Sommet africain pour le climat au Kenya le 4 septembre 2023: Urgence de la transition énergétique pour lutter contre l’accélération du réchauffement climatique qui menace la sécurité mondiale

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En prévision de la prochaine étape qui aura lieu à Dubaï en décembre lors de la 28e conférence des parties de la convention des Nations unies sur les changements climatiques (COP28), malgré quelques réserves sur le mode de financement et celle des Comores qui assurent la  présidence tournante de l’Union africaine pour qui le rôle des océans et de l’économie bleue doit figurer dans le texte «l’objectif  de ce sommet  au Kenya est de faire du continent une puissance émergente en matière d’énergies renouvelables et d’appeler à une aide financière internationale pour révéler son potentiel».

C’est que le depuis une décennie et surtout en 2023 on connaît d’une part sécheresse et incendies, d’autre part intempéries avec des pluies diluviennes qui emportent les terres arables. En comparaison, cela ne serait qu’un épiphénomène mineur entre 2023 et 2030 si des mécanismes contre le réchauffement climatique ne sont pas pris au niveau mondial qui impactera la région méditerranéenne et africaine et d’une manière générale n’épargnera aucune contrées dans le monde.  Cette contribution présente est une synthèse des  grands axes des interventions sur un sujet qui engage la sécurité du monde, d’une brûlante actualité,  d’une émission à la  télévision de l’Assemblée française LCP, «ces idées qui gouvernent le monde» qui  a été  diffusée le lundi 24 octobre 2022 à 22h30 disponible sur  YouTube. Les intervenants au cours de cette émission ont attiré les gouvernants sur les menaces du réchauffement  climatique en proposant des solutions opérationnelles  à court, moyen et long terme, mais ont-ils été écoutés? Ces intervenats ont été le docteur Emile Malet, président du Forum Mondial du développement durable; Brice Lalonde, ancien ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, ex sous-secrétaire général de l’ONU, coordonnateur exécutif de la Conférence des Nations unies sur le développement durable (Rio+20), le professeur Hervé Le Treut, spécialiste de la simulation numérique du climat, membre de l’Académie des sciences, professeur à l’École polytechnique et à la Sorbonne, Fabienne Keller, députée européenne, diplômée de l’Université de Californie, Ecole polytechnique, Daniel Salmon, sénateur d’Ille-et-Vilaine, EELV, professeur des Écoles et Abderrahmane Mebtoul, professeur des Universités, expert international.

1 – La lutte contre le réchauffement climatique engage la sécurité du monde où les rapports de l’ONU prévoient une sécheresse et des inondations sans pareilles entre 2025/2030, notamment au Maghreb et en Afrique avec d’importants flux migratoires surtout internes au sein de cet espace et externes où la pénurie d’eau sera un enjeu sécuritaire. Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté. Le monde connaît des perturbations climatiques extrêmes :  intensification des précipitations (fortes pluies et grêle) augmentation des cyclones tropicaux violents. augmentation des périodes d’aridité et de sécheresse. recul de la glace de la mer Arctique et de la couverture neigeuse.  La biodiversité est frappée et mutilée avec des morts et blessés humains et espèces animales  et ces derniers temps  avec des brasiers d’une violence inouïe à l’ensemble du bassin méditerranéen, en Asie et en Afrique, au Moyen-Orient et autour des contrées du Pacifique. Afin de ne pas renouveler les drames passés et récents, pour se prémunir contre ces catastrophes naturelles sans préjuger  des actes humains  malsains, nécessitant une nouvelle culture pour protéger notre environnement les gouvernants doivent  d’ores déjà mettre en place des actions opérationnelles. Selon la Banque mondiale, l’Afrique n’est responsable que de 3,8% des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde et pourtant, les pays africains subissent de plein fouet les effets dévastateurs de la sécheresse et d’inondations de plus en plus sévères avec des conséquences dramatiques sur les pertes humaines, sur l’agriculture et son soubassement l’eau douce. Depuis 1850, notre planète s’est réchauffée en moyenne de 1,1°C et selon le rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le réchauffement planétaire en cours pourrait atteindre 1,5°C à 4,4°C d’ici à 2100. Les experts du Giec indiquent que le réchauffement climatique devrait être contenu à +1,5°C au maximum d’ici à 2100 pour éviter que notre climat ne s’emballe. Cette limitation sera hors de portée à moins de réductions immédiates, rapides et massives des émissions de gaz à effet de serre pour atteindre la neutralité carbone en 2050. La lutte contre  le  réchauffement climatique est donc une question de sécurité mondiale car si l’Afrique, l’Asie dont la Chine et l’Inde plus de 4 milliards d’habitants sur les 8 milliards d’habitants que compte notre planète depuis janvier 2023,  avaient le même modèle de consommation énergétique que l’Europe et les USA, moins d’un milliard d’habitants pour un PIB mondial dépassant les 40%, en 2022,  il faudrait, selon les experts trois à quatre fois la planète terre. Le monde connaît un bouleversement inégal depuis des siècles, d’un côté pluies diluviennes, inondations de l’autre côté, sécheresse et incendies. Pour réduire les coûts, impossible à supporter par un seul Etat. Il s’agira d’accélérer la coopération internationale et  la  transition énergétique et revoir le modèle  de consommation.

2 – Car l’impact du réchauffement climatique a sept impacts   qui devraient influer sur les politiques socioéconomiques. Premièrement, pour la hausse du niveau des mers, le constat est la hausse moyenne des températures qui provoque une fonte des glaces continentales (glaciers, icebergs, etc.). Le volume de glace fondue vient s’ajouter à celui de l’océan, ce qui entraîne une élévation du niveau des mers. Près de 30% de cette élévation est due à la dilatation causée par l’augmentation de la température de l’eau. Le taux moyen d’élévation du niveau marin s’accélère, il était de près d’1,3 mm par an entre 1901 et 1971, d’environ d’1,9 mm par an entre 1971 et 2006, et il atteint près de 3,7 mm par an entre 2006 et 2020, le GIEC estimant  que le niveau des mers pourrait augmenter de 1,1 m d’ici à 2100. Comme impact, les zones côtières seront confrontées à des inondations dans les zones de faible altitude plus fréquentes et plus violentes et à l’augmentation de l’érosion du littoral. Deuxièmement, la modification des océans qui absorbent naturellement du gaz carbonique, en excès dans les océans, acidifie le milieu sous-marin, ce qui  provoque  la disparition de certaines espèces, notamment des végétaux et des animaux tels que les huîtres ou les coraux. En plus de son acidification, la  modification des océans  entraîne une  baisse de sa teneur en oxygène, réchauffement et augmentation de la fréquence des vagues de chaleur, affectant les écosystèmes marins et les populations qui en dépendent. Troisièmement, l’amplification des phénomènes météorologiques extrêmes provoque l’évaporation de l’eau, ce qui modifie le régime des pluies  plus intenses, avec les inondations qui les accompagnent dans certaines régions, et des sécheresses plus intenses et plus fréquentes dans de nombreuses autres régions. En effet, lors de pluies violentes, les sols ne peuvent pas fixer l’eau, s’écoulant  alors directement vers les cours d’eau plutôt que de s’infiltrer,  les nappes d’eau souterraines ne pouvant se reconstituer. Le réchauffement planétaire entraîne le dérèglement des saisons et le déplacement des masses d’air qui pourraient, à long terme, accroître le nombre d’événements climatiques extrêmes : tempêtes, ouragans, cyclones, inondations, vagues de chaleur, sécheresse, incendies. Quatrièmement, le réchauffement climatique est une menace sur les plantes et les animaux car les cycles de croissance des végétaux sauvages et cultivés sont modifiés : gelées tardives, fruits précoces, chute des feuilles tardives, etc. Beaucoup d’espèces ne supporteront pas les nouvelles conditions climatiques et l’agriculture devra s’adapter en choisissant des espèces précoces. Les comportements de nombreuses espèces animales sont perturbés  et  devront migrer ou s’adapter sous menace d’extinction. Cinquièmement, l’impact du réchauffement climatique bouleverse les conditions de vie humaine. Certains de ces effets sont irréversibles  où  selon le rapport du Giec, environ 3,3 à 3,6 milliards de personnes vivent dans des habitats très vulnérables au changement climatique. Si le niveau des mers augmente d’1,1 m d’ici à 2100, près de 100 millions de personnes seront contraintes de changer de lieu d’habitation, et certaines terres côtières ne seront plus cultivables et  en plus, le changement climatique accroît les risques sanitaires : vagues de chaleur, cyclones, inondations, sécheresse, propagation facilitée de maladies. Sixièmement, les dérèglements climatiques perturbent la distribution des ressources naturelles, leur quantité et leur qualité. De plus, les rendements agricoles et des activités de pêche sont impactés. Les rendements agricoles pourraient baisser d’environ 2% tous les 10 ans tout au long du XXIe siècle, avec des fluctuations chaque année.

Septièmement, les impacts sur les coûts. Ainsi, l’AIE les engagements gouvernementaux actuels ne permettraient d’atteindre que 20% des réductions d’émissions d’ici à 2030  et  devant investir chaque année jusqu’à 4000 milliards de dollars /an au cours de la prochaine décennie, en dirigeant la majorité de ces investissements vers les économies en voie  développement,  et vers des investissements vers les véhicules électriques, l’hydrogène, le captage / stockage du carbone et biocarburants,  et  sur l’efficacité énergétique en premier lieu dans le transport de l’énergie, le BTPH, l’industrie sans compter les coûts dans, la santé, l’agriculture  et  les  loisirs avec un nouveau mode du tourisme, nécessitant la réforme du système financier mondial du fait que les obligations vertes représentent en 2021 seulement 2% de la valeur du marché obligataire mondial. Sans changement de trajectoire, les prévisions du Nges, qui s’appuient sur la simple mise en place des politiques actuelles, envisagent une perte de production équivalant à environ 5% du PIB mondial d’ici à 2050, et jusqu’à 13% d’ici à 2100.

En résumé, il devient impératif pour les pays développés et pour l’intérêt de l’humanité qu’à une vision strictement marchande se substitue un co-développement pour une richesse partagée. L’enjeu du XXIe siècle est celui d’une véritable politique écologique tenant compte de la protection de l’environnement et du cadre de vie, impliquant une réorientation de la politique agricole, industrielle et énergétique. Le dialogue des civilisations et la tolérance sont des éléments plus que jamais nécessaires à la cohabitation entre les peuples et les nations.

A. M.

(ademmebtoul@gmail.com)