La police turque a arrêté ce jeudi onze parlementaires du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde), dont ses deux co-présidents, Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, a annoncé le ministère de l’Intérieur. Deux autres députés sont visés par des mandats d’arrêts qui n’ont pu être exécutés, les parlementaires étant à l’étranger. Selahattin Demirtas et Figen Yuksekdag, qui co-dirigent le HDP, ont en revanche été arrêtés à leur domicile, à Diyarbakir, la grande ville kurde du Sud-Est turc pour le premier et à Ankara pour la seconde. La police a également mené des perquisitions dans les locaux du HDP à Ankara. Des images diffusées par la télévision montrent des responsables du parti apostrophant la police et un journaliste de Reuters a constaté que des véhicules de police bouclaient les alentours du bâtiment. Les autorités turques reprochent aux parlementaires d’avoir refusé de témoigner dans des dossiers liés à «la propagande terroriste», ont expliqué leurs avocats. «Le HDP appelle la communauté internationale à réagir contre le coup d’Etat que mène le régime d’Erdogan», a déclaré le HDP sur son compte Twitter. «C’est une très mauvaise nouvelle pour la Turquie. Encore une fois», a déploré sur son compte Twitter Kati Piri, rapporteur du Parlement européen sur la Turquie. Selon de nombreux Turcs, l’accès aux réseaux sociaux tels que Twitter, Facebook ou au système de messagerie WhatsApp, était perturbé, sans que l’on puisse établir avec certitude un lien entre ces difficultés et les arrestations. Turbe Blocks, une organisation spécialisée dans la surveillance d’internet, a confirmé que l’accès à Twitter et à la messagerie WhatsApp avait été bloqué dans le pays.
Ankara accuse de longue date les membres du HDP d’être liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation armée qualifiée de terroriste par la Turquie, mais également par les Etats-Unis et l’Union européenne. Avec 59 sièges, le HDP est la troisième formation politique la plus représentée au Parlement turc. Depuis juin, les députés ne sont plus protégés par l’immunité parlementaire.