23 é Salon international du livre d’Alger (Sila) – L’édition algérienne obnubilée par le roman 

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La majorité des éditeurs tablent sur le roman qui  représente un chiffre important dans les publications algériennes, lors de  leur participation au Salon international du livre d’Alger (Sila), pour  réaliser des ventes importantes.

L’intérêt pour le roman s’explique par l’engouement qu’il suscite sur les  réseaux sociaux et dans la presse culturelle, outre le pullulement des prix  destinés au récit. Les étagères des librairies algériennes devront, au cours des prochaines  semaines, accueillir plus de 200 romans, produits de maisons d’édition  algériennes, selon les pronostics du Sila, dénotant du taux important du  lectorat et de l’existence d’un véritable marché du roman en Algérie. Le romancier Bachir Mefti de la maison d’édition « Manchourat El Ikhtilaf »  a affirmé, à cet égard, que « ses éditions ne se focalisent pas sur le  roman, qui est moins présent que les ouvrages d’études et de philosophie »,  reconnaissant cependant que « l’affluence sur le roman lors du Sila est plus  significative que sur les autres ouvrages ». Il a, à ce propos, relevé qu’au cours des dernières d’années, les ouvrages  d’études et de critique étaient plus prisés. « Le foisonnement auquel nous assistons aujourd’hui ne signifie nullement  la qualité « , a-t-il estimé, déplorant, dans ce contexte, « l’existence de  parasites parmi ceux qui écrivent et éditent juste pour tenter leurs  chances ». « Seule une petite minorité vient à l’écriture par passion et sérieux »,  a-t-il rappelé. En dépit d’une « anarchie généralisée », il sera procédé à  « une grande opération de tri et de filtrage », car même si « le lecteur se  perd dans des dizaines de textes sans valeur, il finit toujours par trouver  son chemin dans la jungle des écrits », a-t-il soutenu. Pour le directeur d’édition d' »El-Djazair Takra’a », Abderrazak Boukebba,  « la prédominance du roman sur nos publications n’est qu’un début et non une  perspective », révélant, à ce propos, que ses éditions s’emploient à former  prochainement un collectif de maisons d’édition pour s’ouvrir sur les  autres domaines d’édition. Nassima Belguendouz, directrice de la maison d’édition « Bohima » a estimé,  pour sa part, que « le roman revêt une magie particulière, car il est la  fiction de la vérité et la vérité de la fiction en même temps », ajoutant  que le roman « suscite l’engouement du lecteur, ce qui incite l’éditeur à  présenter ce qui est à même de servir et de satisfaire la demande et de  raffiner le goût ». Elle a nié, toutefois, le fait que le roman prédomine sur les publications  de sa maison d’édition, car même si « son chiffre est le plus élevé, son  taux ne dépasse pas les 30% ». Décrivant le récit algérien, Mme Belguendouz a dit que « la scène  algérienne du récit comporte aussi bien des points négatifs que positifs »  dus, selon elle, « aux goûts qui différent » et à « l’approche faite du roman  et de l’écriture, autant par le lecteur que par l’écrivain ». Mme Belguendouz ne nie pas, cependant, l’existence d’écrits de haute  qualité et de différents choix chez les écrivains actuels ».

Les prix littéraires, véritable motivation pour les éditeurs et les  auteurs

 De nos jours, l’Algérie compte à son actif bon nombre de prix littéraires,  à l’instar des prix Tahar Ouettar et Assia Djebbar (Alger), prix El-Djazaïr  Takra’a et prix Mohammed Dib (Tlemcen), prix Abdelhamid Benhadouga (Bordj  Bou Arreridj) et ceux dédiés au roman. Il s’agit d’une motivation  supplémentaire pour les auteurs et un leitmotiv pour relancer un lectorat  orienté vers la narration. L’auteur critique Bachir Dhifallah estime que cela ne peut qu’être  profitable au lectorat et aux écrivains pour se faire un nom, d’autant que  le roman est au centre de plusieurs manifestations régulières », indiquant  que les prix ½ont éveillé un certain goût littéraire chez les lecteurs,  grâce aux titres primés». Le romancier Mohamed Djafar croit, quant à lui, que ½la situation a  radicalement changé», affirmant que ½les prix littéraires se sont  substitués à l’idéologie. C’est dire qu’il existe, de nos jours, des  écrivains à prix et non des romanciers ». Pour M. Djafar, tout écrivain  qui s’engage, corps et âme, dans l’écriture romanesque, n’avance qu’en  récitant la formule magique lui permettant de décrocher le titre suprême de  lauréat». « Nous nous retrouvons ainsi devant un roman unique répétitif et  ennuyeux », a-t-il soutenu. Le directeur des Editions El-Djazaïr Takra’a, le poète et écrivain  Abderrazak Boukebba voit, pour sa part, que ½leur principal projet visait à  forger un lectorat digne de ce nom», reconnaissant, toutefois, que les  prix ont joué un grand rôle pour hisser la côte du roman au plus haut  niveau, d’autant que leur maison d’édition avait institué le prix  El-Djazaïr Takra’a, dédié aux écrivains, jeunes et moins jeunes. M. Boukebba a rappelé, à ce titre, qu’il avait reçu 300 manuscrits en lice  pour le prix de la première édition de ce concours. Exprimant son avis sur l’écriture uniquement pour l’obtention d’un prix,  l’éditeur a soutenu que les prix ont certes ½encouragé certains auteurs à  se lancer dans l’écriture de nouveaux ouvrages et amené d’autres à terminer  leurs écrits à l’arrêt, ce qui s’inscrit en droite ligne avec la principale  finalité de ses éditions». Toutefois, a-t-il ajouté, ½nous ne nous  focalisons pas sur le gain pécuniaire, autant que nous aspirons à garantir  les droits d’auteurs». Dans une déclaration à l’APS, l’écrivain Bachir Mefti a fait savoir, pour  sa part, que  les grands prix du roman arabe, et principalement Booker»,  constituent un véritable catalyseur pour le marché romancier ».

Benadel M / Ag