Une conférence nationale est prévue samedi prochain à Alger: Les contours du dialogue se dessinent

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Les contours du dialogue devant débattre de la période de transition pour une sortie de la crise politique qui secoue le pays,  semblent se dessiner avec la tenue d’une conférence nationale de la société civile, prévue samedi prochain à Alger, afin d’aboutir à une feuille de route, laquelle sera présentée prochainement à la classe politique.

Les participants à cette conférence relèvent de trois dynamiques, à savoir: la Confédération des syndicats autonomes, le Forum civil pour le changement et le Collectif de la société civile qui compte plusieurs associations et organisations de droits de l’Homme, en vue de peaufiner les procédures techniques et logistiques et d’adopter une feuille de route de sortie de crise. Le coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs d’enseignement secondaire et technique (SNAPEST), Meziane Meriane a révélé, dans ce sens, que les organisateurs de cette rencontre nationale demanderont officiellement aux autorités publiques une autorisation pour la tenue de cette conférence, ajoutant que plus de 40 syndicats et associations nationales devront participer à cette conférence qui vient couronner les précédentes rencontres des acteurs de la société civile. Les représentants  de la société civile avaient tenu, précédemment, quatre rencontres préparatoires, dont la première a été consacrée à l’examen de la situation politique et des risques de blocage. Les participants ont procédé, lors de la 2e rencontre, à l’échange de points de vue et de différentes initiatives et suggestions. Quant à la 3ème et 4ème rencontres, les syndicats et les associations ont tenté de cristalliser les différentes propositions pour tenter de parvenir à une plateforme unifiée et une feuille de route devant être présentée lors de la conférence nationale. Affirmant que la plateforme en question sera présentée, prochainement, à l’opinion publique et à la classe politique, lors d’une autre conférence nationale qui verra la participation des partis politiques, M. Meriane a souligné que la crise politique dans notre pays s’est développée en crise économique, impliquant une action rapide pour y faire face. Concernant les participants à la conférence nationale de la société civile et celle avec les partis politiques, le même intervenant a indiqué que les portes seront ouvertes à tous les acteurs politiques et représentants de la société civile « à condition que ces partis, syndicats et associations n’aient pas participé à la gestion des affaires du pays avec l’ancien système ». Cette exclusion du dialogue est « logique », a-t-il précisé, vu que la volonté populaire exprimée lors des marches populaires revendique une nouvelle République et la rupture avec tous les symboles de l’ancien système. Pour activer l’initiative politique qui sera issue de la plateforme unifiée, celle-ci sera débattue avec les institutions de la République, voire la Présidence, a fait savoir Meziane Meriane qui a ajouté que les participants à la Conférence nationale examineront comment transmettre cette initiative aux décideurs. Quant aux détails de cette plateforme, le syndicaliste a déclaré qu’elle propose une période de transition pour fonder un nouvel Etat basé sur le respect de la loi, la séparation des pouvoirs et la concrétisation de la volonté populaire ainsi que la lutte contre la corruption. Le débat ne sera pas encadré par la constitution actuelle qui est caduque et l’une des causes directes de la crise politique. Il est temps de la modifier, a-t-il soutenu. Pour sa part, le président du Réseau algérien pour la défense des droits de l’enfant (NADA) et coordonnateur du forum national pour la changement, Abderrahmane Arar, a indiqué que l’objectif de cette conférence nationale est de s’entendre sur la feuille de route qui favorisera le dialogue avec le régime actuel, en vue de sortir de l’impasse politique. Cela « ne signifie pas de dialoguer avec le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah et le Premier ministre, Noureddine Bedoui, des noms dont le peuple algérien réclame le départ », a-t-il expliqué. Les acteurs de la société civile plaident pour l’ouverture d’un dialogue direct avec l’institution militaire, en premier lieu, à condition que les politiciens poursuivent ce dialogue pour un retour à la légitimité, à travers l’organisation d’une élection libre et transparente, a-t-il estimé, prévoyant une réponse positive de la part du commandement de l’armée concernant cette demande.  En revanche, la classe politique reste divisée sur la forme du dialogue, même si, sur le fond, tout le monde privilégie la voie de la concertation pour une sortie de crise. Ainsi, le Secrétaire général du parti du FLN, Mohamed Djemaï a réitéré l’appel à « un dialogue constructif » pour sortir de la crise politique que traverse le pays avec la participation de toutes les forces politiques et représentants de la société civile, appelant l’ensemble des partis politiques, des organisations, des associations et des jeunes du Hirak à prendre part à ce dialogue et à être aux côtés de la République algérienne. Fustigeant les promoteurs d’une transition, qui veulent faire revenir l’Algérie en arrière et effacer d’un revers les pas franchis jusque-là sur le chemin de la construction démocratique, M. Djemaï a appelé au dialogue pour permettre au peuple d’être «le dépositaire de la souveraineté à travers les urnes et des élections transparentes et régulières».Dans le même sillage, le SG du FLN a mis en garde contre des parties «craignant les élections et qui et tentent d’infiltrer le Hirak populaire, qui affiche chaque semaine, de nouvelles revendications». S’adressant aux militants de son parti, M. Djemaï les a exhorter à «se mobiliser autour de l’Institution militaire et à suivre son exemple», saluant «sa clairvoyance, sa patience, son patriotisme et son amour pour l’Algérie. Il a mis en avant, en outre, son accompagnement aux revendications légitimes du peuple algérien». Abondant dans le même sens, le RND a accueilli favorablement l’invitation du chef de l’Etat à un dialogue national sérieux pour réunir les conditions d’une élection présidentielle régulière, affirmant que le peuple algérien a exprimé sa volonté souveraine pour le changement et il est temps d’appliquer l’article 8 de la Constitution à travers l’élection du président de la République, qui concrétisera ce changement ainsi que les réformes escomptées. Le parti relève que l’Algérie « exhorte tous ses enfants nationalistes à se mettre autour de la table pour aller ensemble, dans les meilleurs délais, vers une élection présidentielle afin de garantir la stabilité politique et socioéconomique du pays ». Pour sa part, le Mouvement populaire algérien (MPA) a affiché sa disposition à contribuer, à travers sa participation, à « faire aboutir ce dialogue, prôné par l’Etat algérien », soutenant que sa position « est une position de principe, partant de notre conviction que la solution à la crise actuelle que traverse notre pays passe inéluctablement par des concertations inclusives et franches entre les différents partenaires ». Pour le MPA, ce dialogue mènera à une élection présidentielle qui est la solution politique et démocratique à même de « permettre l’élection d’un nouveau président de la République, jouissant de la légitimité et de la crédibilité nécessaires pour conduire les différentes réformes exigées par le peuple ». Néanmoins, il estime que le retour aux urnes dans les plus brefs délais « doit être précédé de la mise en place d’une instance électorale indépendante qui veillera à garantir des élections transparentes et libres ». De son côté, l’Alliance nationale républicaine (ANR) s’est félicitée du contenu du discours du chef de l’Etat, notamment l’appel à un dialogue national inclusif pour garantir les meilleures conditions d’une élection Présidentielle dans les plus brefs délais, soulignant que cet appel « s’inscrit en droite ligne avec la position constante exprimée par le parti depuis le début de la crise politique dans le pays, et qui considère que le dialogue inclusif, sérieux et non exclusif constitue la seule voie pour dépasser cette conjoncture complexe, dans le cadre de la solution constitutionnelle et électorale ».          

 

A ce propos, l’ANR a appelé à nouveau l’ensemble des partenaires à « faire prévaloir impérativement les intérêts suprême de la nation sur les intérêts partisans ou personnels étroits et à engager, sans perte de temps, un dialogue responsable, réaliste et constructif permettant de répondre aux aspirations et aux revendications légitimes du Hirak populaire, et de concrétiser la volonté souveraine du peuple dans le cadre d’une Présidentielle crédible », mettant en avant la nécessité de commencer par dégager un consensus sur l’instance indépendante chargée de l’organisation et de la supervision des élections.  Le Mouvement El Islah a également valorisé le contenu du discours de M. Bensalah, soulignant que le mécanisme de dialogue était « le moyen adéquat de rapprochement des vues et le plus à même de susciter un consensus national capable de sortir le pays de sa crise actuelle ». Le président de cette formation politique, Filali Ghouini, a estimé impératif d’aller « en urgence » vers des assises de dialogue et de concertation regroupant les différents acteurs afin de parvenir à « un large consensus national, dont les résultats allieront le texte constitutionnel et les solutions politiques inspirées de la Constitution, et ainsi élaborer d’une feuille de route consensuelle et sereine aboutissant le plus rapidement possible à l’échéance présidentielle ».   Par ailleurs, le FFS a considéré que le discours du Chef de l’Etat visait « le maintien du statu quo et la résistance au changement, ainsi que l’application d’une feuille de route « afin de préserver un système stérile et usé au lieu de suivre la voie de la sagesse en répondant positivement aux revendications populaires ». Pour le premier secrétaire national du FFS, Hakim Belahcel, « les solutions politiques existent et ne demandent qu’à être prises en compte ».Pour leur part, les acteurs de la société civile plaident pour l’ouverture d’un « dialogue direct avec l’institution militaire, en premier lieu, à condition que les politiciens poursuivent ce dialogue pour un retour à la légitimité, à travers l’organisation d’une élection libre et transparente».

T. Benslimane