La générale de la pièce de théâtre Thawra (Révolution), une tragédie qui renseigne sur les aspects sociopolitiques récurrents dans toute révolte contre le colonisateur a été présentée, samedi soir à Alger, en clôture du programme théâtral des célébrations du soixantenaire de l’indépendance de l’Algérie.
Accueilli au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA), le spectacle s’est déroulé en présence des ministres, de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji et des Moudjahidine et Ayant droit, Laïd Rebiga, ainsi que le conseiller auprès du président de la République, chargé du Cinéma et de l’Audiovisuel, Ahmed Rachedi. A cette occasion la ministre de la Culture et des Arts a insisté sur «la nécessité de voir l’écriture de l’histoire de l’Algérie prise en charge par des plumes jeunes à travers des travaux dans toutes les disciplines culturelles, le théâtre notamment». De son côté, le ministre des Moudjahidine et des Ayants droit a rappelé l’«importance de mettre à disposition, tous les moyens afin d’alimenter les créations culturelles avec les contenus des 40 000 témoignages recueillis jusqu’à présent sur la Guerre de libération nationale». Sur une conception de Abdelkader Djeriou et une mise en scène exécutive de Abdel Ilah Merbouh, le spectacle a été monté sur un texte composé, adapté du Cadavre encerclé et Les ancêtres redoublent de férocité de Kateb Yacine (1937-1989), réécrit par Youcef Milat et Hichem Bousehla. Durant 65 mn, le spectacle Thawra a tenté de montrer que toutes les révolutions se ressemblaient dans la mesure où le colonialisme procédait toujours de la même manière : la déculturalisation, la déshumanisation et l’oppression du peuple colonisé, qui sera condamné à vivre sous le joug de la terreur, des exactions, de la torture et des représailles. Le peuple, ainsi colonisé finira par se résoudre à la résilience, en s’organisant pour combattre les abjections et les injustices de l’occupant, non sans avoir à se défaire des contraintes internes qui parfois entravent les mécanismes de résistance et de lutte contre l’ennemi. Le spectacle, brillamment servi par, Souad Janati, Nawel Benaïssa, Abdel Ilah Merbouh, Aboubakar Esseddik Benaïssa, Ahmed Sehli, Ahmed Benkhal, Benabdellah Djellab, a traversé plusieurs époques suggérées par un grand portail en bronze, seul élément de la scénographie, signée Youcef Abdi, symbolisant l’histoire. Occupant tous les espaces de la scène dans des échanges ascendants et soutenus, les comédiens ont su porter la densité du texte. La chorégraphie, œuvre de Riadh Beroual, a contribué à relever la sémantique du spectacle dans son aspect visuel, lui donnant de belles figures esthétiques, au même titre que la bande son et musique, signée Abdelkader Sofi, «véritable élément dramaturgique» qui a su accompagner les atmosphères tragiques de la trame, empreintes d’anxiété, de colère, de tristesse et de deuil. Le concepteur Abdelkader Djeriou n’a pas omis de mettre en valeur les œuvres d’artistes algériens qui ont contribué au bon fonctionnement des opérations de rébellion et de résistance contre l’ennemi, en prévoyant des passages de Cheikha Rimiti, Taos Amrouche et un sonore de Kateb Yacine expliquant le rôle du poète dans l’entretien d’une révolution. A l’issue du spectacle, le nombreux public présent a longtemps applaudi l’équipe de la pièce de théâtre Thawra, produite par le Théâtre régional de Sidi Bel-Abbès.