Bien que l’indicateur produit intérieur brut ( PIB) soit un indicateur imparfait devant tenir compte de la population pour déterminer le PIB par tête d’habitant et surtout voile la disparité de la répartition par couches sociales, toutefois les institutions internationales le prenne souvent comme le déterminant de la richesse d’une Nation.
Pour l’Algérie dont la population passera de 45 millions 2023 à plus de 50 millions horizon 2030, selon les institutions internationales, il faut un taux de croissance de 8/9% pour absorber le flux annuel de demande d’emplois variant entre 350.000/400.000/an qui s ‘ajoute au taux de chômage actuel, la création d’emplois productifs et d’emplois rente .
1.-Perspectives de l’économie algérienne selon la Banque mondiale et le FMI
Le rapport de la BM note , après une année 2020 marquée par une croissance négative de moins 5,1% pour cent , en raison de la pandémie de Covid-19 , l’Algérie a amélioré ses indicateurs financiers, ayant toutes les potentialités pour devenir un acteur actif au sein des espaces euro méditerranéens et africains , son espace naturel et avoir une croissance forte de 8/9% pour absorber le flux additionnel de demande d’emplois de 350000/400.000/an qui s’ajoute au taux de chômage actuel, Les réserves de change s’élèveront selon le gouvernement fin 2023 à 73 milliards de dollars et 82/83 milliards de dollars y compris les réserves d’or , 173 tonnes) et les DTS déposés au FMI et selon le rapport de la BM , les réserves de change ont atteint 68,8 G$ US, soit 17,2 mois d’importations, en juin 2023, contre 61,7 G$ US à la fin-2022, soit 15,9 mois d’importations de biens et de services. Cependant, le compte courant devrait passer d’un excédent record de 9,8 % du PIB en 2022 à 2,8 % en 2023, avant d’atteindre 1,4 % en 2024 et 0,5 % du PIB en 2025 . Selon le rapport, comme le dinar a suivi une trajectoire similaire par rapport aux monnaies utilisées avec ses principaux partenaires commerciaux (dollar américain, euro, yuan), les taux de change effectifs nominaux et réels (pondérés en fonction des échanges) se sont également renforcés au second semestre 2022, avant de se stabiliser au second semestre 2023. Au total, l’encours de la dette extérieure, faible, à fin septembre 2022, est estimé à 2,914 milliards de dollars contre 3,062 milliards de dollars à fin décembre 2021, en baisse de 148 millions de dollars. Sous l’effet de la baisse des recettes d’hydrocarbures par rapport à 2022, et de l’augmentation des dépenses, le déficit budgétaire devrait se creuser en 2023 et 2024 ( une estimation provisoire de 5800 milliards de dinars en 2024 soit au cours de 137 dinars un dollar 42,33 milliards de dollars, une augmentation selon La BM de 6,8 % en 2023 et de 8,9% en 2024. Le ratio de la dette publique au PIB augmenterait de 5 points de pourcentage du PIB entre 2023 et 2025, pour atteindre 60,2 % du PIB en 2025.. La croissance du PIB réel s’est établie à 3,4% en 2021 à 3,2% en 2022 et de 2,5% en 2023 avec un impact sur le taux de chômage de plus de 14% en 2023. Pour 2024, il est prévu un taux de croissance du PIB de 2,5% dont le montant est estimé à 234 milliards de dollars en 2024, contre 216,4 milliards en 2023 ( le gouvernement l’ayant estimé à 233 milliards de dollars en 2023 ) et une prévision de 245 milliards de dollars en 2025. Pour la BM, l’ inflation est restée à un niveau élevé, ayant atteint 9,7 % sur les 8 premiers mois de 2023, celle des produits alimentaires 14,0 %, avec une moyenne de 9% pour 2023. Concernant les prévisions du FMI en 2028, sous réserve d’une série d’hypothèses, les 10 plus grandes puissances économiques en Afrique seront le Nigeria avec 916 milliards de PIB, l’Égypte 510 milliards en 2028, l’’Afrique du Sud 468 milliards de dollars en 2028. l’Éthiopie, qui devrait profiter d’un retour à la normale dans le Tigré pour remettre son économie en route, son PIB passant de 120 milliards de dollars en 2022 à 281 milliards en 2028 serait la quatrième puissance économique de l’Afrique. Le PIB de l’Algérie avoisinerait 263 milliards USD d’ici 2028 arrivant à la cinquième position du Top des 10 pays africains les plus riches suivi du Maroc 6ème 195 milliards de dollars. Le Kenya , la Tanzanie et la Côte d’Ivoire se classent à la 7ème 8ème et 9ème position avec respectivement 147, 124 e t118 milliards de PIB, l’Angola chlorurant avec 112 milliards de dollars contre 128 milliards de dollars de PIB en 2022 La plupart des pays du top 10 sont les pays les plus peuplés du continent et disposant d’importantes ressources naturelles, comme le Nigeria, l’Algérie et l’Angola et qui sont également les principaux producteurs de pétrole africains Mais paradoxe la Libye premier réservoir de pétrole en Afrique, avec 48,63 milliards de barils, 8ème réservoir mondial, et une population faible 6 millions d’habitant n’a pas été classée.. Plus globalement, sur la période 2021-2028, les 10 premiers pays africains verront leur PIB cumulé passer de 2.000 milliards à 3.145 milliards de dollars, soit une progression de 57,25% et sur le plan continental, suite à une nette progression du PIB cumulé de 38,64%, ce paramètre des 54 pays africains s’établit à 4.110 milliards de dollars d’ici 2028. La réalisation des prévisions de la BM et du FMI supposent cinq conditions. Premièrement, , des efforts soutenus sont nécessaires pour améliorer l’environnement des affaires et attirer les investissements condition d’une croissance durable et faire baisser le taux de chômage où la performance et à la résilience de l’économie algérienne est tributaire de profondes réformes dont celles des institutions par une lutte contre la bureaucratie et la corruption , une politique des subventions ciblées intimement liée à l’intégration de la sphère informelle (renvoyant à la dualité de de la cotation du dinar) au sien de la sphère réelle supposant un système d’information fiable en temps réel ; la réforme du marché de l’emploi (une nouvelle politique de l’éducation fondée sur la qualité collant à l’environnement et améliorer le cadre de la recherche pour éviter l’exode des cerveaux ) ; la réforme du système financier dans toute sa composante ( banques, fiscalité, douane, domaine) et de l’épineux problème du foncier avec toutes utilités . Deuxièmement, les facteurs géostratégiques et économiques mondiaux du fait à la fois de l’évolution de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, de la résurgence des conflits au Moyen-Orient et de l’incertitude de la croissance de l’économie mondiale influent sur le cours des hydrocarbures dont l’Algérie dépend fortement car la majeure partie des exportations en devises, plus de 95% provient de cette rente avec des prix fluctuants qui échappent à la décision interne, soit à la hausse, soit à la baisse. Troisièmement, l’Algérie pays semi-aride, l’économie algérienne dépend fortement d’ un retour à la normale de la pluviométrie après trois années de sécheresse . Quatrièmement, lié au facteur précédent, les impacts du réchauffement climatique avec des catastrophes naturelles qui font peser sur la croissance et le développement de l’Algérie, notamment sur l’agriculture avec l’augmentation de la facture alimentaire et les tensions sur l’eau douce . Cinquièmement, l’inflation devrait progressivement reculer en 2024 et 2025, mais sous réserve de la mise en œuvre de politiques monétaires et budgétaires prudentes et que les précipitations se rétablissent.
2. La bonne gouvernance et la valorisation du savoir fondement du développement
Les pays développés et les pays émergents se caractérisent par une bonne gouvernance et une forte innovation, le G20 à lui seul représentant 85 % PIB mondial pour 63 % de la population mondiale , le G7 et la Chine environ 60% du PIB mondial. Ramené à la population , il existe, pour plus de 80% des pays du G20 y compris les observateurs une corrélation entre la bonne gouvernance, le classement à l’innovation et le niveau du PIB ou nous avons au 31/12/2022 pour le PIB courant par ordre décroissant : les USA 25463 milliards de dollars de PIB courant, la Chine 17963, le Japon 4231, l’Allemagne 4072, l’Inde 3385, le Royaume Uni 3071, la France 2783, la Russie 20240, l’Italie 2010, le Brésil 1920, l’Australie 1675, la Corée du Sud 1665, le Mexique 1414, l’Espagne 1398 , l’Indonésie 1319, l’Arabie Saoudite 1108, les Pays Bas 991, la Turquie 908, la Suisse 808, l’Argentine 633, Singapour 467, l’Afrique du Sud 406 et l’Egypte 404 milliards de dollars (source FMI). Pour l’Algérie , selon le département des Affaires économiques et sociales des Nations Unies dans son rapport de 2022 sur la gouvernance électronique, une enquête publiée tous les deux ans et basée sur l’indice de développement de la e-gouvernance, un classement exclusivement dédié à l’évaluation de l’avancement en matière de la transformation numérique, l’Algérie figure parmi les pays du groupe 2 (EGDI élevé) avec un indice de développement du e-Gouvernement de 0.5611, étant classée en 2022 à la 112ème position sur 193 pays , la 9ème en Afrique, et gagne 8 positions par rapport au classement de 2020. Autre indice de bonne gouvernance ,la corruption, où pour Transparency International, une note inférieure à 3 signifie l’existence d’un «haut niveau de corruption, entre 3 et 4 un niveau de corruption élevé, et que des affaires saines à même d’induire un développement durable ne peuvent avoir lieu, cette corruption favorisant surtout les activités spéculatives. Qu’en est-il du classement sur la corruption de l’Algérie de 2008 à 2022 : 2008 : 92e place sur 180 pays; 2009 : 111e place sur 180 pays; 2010 : 105e place sur 178 pays; 2011 : 112e place 183 pays; 2012 :105e place sur 176 pays ; 2013 -105 rangs sur 107 pays; 2014 –100e sur 115 pays; 2015 –88e sur 168 pays; 2016 –108e sur 168 pays; 2017 -112e place sur 168 pays; 2018- 105e place sur 168 pays; 2019- 106e sur 180 pays. 2020, 104e place sur 180 pays avec une note de 36 sur 100. 2021, 104e sur 180 pays. Dans le rapport de 2022, l’Algérie occupe la 117e place sur 180 ayant reculé de 13 places avec un score de 33 sur 100 contre 36 sur 100 en 2021. Concernant le savoir , le rapport publié le 27 septembre 2023 sur l’indice de l’innovation par l’OMPI , repose sur 80 indicateurs et classe 132 pays par zones géographiques par ordre selon leurs performances. Ainsi, pour le continent Afrique, nous avons par ordre décroissant : l’Ile Maurice 57ème position l’Afrique du Sud 59ème , le Maroc 70ème , la Tunisie 78ème, Botswana 85ème, Cap-Vert (91è), l’Egypte 86ème, Cap Vert 91ème,le Sénégal 99ème, le Ghana 100ème, Rwanda 103ème, le Nigeria 108ème, Madagascar 107ème, la Côte d’Ivoire 112ème la Tanzanie 113ème,, le Togo 114ème, la Zambie 118ème, l’Algérie 119ème, le Bénin 120ème, le Cameroun 123ème, le Burkina Faso 124ème, l’Ethiopie 125ème , le Mozambique 126ème , la Mauritanie 127ème , la Guinée 128ème, le Mali 129ème, le Burundi 130ème, le Niger 131ème et en dernier l’Angola qui est en 132ème position. Pour les pays du Moyen Orient, Israël, 14ème position, les Emiraties 32ème , l’Arabie Saoudite 48ème ,le Qatar 50ème, le Koweït 64ème , Bahreïn 67ème, Iran 62ème, Oman 69ème, la Jordanie 72ème , et le Liban. Sur les sept critères, l’Algérie est dans les 13 derniers pays , occupe la 119e place, loin de certains pays arabes et africains avec une note dérisoire de 16,1/100, ne devant pas s’émouvoir, loin des discours démagogiques, devant revoir en profondeur tout le système socio-éducatif du primaire au supérieur et le fonctionnement des centres de recherche Un bémol pourtant pour certains segments l’université de Sidi Bel Abbes –Algérie occupe la 101e position mondiale dans le domaine de l’ingénierie urbaine, la 201e position en génie mécanique et la 301e en sciences des matériaux. L’on ne doit pas nous réjouir mais pleurer de ces compétences algérienne à l’étranger qui sont considérées car constituant une perte sèche pour la Nation , dont la majorité confortablement installé ne reviendront jamais, contribuant à l’accroissement de la valeur ajoutée des pays d’accueil, devant nous demander , les raisons profondes de cet exode massif de cerveaux.
En conclusion l’ensemble des indicateurs macro financiers et macro économiques entre 2023/2028 pour l’Algérie ayant des incidences sur le taux de croissance, le niveau des réserves de change, l’inflation et le taux de chômage dépendent de plusieurs hypothèses interdépendantes, variant selon des paramètre/s et variables internes externes dont les mutations géostratégiques et économiques (transition énergétique et numérique) au sein d’un monde en devenir multipolaire et de l’avancée des réformes structurelles. Entre 2023 et 2028 l’Algérie faire passer son PIB de 216 à 263 milliards de dollars , un accroissement de 21,76% sous réserve de profondes réformes où en ce de XXIème le fondement du développement des Nations repose sur le savoir et la bonne gouvernance .Le défi principal de l’Algérie est la relance économique dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux car la puissance d’une Nation dans les relations internationales, n’existant pas de sentiments mais que des intérêts, se mesure à son poids économique ( cas de la Chine). Le temps ne se rattrapant jamais en économie , en dynamique , toute Nation qui n’avance pas recule forcément.
A.M