Station de métro de la Place des martyrs – Alger: Des vestiges archéologiques qui retracent plus de 2000 ans d’histoire

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La station de métro de la Place des martyrs (Alger) où s’est rendu le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, hier, pour inaugurer les extensions reliant la Grande-Poste à la Place des martyrs et Hai El Badr à Aïn Naâdja, est un musée à ciel ouvert qui renferme des vestiges archéologiques retraçant plus de 2000 ans d’histoire.

Avant de prendre le métro vers Aïn Naâdja, le Président Bouteflika a assisté à la projection d’une vidéo retraçant les différentes étapes de réalisation du métro et de ses extensions, mettant en avant des pièces archéologiques de diverses périodes historiques, notamment des pièces de monnaie et de la poterie islamique, et donnant un aperçu de la cité antique Icosium dont l’emplacement abrite aujourd’hui la Place des martyrs.

Pour les spécialistes, la station de métro de la Place des martyrs est une «étape importante» dans la mise en œuvre de l’archéologie préventive qui a su «allier» patrimoine archéologique et aménagement du territoire dans le cadre des efforts visant à faire de la capitale une ville moderne. Il s’agit d’une station «historique» de par son emplacement dans la zone de l’antique cité d’Icosium qui renferme un riche patrimoine archéologique. D’une superficie de 8000 m2 , la Place des martyrs était avant l’invasion coloniale un centre politique et commercial, d’où les découvertes archéologiques mises à jour «progressivement» par des chercheurs algériens.

Des vestiges archéologiques répandus sur quelque 1500 m2 et quatre strates repré- sentant différentes époques de l’histoire de la ville d’Alger. La partie émergente des fouilles effectuées laisse entrevoir une ville ottomane sur une superficie de 750 m2 , alors que d’autres vestiges restent enfouis en attendant un «aménagement adéquat». La découverte de ces vestiges «n’est pas fortuite», a soutenu le directeur de l’Office de gestion et d’exploitation des biens culturels (Ogebc), Abdelwahab Zekagh, précisant qu’elle est le fruit du Plan de protection et de sauvegarde (2007-2010). En effet, la carte archéologique de la Casbah réalisée à ce titre a montré que la région regorgeait de patrimoine et d’histoire, a-t-il dit. Pour le chercheur Kamel Setiti du Centre national de recherches en archéologie (CNRA), grâce à ses archéologues et autres experts en protection du patrimoine protégé, l’Algérie a réalisé «une première» en employant des techniques modernes en matière de fouilles archéologiques dans une zone urbaine de l’envergure d’Alger.

Les fouilles «ont été réalisées de pair avec des travaux de génie civile au titre d’un plan convenu entre les instances chargées des fouilles et l’Entreprise du métro d’Alger (EMA)», a-t-il dit, ajoutant que les travaux «ont été encadrés par une équipe de chercheurs du CNRA et de l’Institut national français des recherches archéologiques préventives (INRAP).

Zekagh a apporté des éclaircissements quant au devenir de la cité antique d’Alger et des pièces découvertes, affirmant que «l’activité quotidienne du métro d’Alger n’aura aucune incidence sur les découvertes ni sur les constructions mitoyennes à la Place des martyrs». «Le métro se trouve à 34 m de profondeur et ses fondations ont été érigées à la place de l’hôtel de la Régence», explique Zekagh, précisant que l’EMA avait pris en considération «les caractéristiques de la zone urbaine» en initiant «des mesures techniques contre les vibrations». Les fouilles qui ont duré 27 mois ont permis, selon la même source, de «mettre à jour l’histoire enfouie de l’Algérie» et de former quelque 40 chercheurs spécialisés en archéologie préventive, en mesure de travailler sur n’importe quel site à l’avenir.