Transition politique: Bensalah s’accorde une nouvelle chance et promet des élections « libres et transparentes »

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En s’accordant une nouvelle chance à la faveur de la décision du conseil constitutionnel d’annuler la présidentielle du 4 juillet prochain, le chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah s’est engagé à organiser des élections « libres et transparentes » dans les « plus brefs délais ».

Dans un discours à la nation, Bensalah a également a appelé la classe politique, la société civile et les personnalités nationales à « opter pour la voie du dialogue inclusif en vue de poser les jalons du processus de concertation » en vue de poser les jalons du processus de concertation que l’Etat s’emploiera à organiser dans les meilleurs délais, à débattre de toutes les préoccupations portant sur la prochaine échéance présidentielle, et partant, tracer une feuille de route devant aider à l’organisation du scrutin dans un climat d’entente et de sérénité ». Après avoir rappelé ces invitations, lors de ses précédents discours, au dialogue et à la concertation, le chef de l’Etat a réitéré son engagement à garantir « au scrutin présidentiel toutes les conditions d’une élection régulière, libre et transparente, telle que souhaitée par notre peuple », indiquant que cette nouvelle étape « est incontestablement une opportunité précieuse pour restaurer la confiance et mobiliser les forces patriotiques nationales en vue de construire le consensus le plus large possible autour de l’ensemble des questions en rapport avec les aspects législatif, réglementaire et organisationnel de cette élection, et sur les mécanismes de son contrôle et sa supervision ». « L’Algérie a besoin de réformes et de nouveaux horizons aux plans politique et socioéconomique, un vœu clairement et pacifiquement exprimé par notre peuple qui doit également faire face à de nombreux et ô combien difficiles défis et enjeux nécessitant la mobilisation de toutes les forces vives », lit-on dans son message. A ce propos, M. Bensalah s’est dit convaincu « que seul le président de la République, élu démocratiquement, jouira de la confiance et de la légitimité requises pour lancer ces réformes et contribuer à relever les défis qui se posent à notre Nation », assurant par la même occasion que « l’organisation d’une Présidentielle dans des délais admissibles, sans aucune perte de temps, constitue l’unique voie et la plus efficace, politiquement et la plus rationnelle, démocratiquement ». Dans ce sens, il a réitéré son appel à toutes les parties concernées à participer au processus consensuel et à faire prévaloir la sagesse et l’intérêt du peuple, tant dans leurs débats que dans leurs revendications, en les invitant également à « saisir cette nouvelle opportunité pour s’impliquer pleinement dans la concertation que nous prônons aujourd’hui plus que jamais ». Le temps étant précieux, le chef de l’Etat a exhorté tout un chacun à s’atteler sérieusement à la recherche de solutions consensuelles devant permettre l’organisation d’une élection Présidentielle régulière dans un climat de rivalité transparent. Il a adressé également cet appel à « toutes les bonnes volontés, celles dont le leitmotiv est l’amour de la patrie et l’abnégation à son service, celles qui ont foi en l’élan collectif et en la maturité de notre peuple et bannissent toutes formes d’exclusion et d’aventurisme, particulièrement lorsqu’il est question de l’avenir de l’Algérie ». Ceci intervient au moment où la décision du Conseil constitutionnel sur l’impossibilité de la tenue de l’élection présidentielle, le 4 juillet 2019, a été favorablement accueillie par la classe politique, toutes obédiences confondues, qui l’a qualifié de « consécration » de la mobilisation populaire qui se poursuit depuis plus de trois mois et de « victoire supplémentaire sur la voie du changement du système ». Le FFS a estimé, dans ce sens, que ce recul était « la consécration de plusieurs semaines de mobilisation et de détermination populaires », affirmant que c’est un autre acquis à préserver. « Le pouvoir réel algérien a été contraint d’annuler le simulacre électoral, qui été initialement prévu le 4 juillet prochain », a affirmé le parti dans un communiqué, rappelant qu’il « avait alerté, à temps, sur l’impossibilité d’imposer un autre coup de force électoral à un peuple résolu à parachever sa révolution et la faire aboutir à une transition démocratique, prélude de l’avènement de la deuxième République ». Par ailleurs, le FFS a dénoncé le maintien du Chef de l’Etat, Abdelkader Bensalah, dans ses fonctions jusqu’à l’élection du Président de la République et la prestation du serment constitutionnel, estimant que c’est là « une tentation du pouvoir à gagner plus de temps » la qualifiant de « énième parade désespérée ». Pour sa part, le  président du parti du RCD, Mohcine Belabbas a considéré que l’annulation de cette échéance à la date initiale était un autre « échec » relevant de « l’inaptitude » à gérer la crise politique et constitutionnelle que traverse le pays. Le PT a affirmé, quant à lui, que l’annulation de la Présidentielle du 4 juillet était « une nouvelle victoire de la révolution », relevant que le Conseil constitutionnel « a outrepassé ses prérogatives » en se prononçant pour le maintien du chef d’Etat dans ses fonctions, alors que « le peuple réclame le départ du système et de tous ses symboles ». Pour le PT, « l’issue démocratique qui permettra au peuple, qui réclame le départ du système, d’exercer sa souveraineté, de défendre la souveraineté et l’unité du pays est le processus constituant qui inclut toutes les catégories de la société et devant être couronné par une assemblée nationale constituante et souveraine ». A ce propos, le parti Jil Jadid déclare que la décision du Conseil constitutionnel ne fait qu’officialiser ce qui était prévu par tous », à savoir l’annulation de l’échéance du 4 juillet, affirmant que « grâce à un mobilisation exceptionnelle pendant plus d’une centaine de jours, le renouvellement programmé du système à travers l’élection du 4 juillet a été évitée ». Dans un communiqué sanctionnant leur réunion de concertation, les partis Talaei El-Houriyet, l’Union des forces démocratiques et sociales, le Front pour la justice et le développement (FJD), Parti de la liberté et de la justice (PLJ), Parti Fajr el-Jadid (PFJ), le Mouvement de la société pour la paix, le mouvement Ennahdha et le mouvement el Binaa ont estimé que « +la fatwa+ décrétée dans le communiqué rendu par du Conseil constitutionnel, d' »anticonstitutionnelle et non conforme aux aspirations du peuple ». A ce propos, le dirigeant du FJD, Lakhdar Benkhellaf a déclaré que l’annulation de cette élection « était l’une des revendications du peuple algérien qui a affiché son rejet de cette dernière jusqu’à ce que les conditions idoines soient réunies pour son organisation », particulièrement « le départ des trois B et de tous les symboles du système qui est à l’origine de la crise que traverse l’Algérie aujourd’hui ainsi que la mise en place de mécanismes constitutionnels et juridiques nécessaires pour l’organisation de cette échéance, notamment l’instance indépendante d’organisation et de supervision des élections ». Soulignant que la décision du Conseil Constitutionnel était prévisible, il a estimé que ce dernier a « dépassé ses prérogatives en ce qui concerne le maintien du chef de l’Etat dans son poste jusqu’à l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle ».

T. Benslimane