Les études scientifiques convergent vers l’idée selon laquelle jouer les oiseaux de nuit n’est pas le meilleur des choix de vie. S’il est absolument interdit de nourrir les Gremlins après minuit, il semblerait que les humains n’aient même pas besoin de nourriture pour que cet horaire tardif les transforme, eux aussi, en monstres.
Comme le relate Discover Magazine, des chercheurs ont développé une hypothèse qui associe le fait de veiller jusqu’au petit matin à une série de changements neurophysiologiques qui influencent notre comportement, nous rendant plus impulsifs, plus cyniques et plus enclins à faire de très mauvais choix. Connue en anglais sous le nom de «Mind After Midnight», cette théorie est présentée en détail dans la revue Frontiers in Network Psychology. Elle repose sur l’idée que notre cerveau est influencé par l’horloge circadienne, qui peut modifier notre façon de penser et d’agir sur une période de vingt-quatre heures. Il en résulte notamment que nous pourrions être plus joyeux le matin, lorsque nous sommes censés être éveillés, et plus déprimés le soir, lorsque notre corps se prépare au sommeil. Selon Elizabeth B. Klerman, professeure de neurologie à la Harvard Medical School et principale autrice de l’étude, les biais négatifs liés aux heures tardives pourraient entraîner la prise de mauvaises décisions. Ce phénomène pourrait être exacerbé par une poussée de dopamine qui impacte le système de récompense et de motivation, augmentant ainsi le risque de comportements à risque. D’autres recherches viennent appuyer le fait qu’un coucher tardif influe nettement sur notre humeur générale et notre bien-être. Une étude publiée dans la revue Psychiatry Research a aussi montré que notre humeur était plus maussade la nuit, ce qui pourrait contribuer à expliquer le lien entre dépression et insomnie. Une autre étude publiée en 2024 dans cette même revue, et relayée par Science Direct, a montré que les personnes qui se couchent tôt présentent une meilleure santé mentale. Les chercheurs sont arrivés à cette conclusion après avoir comparé les habitudes de sommeil et les taux de dépression et d’anxiété de plus de 70.000 adultes d’âge moyen et avancé. Tous les individus ne sont pas égaux devant ce phénomène. Les plus touchés ne sont pas forcément ceux que l’on croit: étonnamment, les lève-tôt qui se couchent exceptionnellement tard sont plutôt épargnés par la dégradation de la santé mentale et la prise de mauvaises décisions. «Les personnes matinales qui se couchent tard sont tout à fait conscientes du fait que leur cerveau ne fonctionne pas correctement et peuvent donc remettre à plus tard la prise de mauvaises décisions», déclare Jamie Zeitzer, l’auteur principal de l’étude. Dans le même temps, les couche-tard ont tendance à ne pas réaliser que leur humeur est en train de couler à pic ou que les choix qu’ils s’apprêtent à faire sont loin d’être les plus judicieux. Les personnes qui se targuent d’être des oiseaux de nuit et de n’en subir aucune conséquence feraient donc bien de reconsidérer leurs décisions récentes et de se demander si reprendre un rythme plus ordinaire ne pourrait pas leur être profitable.
