Unesco: La liberté des médias soumise à «des tensions nouvelles»

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Une nouvelle étude présentée, ce lundi, par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), fait état de restriction de la liberté d’expression à travers le monde et de la baisse de la confiance du public à l’égard des médias.

Cette étude intitulée «Tendances mondiales en matière de liberté d’expression et de développement des médias», dresse non seulement la cartographie des principales transformations qui ont affecté la liberté d’expression et le développement des médias dans le monde entre 2012 et 2017, une période traversée par de profonds bouleversements sociaux, politiques et technologiques, mais lance un appel à agir pour relever les défis nouveaux et persistants. Le rapport montre que les mutations politiques, technologiques et économiques rapides intervenues durant cette période «ont soumis la liberté des médias à des tensions nouvelles». «L’apparition de formes inédites de populisme politique ainsi que de ce qui a été considéré comme des politiques autoritaires ont constitué d’autres évolutions majeures». Le document ajoute : «Usant de différents prétextes, notamment la sécurité nationale, des gouvernements exercent une surveillance de plus en plus étroite et exigent le retrait d’informations publiées en ligne, lesquelles dans de nombreux cas ne concernent pas seulement des propos haineux et des contenus prônant l’extrémisme violent, mais également ce qui est jugé comment relevant de positions politiques légitimes». Selon cette étude, la place centrale qu’occupe de plus en plus Internet dans les communications, de même que le rôle et l’influence des puissantes platesformes transnationales du Web «ont retenu l’attention des tribunaux et des gouvernements cherchant à réglementer ces intermédiaires, ce qui présente des risques pour l’expression en ligne». Alors que les gens sont plus nombreux que jamais à avoir accès à des contenus d’information, note ce rapport, «la polarisation politique associée aux évolutions technologiques a favorisé la propagation rapide des propos haineux, de la misogynie et des «fausses nouvelles» non vérifiées, menant souvent à des restrictions disproportionnées de la liberté d’expression.

Pluralisme des médias : une tendance à la polarisation

L’accès à une diversité de platesformes médiatiques a continué à se développer durant la période couverte par l’étude. Près de la moitié de la population mondiale a désormais accès à Internet, ce qui tient en partie à la montée en puissance rapide de la connectivité mobile à Internet en Afrique, en Asie et dans le Pacifique ainsi qu’en Amérique latine et dans les Caraïbes. La télé- vision par satellite et le passage au numérique ont multiplié le nombre de chaînes auxquelles les gens ont accès. La disponibilité des contenus, surtout des contenus partagés et produits par les utilisateurs, a également connu une forte hausse depuis 2012. En janvier 2017, Wikipédia comptait presque deux fois plus d’articles qu’en janvier 2012, une tendance qui s’est doublée d’une diversification progressive des contenus et d’une augmentation des contributions dans d’autres langues que l’anglais. Toutefois, ces tendances se sont accompagnées de l’affirmation d’une nouvelle forme de «pluralisme polarisé», terme qui signifie que bien que différentes sources d’informations et de programmes soient disponibles, chaque groupe segmenté n’accède qu’à un nombre limité d’entre eux.

Baisse de la confiance du public à l’égard des médias d’information

La polarisation de la vie publique que l’on observe dans toutes les régions concernées par l’étude de l’Unesco fait apparaître le besoin d’un journalisme indépendant et professionnel, capable de fournir des informations vérifiables formant un contenu commun de nature à alimenter un débat public efficace et ouvert. Pourtant, comme le relevait déjà la première édition du rapport publiée en 2014, l’indépendance des médias est soumise à des pressions de plus en plus fortes à cause des relations complexes entre le pouvoir politique et les organismes de régulation, des tentatives de décrédibiliser ou d’influencer les médias et les journalistes, et des budgets en réduction. 530 journalistes tués entre 2012 et 2016, les reporters locaux en grand pourcentage Dans un nombre de pays toujours plus grand, les journalistes sont exposés à des agressions physiques et verbales qui menacent leur capacité de diffuser des nouvelles et d’informer le public.

Entre 2012 et 2016, 530 journalistes ont été tués, en moyenne deux décès par semaine

En raison de la poursuite des combats et d’un climat d’instabilité persistant, les meurtres de journalistes dans certaines parties de la région arabe restent nombreux. «Après un pic en 2012, la région Afrique a connu un recul important des meurtres de journalistes», a ajouté le rapport. Les meurtres de femmes journalistes ont augmenté pendant la période considé- rée, passant de 5 femmes tuées en 2012 à 10 en 2016. Bien que le meurtre de correspondants étrangers tende à susciter l’attention internationale, 92% des journalistes tués pendant la période considérée étaient des reporters locaux. «L’impunité des crimes contre les journalistes reste la norme, la justice n’intervenant que dans un cas sur dix. Toutefois, les États membres ont montré une grande réactivité aux demandes d’informations de l’Unesco sur l’état d’avancement des enquêtes judiciaires concernant les meurtres de journalistes, 70% ayant répondu de façon plus ou moins détaillée en 2017», précise le rapport de l’Unesco.