L’ancien directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST), Yves Bonnet, a affirmé, ce lundi, que certaines hypothèses émises dans l’affaire des moines de Tibhirine (Médéa), assassinés en 1996 par le groupe islamique armé (GIA), «sont fantaisistes», déplorant l’existence en France d’un lobby anti-algérien. «Ce que je regrette, dans cette affaire, chez nos compatriotes c’est qu’il y a une certaine faction de l’opinion française qui se délecte en permanence des malheurs de l’Algérie. Il y a lobby anti-algérien, il faut le dire qu’il n’est pas très puissant, mais il existe quand même», a-t-il dit sur TV5 Monde au cours d’une interview autour de son dernier ouvrage, nouvellement paru, «La deuxième guerre d’Algérie : Les zones d’ombre de la tragé- die des moines de Tibhirine, enfin levées (280 pages, éditions VAPress)». Pour cet ancien responsable des services de renseignement français, ces gens se réjouissent des malheurs de l’Algérie et qui ont tendance à prêter aux Algériens des comportements et des pensées qu’ils n’ont absolument pas, désapprouvant le rôle des médias français dans cette affaire. «Les médias, particulièrement français, ont joué dans cette affaire un rôle que je n’approuve pas. Je ne partage pas en particulier un certain nombre d’hypothèses qui ont été émises et qui sont d’ailleurs fantaisistes et qui visent uniquement à faire de cette tragédie une sorte de machination algérienne», a-t-il souligné. «Pour moi, il y a deux choses qui me frappent dans l’affaire des moines de Tibhérine : d’abord la coopération entre les services français et algériens a toujours été bonne, au-dessus des débats en dépit des instructions délivrées par le pouvoir politique, en particulier par Alain Juppé (Premier ministre) qui avait clairement interdit aux services français de travailler avec les services algériens, a-t-il témoigné, précisant qu’heureusement qu’ils ne l’ont pas entendu». Le deuxième fait qu’a relevé Yves Bonnet et qui est, selon lui, très important c’est qu’au plus haut niveau de l’Etat algérien, a-t-il dit, les relations entre l’église catholique d’Algérie, le gouvernement algérien et l’Etat algérien n’ont jamais été affectées. «Il faut souligner l’attitude exemplaire de l’église catholique d’Algérie qui a su rester au-dessus du débat. Elle a voulu être algérienne et elle a parfaitement réussi», a-t-il ajouté. Au sujet du partenariat entre les services de renseignement des deux pays, l’ancien directeur de la DST a indiqué qu’il est toujours aussi pertinent. «Avec nos partenaires algériens, il y a des liens, de la confiance, parfois ce sont des liens personnels. Ils sont très forts. Il faut les maintenir et les développer. L’Algérie est notre premier partenaire dans la lutte antiterroriste», a-t-il expliqué. Par ailleurs, il a interpellé l’actuel ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, de faire un geste intelligent pour rendre à l’Algérie le fameux canon Baba Merzoug, surnommé par les Français La Consulaire, qui se trouve actuellement à Brest. Long de 7 mètres, pesant 12 tonnes, d’une portée de près de 5000 mètres, Baba Merzoug avait été fabriqué à Alger au 16e siècle pour la fortification de la ville d’Alger. «J’ai saisi JeanYves Le Drian, en sa qualité de ministre de la Défense, à plusieurs reprises sur des dossiers pas très importants, mais intrigants pour les Algériens. Il s’agit par exemple du canon algérien Baba Merzoug qui, aujourd’hui, se trouve sous le nom de la Consulaire à Brest érigé en colonne idiote et inutile», a-t-indiqué, ajoutons qu’il y a un geste «intelligent» que la France peut faire c’est rendre ce canon à l’Algérie. «Je milite pour sa restitution à l’Algérie, cela fait des années», a-t-il affirmé appelant le ministre des Affaires étrangères, à faire un bon cadeau en le rendant à l’Algérie.