L’ambition d’Oran est de figurer au rang des grandes métropoles qui comptent à travers la Méditerranée, une ville attractive et créative et le succès des jeux méditerranéens avec de nouvelles infrastructures aux normes internationales , et qui doivent être entretenues, qui se sont déroulés dans cette ville en juillet 2022, où au total 26 pays y ont participé : l’Albanie, l’Algérie, Andorre, la Bosnie-Herzégovine, Chypre, la Croatie, l’Égypte, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, le Kosovo, le Liban, la Libye, la Macédoine du Nord, Malte, le Maroc, Monaco, le Monténégro, le Portugal, Saint-Marin, la Serbie, la Slovénie, la Syrie, la Tunisie et la Turquie en est la démonstration. Depuis l’indépendance politique à ce jour c’est la wilaya la plus cosmopolitique d’Algérie où vivent et travaillent les populations venues de toutes les régions du pays du Sud Est, du grand Sud, du Sud Ouest, de l’Est, du Centre (grande et petite Kabylie) ainsi que des populations de toutes les wilayas limitrophes ,qui vivent en parfaite harmonie reflétant l’unité nationale à laquelle est attachée la population algérienne
1.- Oran, une longue histoire méditerranéenne
Oran (en arabe Wahrāan), surnommée “la radieuse” (en arabe El-Bahia), est une ville portuaire de la Méditerranée, au nord-ouest de l’Algérie, et le chef-lieu de la wilaya du même nom, en bordure du golfe d’Oran, se trouvant à 432 km à l’ouest de la capitale Alger. Bon nombre d’historiens rappellent que le nom “Wahran” (Oran) vient du mot arabe “wahr” (lion) et de son duel (deux) Wahran (deux lions). La légende dit qu’à l’époque (vers l’an 900), il y avait encore des lions sur la montagne près d’Oran et qui, d’ailleurs, s’appelle “la Montagne des lions”. Il existe devant la mairie d’Oran deux grandes statues symbolisant les deux lions en question. Oran aurait été créée en 902 par les marins andalous et a connu différentes occupations. D’où les conflits entre Omeyyades d’Espagne et Fatimides de Kairouan. En 1016, la ville devient Omeyyade, et en 1081, c’est l’avènement de l’empire almoravide. Avec le début du XIIIe siècle, c’est la constitution des royaumes de l’Est et de Tlemcen sur le corps de l’empire almohade, tandis qu’au Maroc, les Mérinides commencent à prendre du terrain sur l’autorité de l’empire. Le royaume zyanide de Tlemcen, dont font partie Oran et sa province, est alors pris en étau entre les Hafcides de l’Est et les Mérinides de l’Ouest. Les Mérinides vont, à un certain moment, jusqu’à proposer la paix avec Tlemcen à condition de continuer de garder Oran. Durant toute cette période aussi, la ville d’Oran sera, tour à tour et plusieurs fois de suite, zeyanide, Mérinide, hafcide. Le premier siège Mérinide d’Oran a lieu en 1296, et la dernière tentative des rois de l’Ouest de reprendre Oran a lieu en 1368 sous le roi zeyanide, Abou Hammou Moussa I. S’ensuit alors une longue période tragique marquée par des luttes intestines au sein du royaume de Tlemcen pour la succession au trône jusqu’en 1425, période du sultan hafcide Abou Farès, qui reprend tout le Maghreb central… C’est sans doute à la faveur de ces dissensions et de ces déchirements continus, qui affaiblissent le royaume, que se fait la prise d’Oran par les Espagnols en 1509 après l’occupation de Mers el-Kébir. La première libération d’Oran s’est faite en 1705 par le bey Bouchelagham qui en fit le siège du beylick. Mais cette libération est de courte durée — puisque les Espagnols reprennent la ville — et prend fin le 8 octobre 1792. La ville est assiégée par Mohamed ben Othman, dit Mohamed El-Kébir, mais au cours de la première nuit du siège, un tremblement de terre détruit Oran. Le bey propose un traité au roi Charles IV, et dès 1792, les Espagnols quittent définitivement Oran. En 1831, la ville, comme le reste du pays, devient colonie française. La ville a été préfecture du département d’Oran qui occupait tout l’Ouest. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 3 Juillet 1940, la flotte française du gouvernement de Vichy, basée à Mers el-Kébir, fut bombardée par la flotte anglaise venant de Gibraltar. Le 8 novembre 1942, c’est au tour des Anglais et des Américains de débarquer, prélude au débarquement en Italie. Durant la guerre de Libération nationale, Oran, à l’Instar de toutes les wilayas du pays, a payé un lourd tribut pour que l’Algérie retrouve sa souveraineté.
2.- Oran, une wilaya à fortes potentialités
La wilaya d’Oran compte 9 daïras : Oran ; Aïn el-Turk ; Arzew ; Bethioua ; Es-Senia ; Bir El-Djir ; Boutlélis ; Oued Tlélat et Gdyel étant bordée à l’Est par la wilaya de Mostaganem, au Sud-Est par celle de Mascara, au Sud-Ouest par celle de Sidi Bel-Abbès et à l’Ouest par celle d’Aïn Témouchent. La wilaya a un climat méditerranéen, son relief étant marqué notamment par une façade maritime composée de côtes rocheuses s’étalant des monts d’Arzew jusqu’à Mers el-Kebir à l’Ouest et du Cap Lindles jusqu’à Cap Sigal, limite administrative de la wilaya avec des plages sableuses de la basse plaine de Bousfer, les Andalouses et la baie d’Arzew. Le plateau d’Oran-Gdyel s’étend sur une vaste superficie, des piémonts du Murdjadjo jusqu’au Sahel d’Arzew, et la partie orientale de la plaine de la M’leta entre les piémonts Sud de Tessala, les coteaux de la forêt de Moulay Ismaïl et la bordure immédiate de la grande Sebkha constituée par une dépression située à 80 m d’altitude d’une étendue dépassant les 30 000 ha (près du 6e de la surface de la wilaya). La wilaya recèle une superficie agricole utile de 90 271 ha, la superficie forestière s’étendant sur 41 260 ha et ses potentialités économiques sont l’agriculture, l’industrie, la pêche, les nouvelles technologies et le tourisme avec des plages merveilleuses entourées de montagnes allant de Ain Turk aux Andalouses. Des campus comme l’USTO Mohamed-Boudiaf d’Oran, le pôle de Belgaïd ou encore l’université Abou-Bakr-Belkaïd peuvent servir de segment dynamisant pour la wilaya pour peu que la qualité l’emporte sur la quantité. C’est que la wilaya d’Oran aspire à se hisser au rang des grandes métropoles ; elle en a les potentialités. Elle est dotée d’infrastructures de base non négligeables (routes, ports, aéroport), abrite les plus grands complexes pétroliers et gaziers du pays. Les extensions du port d’Arzew, pôle pétrochimique, et de l’aéroport Ahmed-Ben-Bella, où de grands projets sont en cours selon les différents plans directeurs d’aménagement urbain (PDAU), devraient permettre une meilleure fluidité de la circulation des personnes et des marchandises. La protection de la grande sebkha d’Oran – une zone humide classée “site mondial” par la convention Ramsar – a bénéficié d’opérations d’aménagement s’étalant sur plusieurs années, dans le cadre d’une vision globale notamment des stations de traitement des eaux usées en contrebas d’El-Kerma. Les eaux traitées devraient être déversées dans ce lac salé, faisant partie du bassin versant de la grande Sebkha qui s’étend sur une superficie de 2 275 m2 comprenant les wilayas d’Oran, de Sidi Bel-Abbès et d’Aïn Témouchent. À l’instar d’autres wilayas, Oran enregistre une forte demande de logements, accentuée par la présence d’habitats précaires et de bidonvilles qui viennent se greffer aux centres urbains, à l’image des Planteurs, de Ras el-Aïn, d’El-Hassi, de Chtaïbo, de Sidi el-Bachir. Pourtant, selon les données de la wilaya, un vaste programme de logements a été réalisé ou est en cours de livraison (LPL, social).
3 -Oran , une métropole d’avenir
L’ambition d’Oran est de figurer au rang des grandes métropoles qui comptent à travers la Méditerranée, une ville attractive et créative. Le rôle d’Oran dans l’économie algérienne et dans la région Ouest est crucial, avec les nouvelles mutations mondiales où la concurrence internationale est vivace. La wilaya peut connaître de grandes perspectives en matière d’investissement afin d’impulser le développement local avec la création de nouvelles zones industrielles, la réhabilitation des zones d’activités existantes et la création d’autres, de petite envergure, au niveau des communes. Aussi, avec ses infrastructures portuaires, aéroportuaires, ferroviaires et routières, Oran peut attirer de nombreux investissements, sous réserve d’une nouvelle gouvernance. Son attractivité peut lui faire jouer le rôle de pôle d’excellence et de compétitivité sur lequel s’appuient les villes-relais du Tell telles que Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Mascara et Relizane. Ce n’est pas propre à Oran et dans l’espace Algérie d’autres métropoles sont en voie de constitution renvoyant à une politique globale d’aménagement du territoire fondée sur une réelle décentralisation autour de six à sept grands pôles régionaux économiques (Est, Centre, Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest…). Après des collectivités locales providences du tout-État, l’heure est au partenariat entre les acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale. L’image de la commune-manager repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes, en évitant le gaspillage, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue par des perspectives de long terme d’une part, et les arbitrages cohérents, d’autre part, qu’implique la rigueur de l’acte de gestion. L’ objectif stratégique à l’horizon 2025/2030 est d’avoir une autre vision de l’aménagement de l’espace afin de rapprocher l’État du citoyen pour sa participation à la gestion de la cité, ce qui suppose une profonde réforme de l’État et une démocratisation de la société tenant compte de son anthropologie culturelle. En tant que responsable de la politique économique et animateur-régulateur, l’État aura vraisemblablement à se dessaisir des charges d’administration en rapport avec la gestion des territoires des communes, pour permettre à ces dernières d’assumer pleinement leurs missions de managers de leurs espaces respectifs. Les transferts de compétences de l’État vers les collectivités territoriales doivent être accompagnés d’un abandon effectif de la mission correspondante par les services de l’État et du redéploiement de l’intégralité des agents de l’État concernés pour éviter les doublons entre les actions de l’État et des collectivités territoriales. L’on pourrait imaginer de grands pôles régionaux. C’est pourquoi la fonction de wali – dont le rôle essentiel est l’animation et la coordination des communes – ne doit plus répondre aux critères actuels où l’administratif prime, mais à des hommes managers d’un niveau intellectuel élevé et d’une haute moralité. Les expériences nous enseignent que les technopoles sont de véritables moteurs de croissance pour les pays, si tant est que les décideurs réalisent le bon choix de modèle en fonction du contexte du pays, la réussite impliquant plusieurs actions coordonnées. – Premièrement, impliquer les acteurs-clés. Pour créer les conditions qui permettront à la fois d’attirer les investissements, de créer de l’emploi et de stimuler les innovations, la métropole doit être assise sur les technopoles. Elle doit être soutenue à la fois par les acteurs publics, notamment dans le domaine des incitations fiscales, des subventions temporaires, du foncier avec toutes les utilités et commodités (État, banques publiques, universités…) et privés (entreprises, banques privées, chambre de commerce, syndicats patronaux..). – Deuxièmement, l’efficacité doit reposer sur un modèle opérationnel performant. En matière de gouvernance, la pérennité de la technopole repose sur une autonomie de gestion et une autonomie financière qui lui permettent de dynamiser la recherche de clients entreprises et pour des partenariats avec des entreprises externes. Pour contribuer durablement à la création d’emplois dans le pays, la technopole doit s’inscrire dans le cadre d’une politique d’innovation nationale définissant les secteurs prioritaires (industrie, énergie, agroalimentaire, services. – Troisièmement, le modèle de financement et d’exploitation de la technopole doit être construit en y associant plusieurs partenaires dans le cadre d’un partenariat public-privé nécessitant un cadre réglementaire incitatif afin de faciliter le financement des jeunes entreprises. – Quatrièmement, les technopoles doivent s’insérer dans le cadre de la concurrence internationale. Il s’agit de faire le marketing de l’offre en matière de prestations offertes aux entreprises (centres de conférences, bibliothèque, salles de réunions, helpdesk…).
En résumé, la wilaya d’Oran à l’instar d’autres wilayas d’Algérie , est un des carrefours de la Méditerranée qui a souvent porté l’esprit de paix , de tolérance et d’ouverture d’esprit, une mer qui, depuis 3000 ans, a vu la naissance des grandes civilisations avec le brassage des religions, des cultures et des traditions. Pour reprendre une célèbre citation « l’unité de la Méditerranée est une unité en mosaïque, où les singularités s’échangent sans s’annuler. Elle n’est pas une civilisation mais des civilisations entassées les unes sur les autres » ( voir conférence du Pr Abderrahmane Mebtoul novembre 2023 à l’Académie de géopolitique de Paris -la Méditerranée/des solutions disponible sur You Tube . Mais cet espace a été également le lieu de conflits, car l’ère des confrontations n’a eu cours que parce que les extrémistes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d’exclusion. Or, connaître l’autre, c’est aller vers lui, c’est le comprendre, mieux le connaître. L’Algérie a toujours été au carrefour des échanges en Méditerranée. De Saint-Augustin à l’Émir Abdelkader, les apports de l’Algérie à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle ne peuvent que nous prédisposer à être attentifs aux fractures contemporaines
Professeur des universités, expert international docteur d’Etat 1974 – Abderrahmane MEBTOUL