Les intervenants aux travaux du colloque académique «Yennayer, symbole d’une identité retrouvée et monument historique à valoriser», organisé à Tipasa à l’occasion de la célébration du Nouvel An amazigh -Yennayer 2970 -, ont affirmé, samedi, que Yennayer se voulait une fête populaire ancrée dans l’histoire de l’Algérie, puisant sa philosophie de l’amour de la terre nourricière et de sa préservation.
Yennayer, célébré de tout temps à travers le territoire national pour marquer le début d’une nouvelle année agraire, ne varie pratiquement pas dans son essence et sa philosophie, à l’exception de certains détails superflus qui n’ont aucune incidence sur le véritable sens de cette fête qui constitue un trait d’union solide entre toutes les régions du pays, ont fait savoir les participants à ce colloque organisé par le Haut commissariat à l’amazighité (HCA), en collaboration avec les services de la wilaya de Tipasa. La philosophe et anthropologue Louisa Gueliz a souligné, dans ce sens, que «la célébration du Nouvel An amazigh est une réalité et une tradition aux dimensions culturelle, sociale et philosophique, transmise de génération en génération, depuis des lustres, renforçant ainsi le sentiment d’appartenance à la patrie». L’amour de la terre, de la patrie et de l’être humain et bien d’autres nobles valeurs caractérisent Yennayer comme «un pacte de paix signé entre la terre nourricière et l’Homme» où la grand-mère joue un rôle primordial dans toutes les régions du pays. Pour sa part, le Pr Mohamed El Hadi Harech, président du comité scientifique du colloque et spécialiste de l’antiquité a précisé que «le calendrier amazigh est plus ancien que les calendriers romain et égyptien, contrairement à certaines études qui affirment que le calendrier amazigh découle du calendrier romain». Il a appelé également à la nécessité d’étudier l’histoire avec objectivité, soulignant que «la plupart des historiens occidentaux, notamment de l’école française ont écrit une histoire qui préserve les intérêts de la France coloniale». Il faut s‘enorgueillir de l’histoire et de la civilisation amazighes à même d’assurer l’unité de la nation à l’instar de Yennayer, célébré de tout temps dans les quatre coins du pays, a-t-il estimé, ajoutant qu’il était une occasion pour rapprocher les vues et mettre fin aux différends qui détruisent les pays. La consécration de Yennayer fête nationale et officielle et la reconnaissance de tamazight en tant que langue officielle sont le fruit d’un long processus de lutte civilisée et pacifique et des efforts consentis par l’Etat pour consolider les constantes de la Nation, à savoir : l’Islam, l’Arabité et l’Amazighité, a déclaré le SG du HCA. Il a appelé en outre à œuvrer à la promotion de la langue amazighe dans le cadre de débats fructueux, loin de toute démagogie, affirmant que le HCA œuvre à la promotion de toutes les variantes de la langue amazighe. Pour sa part, la ministre de la Culture, Malika Bendouda, a qualifié de «grave» le traitement de la question identitaire par des personnes non qualifiées qui n’appartiennent pas aux domaines académique et scientifique, notamment en pleines mutations que connaît l’Algérie. «Les identités doivent être conciliantes, qu’il s’agit d’amazighité ou d’arabité, car il est inimaginable de concevoir l’amazighité hors du cadre algérien qui rassemble toutes les identités depuis des siècles ayant en partage la communauté du destin et une même vision d’avenir», a-t-elle estimé. Ce colloque a été également marqué par l’organisation de trois séances-débats sur plusieurs thèmes liés à l’histoire, aux calendriers des anciens peuples, au calendrier amazigh, aux patrimoines matériel et immatériel, à la cohabitation, à l’identité, aux manuscrits, aux traditions et us, à l’histoire des amazighs dans les régions des Aurès et de Tipasa et autres.
Arab Aksas