus de 130 personnes par noyade, presque la moitié du bilan de la saison estivale passée où 275 cas de décès ont été enregistrés.

Considéré comme un point noir qui met en danger non seulement les «baigneurs aventuriers», mais aussi la santé publique, des responsables de la Protection civile ont souligné que la baignade dans les mares d’eau comporte plusieurs risques sanitaires, outre le risque de mort. En cause, la pollution des eaux, les risques des maladies à transmission hydrique dont des épidémies et des infections qui caractérisent les étendues d’eau. Pour en limiter l’ampleur, les autorités publiques ont intensifié les mesures de sensibilisation et les campagnes de proximité pour alerter les citoyens sur les dangers de la baignade dans ces espaces aux risques multiples.

Dans une optique de prévention et de limitation des risques de mort dans les retenues d’eau, particulièrement dans les wilayas à risque, des directions de la Protection civile organisent en permanence des sorties sur le terrain en vue de sensibiliser les personnes aux risques liés à baignade dans les retenues d’eau. On recense aujourd’hui, selon un bilan de la Protection civile, près de 50 décès dans ces endroits, un chiffre qui fait inquiéter à plus d’un titre. Les services de la Protection civile ont mis l’accent sur la contribution d’autres acteurs pour minimiser les dangers de noyade dans ces endroits, notamment les familles. Et d’enchaîner aussi sur la participation des agriculteurs quant à sécuriser les points d’eau qui sont implantés à proximité de leurs exploitations agricoles.

La forte mobilité humaine post-Covid-19 et l’augmentation continue des températures constituent des facteurs d’amplification des risques de la saison estivale, ont mis en garde des responsables de la Protection civile. Pour le président de l’Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce), «la saison estivale est un moment important pour l’activité associative» au regard des risques massifs qui existent en cette période. Dans une déclaration à Horizons, Mustapha Zebdi a fait savoir que les associations ont un rôle à jouer, notamment dans les zones à risque. Il dit que l’Apoce organise souvent des actions de sensibilisation en vue de réduire la fréquence de certains risques tels que les intoxications alimentaires.

Interrogé sur le bilan inquiétant des morts dans les retenues d’eau (plus de 47), il estime d’abord nécessaire d’impliquer davantage les acteurs concernés -les wilayas à risque- en vue de maîtriser ce phénomène et de faire participer aussi les radios locales, a-t-il souligné, tout en insistant sur la surveillance continue des mares d’eau par les autorités locales et la mise en place d’une signalisation adéquate. A moyen terme, il plaide pour la sensibilisation au niveau des écoles primaires dont les élèves constituent un véritable public cible. Et d’appeler aussi à réaliser plus de «projets et d’investissements dans les services de loisirs au niveau des collectivités à risque», a-t-il soutenu.

«Les associations doivent organiser de fortes actions de sensibilisation aux risques liés à la saison estivale», dit  Abdelmalik Benlaouar, membre de l’Observatoire national de la société civile. Lesquelles, rappelle-t-il, doivent être axées sur le respect des consignes des services de sécurité, notamment l’interdiction de se baigner dans les plages non surveillées et les étangs d’eau. En outre, le même responsable a recommandé l’organisation de quelques formations sur la culture de la baignade et l’adaptation aux risques de la saison estivale ainsi que l’élaboration de guides au profit des estivants pour réduire autant que possible les pertes humaines. Benlaouar a appelé à la contribution des différents médias et à la présence des associations sur le terrain en investissant davantage les plages et les endroits de campement pour participer aux efforts de prévention des dangers de la saison estivale.