L’Algérie renforce ses efforts pour la récupération des avoirs issus de la corruption. Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, M. Lotfi Bouzguemaa, a annoncé dimanche à Alger que 335 demandes de coopération judiciaire internationale avaient été adressées à 32 pays, dans le cadre de la traque, du gel et de la saisie des avoirs criminels.
S’exprimant lors de l’ouverture des travaux de la Journée africaine de lutte contre la corruption, organisée par la Haute autorité de la transparence, de la prévention et de la lutte contre la corruption (HATPLC), sous le haut patronage du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, le ministre a souligné que la récupération des avoirs issus des crimes de corruption constitue un volet fondamental de la lutte contre ce phénomène. Il a précisé que les autorités judiciaires algériennes avaient émis environ 335 commissions rogatoires internationales vers 32 États en vue de localiser, geler et saisir ces avoirs. Ces démarches ont connu des degrés de coopération variables de la part des pays destinataires, a-t-il ajouté. Parallèlement, 53 demandes de restitution d’avoirs ont été adressées à 11 pays, dont un État africain, et font actuellement l’objet d’un suivi étroit par les autorités judiciaires, en coordination avec la Commission nationale des experts chargée de la récupération des fonds détournés et transférés à l’étranger. Ce comité se charge de centraliser les efforts et d’assurer la cohérence des actions menées dans ce domaine. Dans le même esprit, l’Algérie a multiplié les démarches informelles et a intégré plusieurs réseaux internationaux spécialisés. Elle est ainsi membre de l’Initiative STAR du Groupe de la Banque mondiale, du Forum mondial pour la restitution d’avoirs (GFAR), du Bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), du Réseau GLOBE des autorités de répression, du Centre international de coordination dans les affaires de corruption (IACCC), et de l’Institut interrégional de recherche des Nations Unies sur la justice (UNICRI), basé en Italie. L’Algérie a également rejoint récemment le Réseau régional de récupération des avoirs pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (ARIN-MENA), une adhésion qui a permis de renforcer la dynamique de restitution, notamment à travers des rencontres bilatérales tenues en marge de la Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies contre la corruption, tenue en 2023. Parmi les actions concrètes entreprises, M. Bouzguemaa a évoqué les réunions périodiques en visioconférence avec les pays partenaires, les déplacements de la délégation d’experts vers ces pays, ainsi que les démarches diplomatiques destinées à sensibiliser les autorités étrangères. Ces efforts ont déjà permis la restitution de divers types de biens, incluant des avoirs mobiliers, immobiliers et financiers. Le ministre a toutefois reconnu que plusieurs obstacles subsistent, notamment en raison de la complexité des systèmes juridiques des pays concernés, des procédures souvent lourdes et de la multiplicité des intervenants – autorités judiciaires, instances diplomatiques, et autres organismes. À travers cet engagement multiforme, l’Algérie entend poursuivre ses efforts pour faire valoir la souveraineté du droit, récupérer les biens détournés et réaffirmer le principe que les deniers publics appartiennent à la nation.
Yasmine Derbal






