Tourisme : L’Algérie n’arrive pas à décoller 

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L’Algérie est à la traîne, et doit rapidement s’intégrer dans le système touristique mondial, devenu une véritable industrie brassant plus de 1400 milliards de dollars par an.

C’est en fait une évidence qu’a résumée le directeur de l’aménagement et du foncier touristique au ministère du Tourisme. Expliquant que « l’Algérie doit entrer dans l’industrie touristique mondiale pour offrir un meilleur visage aux marchés demandeurs », M. Abdelhamid Terghini a souligné qu’il y a une stratégie pour cet objectif, et le gouvernement a mis en place une stratégie pour que l’Algérie soit une destination mondiale, adaptée aux standards internationaux ». Dès lors, il relève qu’on doit donc encourager et soutenir l’investissement dans le secteur du tourisme, améliorer la qualité des infrastructures et l’accueil dans les hôtels. » « Il doit y avoir un plan de développement du secteur », a-t-il ajouté. Sur la question épineuse de l’assainissement du foncier touristique, il a souligné que « c’est un axe important dans le développement du tourisme, car il est impératif pour les investissements touristiques. » Selon M. Terghini, il y a actuellement 225 Zones d’expansion touristiques (ZET) avec une surface globale de plus de 65.000 hectares. « Mais, des comportements de certains ont détourné cet objectif, et donc on est en train d’assainir les ZET, dont certaines ont été orientées vers d’autres objectifs que le tourisme », a-t-il dit, rappelant qu’en 2010 ces ZET devaient être opérationnelles et dotées de tous les moyens pour leur exploitation. Les diagnostics effectués sur ce dossier ont révélé des détournements des terrains d’assiettes pour d’autres objectifs, dont la construction de maisons individuelles ou pour l’agriculture. « Ces ZET ont enregistré des exploitations contraires à celles auxquelles elles étaient destinées », a-t-il ajouté. Un constat déplorable, relevé dès son installation par le ministre du Tourisme, qui avait relevé que sur les 225 ZET prévues, 24 seulement sont entrées en exploitation, alors que les autres sont toujours à l’état de projet. En outre, il a déploré que des ZET aient été « squattées ou détournées par des citoyens, des hommes d’affaires et parfois par des institutions, sans qu’elles ne soient exploitées. » Il a dès lors annoncé « la reprise et la restitution de ces terres, qui ont été spoliées ou détournées de leur objectif dans le cadre de ces ZET, après l’étude des projets à l’arrêt et qui n’ont pas été exploités ». Deux wilayas se sont illustrées dans ce cas précis, celle de Jijel où l’ancien ministre a fait un constat alarmant sur la situation des ZET sur la côte du « Saphir », et la wilaya de Chlef où des projets de ZET confiés à des notabilités locales ou des sportifs originaires de la région, à la sortie ouest de la ville de Ténés, sont toujours au stade de projet depuis plusieurs années. Le fonctionnement des ZET a été défini par la loi 03-03 du 17 février 2003, qui a notamment pour objet de « définir les principes et règles de protection, d’aménagement, de promotion et de gestion des zones d’expansion et sites touristiques. » M. Terghini a par ailleurs rappelé que sur ces 225 ZET, 166 sont dans les zones côtières, 66 dans les Hauts plateaux et les montagnes, et 33 dans le Sud et le grand Sud. L’assainissement de ces ZET porte en particulier sur celles des zones côtières. « On doit assainir ces ZET et les remplacer par d’autres pour améliorer le foncier touristique et offrir les meilleures conditions pour le développement du tourisme », explique M. Terghini. D’autre part, si depuis l’indépendance le secteur touristique avait été pris en charge par l’Etat, il est temps aujourd’hui, a-t-il souligné, que l’investissement privé prenne le relais. « Et donc les investisseurs privés doivent prendre le flambeau dans ce secteur, mais on constate qu’il y a beaucoup de problèmes », relève t-il. « Les investisseurs privés sont de plus en plus intéressés par le secteur touristique: en 2008- 2009, il y avait seulement 700 projets, et maintenant il y a 1900 projets agréés, dont 680 projets en cours de réalisation représentant 88.000 lits », affirme t-il. Pour autant, les problèmes sont nombreux pour les investisseurs, reconnaît M. Terghni, qui cite notamment les difficultés des investisseurs avec les banques pour les accompagner dans leurs projets. Il y a 11 banques et institutions financières qui encadrent ces investisseurs, qui se sont plaintes toutefois de leur manque de professionnalisme dans les investissements touristiques, une situation qui fait qu’ils ont des difficultés pour obtenir des crédits pour leurs projets », explique M. Terghni, qui cite également les difficultés pour les promoteurs d’obtenir les permis de construire, ainsi que les terrains d’assiette pour leurs projets. Or, la situation dans le secteur touristique doit inciter tout les intervenants à accélérer la cadence dans la réalisation d’infrastructures touristiques, car « il n’y a actuellement que 180.000 lits, ce qui est trop peu, et on doit construire à l’orée de 2030 quelque 200.000 nouveaux lits ». Une raison suffisante pour « trouver une alternative au tout pétrole », explique t-il. M. Terghini déplore par ailleurs que les Algériens aillent à l’étranger, souvent dans les pays voisins, passer leurs vacances d’hiver ou d’été, car « les prix dans le pays sont chers. » « Les prix sont élevés en Algérie, notamment en fin d’année et en période de vacances. Dans le Sud, les prix pratiqués par les hôtels sont très élevés, et pour baisser ces prix, il faut qu’il y ait de la concurrence et surtout un nombre suffisant de lits », estime-t-il, relevant également que « les prix des billets d’avion sont encore élevés, et cela n’encourage pas le tourisme local ». Pour autant, il estime que « le haut standing hôtelier a besoin de l’afflux de touristes », avant d’annoncer qu’il y a une « feuille de route pour chaque wilaya pour développer le secteur à l’intérieur du pays ».

AEH