Ukraine: Macron s’entretient avec Biden avant de rencontrer Poutine

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French President Emmanuel Macron (R) and US President Joe Biden (L) shake hands during their meeting at the French Embassy to the Vatican in Rome on October 29, 2021. (Photo by Brendan Smialowski / AFP)

Le président français Emmanuel Macron s’est de nouveau entretenu dimanche avec son homologue américain Joe Biden dans le cadre de ses consultations avant de rencontrer lundi Vladimir Poutine sur la crise russo-ukrainienne, a annoncé la présidence française.

Cet échange téléphonique de 40 minutes s’inscrit «dans une logique de coordination», selon la présidence, avant le déplacement du président français à Moscou puis mardi à Kiev, où il doit rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Le Président Macron a indiqué qu’il allait «discuter des termes de la désescalade» à la frontière de l’Ukraine où les Occidentaux accusent Moscou d’avoir massé des dizaines de milliers de soldats en vue d’une potentielle invasion, ce que la Russie dément, affirmant vouloir seulement garantir sa sécurité. Durant le week-end, le chef de l’Etat français s’est entretenu avec le Premier ministre britannique Boris Johnson, le chef de l’Otan Jens Stoltenberg et les dirigeants des trois pays baltes, le président lituanien Gitana Nauseda et les Premiers ministres letton Krisjanis Karins et estonien Kaja Kallas. Il s’était déjà entretenu avec Joe Biden mardi, les deux présidents affirmant «leur soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine» et s’engageant à rester «en contact étroit» sur ce dossier, selon la Maison-Blanche. «Ils sont convenus de se reparler prochainement», a précisé dimanche la présidence. «Il faut être très réaliste», a déclaré Emmanuel Macron à l’hebdomadaire JDD. «Nous n’obtiendrons pas de gestes unilatéraux» de la part de la Russie «mais il est indispensable d’éviter une dégradation de la situation avant de bâtir des mécanismes et des gestes de confiance réciproques», selon lui.

Des troupes américaines supplémentaires arrivent en Pologne

Un avion transportant des troupes américaines a atterri dimanche dans le sud de la Pologne sur ordre du président américain Joe Biden. Celui-ci a en effet ordonné cette semaine le déploiement de troupes américaines supplémentaires en Pologne, en Roumanie et en Allemagne, dans un contexte de tensions croissantes entre la Russie et l’Ukraine. Les 1700 soldats américains envoyés en Pologne opéreront dans le sud-est du pays, selon le ministère polonais de la Défense. Des éléments logistiques et matériels et quelques soldats sont également arrivés vendredi et samedi dans le secteur à bord d’autres vols. Les tensions entre la Russie et l’Ukraine augmentent à mesure que les pays occidentaux multiplient les manœuvres militaires près des frontières russes. Kiev et ses alliés occidentaux accusent la Russie de rassembler des troupes près de la frontière ukrainienne, soulignant la possibilité d’une «invasion». Moscou a démenti ces allégations, affirmant que la Russie avait parfaitement le droit de mobiliser des troupes à l’intérieur de ses frontières pour assurer la sécurité de son territoire.

Kiev relativise le risque d’une invasion russe après un avertissement de Washington L’Ukraine a appelé dimanche à se méfier des «prévisions apocalyptiques» en jugeant que les chances de trouver une «solution diplomatique» avec Moscou restaient «considérablement supérieures» à celle d’une «escalade» militaire, après les avertissements américains d’une possible invasion russe de grande échelle. «Ne faites pas confiance à des prévisions apocalyptiques», a écrit sur Twitter le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba. «L’Ukraine a une armée puissante, un soutien international sans précédent» et «est prête à tout développement», a-t-il assuré. «C’est à l’ennemi d’avoir peur de nous. «Dans la même veine, Mykhaïlo Podoliak, conseiller du chef de l’administration présidentielle ukrainienne, a estimé dimanche que «les chances de trouver une solution diplomatique» à la crise restaient «considérablement supérieures à la menace d’une nouvelle escalade», dans des commentaires écrits émis par le service de presse de la présidence. Ces déclarations interviennent peu après l’avertissement du Renseignement américain selon lequel la Russie a déjà 70% du dispositif nécessaire à une invasion à grande échelle de l’Ukraine et pourrait disposer de capacités suffisantes, soit 150 000 hommes, pour lancer une offensive dans deux semaines, selon des responsables américains. Kiev tente de relativiser le risque d’une attaque imminente russe notamment pour protéger sa fragile économie, encore affaiblie par le risque d’une invasion. Selon des responsables américains, qui ont informé ces derniers jours les élus du Congrès et des partenaires européens, le Renseignement n’a pas établi si le président russe Vladimir Poutine avait pris la décision de passer à l’offensive ou non, mais qu’il voulait se donner toutes les options possibles, de l’invasion partielle de l’enclave séparatiste du Donbass à l’invasion totale. Si le Kremlin choisit l’option la plus radicale, il pourrait encercler Kiev, la capitale ukrainienne, et renverser le président Volodymyr Zelensky en 48 heures, selon ces responsables. Le conflit aurait un coût humain considérable avec le risque de provoquer la mort de 25 000 à 50 000 civils, 5000 à 25 000 soldats ukrainiens et 3000 à 10 000 soldats russes. Il pourrait aussi causer un afflux d’un à cinq millions de réfugiés, principalement vers la Pologne, selon la même source. Les premiers contingents de soldats américains sont arrivés samedi et dimanche en Pologne, où le président américain Joe Biden a décidé d’envoyer des renforts pour défendre les pays de l’Otan «contre toute agression», en plein ballet diplomatique visant à convaincre Moscou de retirer ses troupes massées aux frontières de l’Ukraine. Les Etats-Unis, qui ont déployé 3000 militaires en renfort en Europe, n’ont pas envoyé ces troupes «pour déclencher une guerre» contre la Russie en Ukraine, a assuré dimanche le conseiller de la Maison -Blanche pour la sécurité nationale, Jake Sullivan. La Russie dément toute velléité d’invasion, affirmant vouloir seulement garantir sa sécurité. Moscou a également annoncé des «manoeuvres militaires» conjointes avec le Belarus, où elle a massé plusieurs bataillons au nord de Kiev et dans la région de Brest, non loin de la frontière polonaise. L’avertissement de Washington intervient alors que le président français Emmanuel Macron, dont le pays assume la présidence tournante de l’Union européenne, se rend à Moscou lundi et à Kiev le lendemain pour tenter de désamorcer la crise. M. Macron s’est de nouveau entretenu dimanche avec son homologue américain Joe Biden dans le cadre de ses consultations avant de rencontrer Vladimir Poutine, a annoncé la présidence française. «Les dirigeants ont discuté des efforts diplomatiques et de dissuasion en cours en réponse au renforcement militaire continu de la Russie aux frontières de l’Ukraine, et ont affirmé leur soutien à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine», a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.