La France coloniale a recouru en Algérie, dans une tentative désespérée de détruire les fiefs de la Révolution et de la lutte armée dans la wilaya IV historique, à l’usage de bombes au napalm prohibées, mettant la vie des Algériens en danger en vue de les exterminer, sans aucune conscience humaine et en faisant fi des chartes et traités internationaux, selon les témoignages des Moudjahidine de la région et des spécialistes.
À ce titre, le moudjahid Mohammed Abdous, dit Belkacem Al Mahroug, raconte dans un entretien accordé, à la veille de la commémoration de la Journée du chahid (18 février), comment les forces coloniales françaises ont surpris les moudjahidine de la 4e région de la wilaya IV historique, lors de la bataille de Sidi Belkacem (avril 1959) dans la région de Djelida (wilaya d’Aïn Defla), par l’utilisation de cette arme prohibée et inconnue à l’époque. Belkacem Al Mahroug a décrit des scènes horribles qu’il avait vues suite à l’utilisation du napalm qui a tout détruit et fait nombre de décès parmi ses compagnons, brûlés vifs. Il a, lui-même, souffert de brûlures aux mains et au visage dont les séquelles sont encore visibles. «Nous n’étions pas habitués à ce type d’arme auparavant. Nous n’avions pas pu sauver nos camarades qui ont été touchés. Leurs cris et l’horreur de la scène me hantent encore. Ni l’homme ni la nature n’ont été épargnés par cette arme», a-t-il ajouté. Pour sa part, le moudjahid Mohammed Bachouchi a indiqué que le triomphe des bataillons de l’Armée de libération nationale (ALN) dans la wilaya IV historique sur les forces françaises, a poussé ces dernières à recourir à l’utilisation du napalm pour disperser les moudjahidine et les chasser de leurs fiefs, notamment dans les montagnes du Ouarsenis, citant à titre d’exemple la bataille de Bab El Bekkouche entre la commune de Beni Bouatab (Chlef) et les frontières de la wilaya de Tissemsilt actuellement. Après avoir souligné la dangerosité de cette arme, qui ne fait aucune distinction entre les Moudjahidines, les civils sans défense ou même les animaux et la végétation, le moudjahid a considéré que l’utilisation du napalm par l’armée coloniale est «une poursuite des opérations de génocide dont ont fait l’objet des Algériens, «que ce soit par l’enfumage ou par l’utilisation d’armes prohibées, en vertu des accords internationaux relatifs à la protection des Droits de l’Homme en temps de guerre et de conflits armés». Pour rappel, les bombes au napalm figurent parmi les armées prohibées au plan international, fabriquées essentiellement à base de carburant, de naphtalène, de sodium et d’aluminium, d’où l’appellation «Napalm».
Des crimes coloniaux imprescriptibles contre l’humanité
Le Professeur d’histoire à l’université de Tiaret, Pr Mohamed Bellil, a souligné la nécessité de collecter des documents et des sources originales sur l’utilisation de bombes au napalm par l’armée française contre des moudjahidines algériens ou des civils sans défense, pour prouver les crimes imprescriptibles commis par le colonisateur contre les Algériens, des crimes contraires aux Droits de l’Homme et aux chartes et traités internationaux, tels que le Protocole de Genève de 1925 et la Convention de Genève de 1949, relatives à la protection des droits fondamentaux de l’homme en temps de guerre. Le même intervenant a estimé que l’occupant inique, qui n’a pas réussi à faire avorter la Glorieuse Révolution de Novembre, «s’est permis d’exterminer les Algériens à l’aide de bombes au napalm», soulignant, à titre d’exemple, l’utilisation de cette arme prohibée dans l’opération «Couronne» dans le cadre du plan Challe (de février à avril 1959), pour affronter les soldats de l’Armée de libération dans les Wilayas V et IV. Bien que les dirigeants français avaient nié catégoriquement l’utilisation du napalm, les archives déclassifiées au Centre des archives militaires à Vincennes (service historique de la défense), prouvent le recours du 10e bataillon parachutiste dirigé par le criminel Massu à des armes chimiques, toutes sortes confondues, contre des moudjahidine, ajoute M. Bellil. Cette dernière comprenait d’immenses régions du Ouaresnis dont Tissemsilt, Theniet El Had, Ammi Moussa et Chlef, d’après le professeur Mohamed Bellil. Pour sa part, le spécialiste en Droit international humanitaire, le Pr Ahmed Si Ali avait affirmé que l’utilisation des bombes au napalm «cause des génocides car ne distinguant pas entre le soldat et le civil, ce qui constitue une violation des traités internationaux relatifs à la protection des civils et l’interdiction de ce type d’armes». Sur le plan militaire, le napalm est une arme dont les dégâts sont incontrôlables d’où son interdiction en vertu de plusieurs traités tels que Genève 1949 et les instruments internationaux relatifs aux Droits de l’Homme, à savoir les conventions de La Haye issues des Conférences internationales de la Paix 1899 et 1907. Pour ce qui est de l’utilisation de ces armes prohibées par l’occupant français pendant la guerre de libération, le Pr Si Ali a parlé d’une «responsabilité criminelle internationale de l’Etat et celle de l’individus ayant commandité les attaques au napalm».
«La mise en mouvement d’une action publique, conformément au Statut de Rome de la Cour pénale internationale se fait sur décision du Conseil de sécurité de l’ONU ou par un pays signataire du Statut de Rome», explique le Pr Si Ali.
Chenouf Bayadha /Ag.