Situation socio économique de l’Algérie 2O24 et axes de redressement national 2025/2030

0
1623

Il existe un théorème   universel en sciences politiques : 2O% d’action bien ciblées ont un impact de 8O% sur la société ; par contre 8O% d’actions mal ciblées que l’on voile par de l’activisme  ont un impact seulement que de 2O% et de faite de vision stratégique avec des coûts financiers croissants 

1 – La situation socio économique de l’Algérie : quelques indicateurs économiques

 La chute brutale de la rente des hydrocarbures vers les années 1990/1994 a conduit à une chute brutale du PIB et à la cessation de paiement. En 2O24, la situation est différente avec des réserves de change selon le FMI, données provisoires, 67 milliards de dollars fin 2024, bien qu’en baisse et un endettement extérieur moins de 3% du PIB mais une structure économique presque équivalente, les recettes d’hydrocarbures représentant plus de 98% de recettes en devises avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour plus de 65%. Selon les notes de l’ONS  les exportations hors-hydrocarbures  ont atteint  5,81 milliards de dollars en 2022,  4,77 milliards de dollars en 2023., en 2024 la baisse a continué avec 3,56 milliards en 2024  et  durant le  premier trimestre 2025,  elles  ont atteint 885 millions de dollars  contre par rapport à la même période en 2024 de  982 millions de dollars s’orientent en tendance annuelle pour 2025 moins de  3,5 milliards de dollars   .Selon la majorité des institutions internationales et des experts internationaux, il faut pour l’Algérie entre 2025 -2O3O un taux de croissance minimum, elle en a les potentialités, sous réserve de privilégier le continent Afrique  (les échanges entre l’Algérie et l’Afrique en 2O24  étant inférieures à 5% de  ses échanges globaux) et d’une bonne gouvernance, de 7/8% par an pour absorber un flux additionnel de demande d’emplois estimée entre 35O.000/4OO.OOO qui s’ajoute au taux de chômage actuel. Or, actuellement, c’est l’avis unanime, il n’existe pas une proportionnalité entre les dépenses en devises et dinars et le niveau du PIB : mauvaise allocation des ressources   faute de planification stratégique devant s’adapter aux nouvelles filières mondiales dont les industries écologiques, l’ancien modèle étant périmée, mauvaise gestion, corruption ou les trois à la fois. Selon l’ONS, le PIB en valeur nominal a atteint 36 103,5 milliards de dinars algériens en 2O24 ( cours environ 13O dinars un dollar) , contre 33 678,7 milliards en 2023, enregistrant  une croissance de 7,2% . Or, certains manquant de déontologie et de culture économique, , ayant repris  7,2%   induisant en erreur ‘l’opinion publique, pas  les experts avertis et les  institutions internationales,  alors que le taux de croissance réel  comme le note l’ONS avec objectivité, ,a  atteint 3,7 % en 2024  , devant tenir compte de l’augmentation de 3,4 % de l’indice implicite des prix du PIB. Pour   le FMI dans sa note du 3O juin 2025  pour 2024 le taux de croissance de l’Algérie  a été  de 3,6% avec une prévision  de 3,5% pour 2025 mais sous réserve de la reprise des secteurs des hydrocarbures et des efforts de diversification économique alors que le gouvernement table sur 4,5% dans sa loi de finances 2025, une différence de taille.   Selon l’ONS , en   dépit des mesures adoptées pour freiner les importations, le déséquilibre des échanges extérieurs s’est accentué, les importations de biens et services ayant  enregistré une hausse en volume de 11,9% et  les exportations, une baisse globale de 2,4% en volume. L’économie algérienne dont le PIB est  estimé par le FMI à environ 263,6 milliards de dollars, pour 2024 contre 247,6 milliards de dollars en 2O23   et pour l’ONS dans une note  de  septembre 2024  à 269,3  milliards de dollars pour 2024 (données non avalisées encore par le FMI et la BM)   se classant 3eme ou 4eme selon les projections, derrière  l’Afrique du Sud, l’Égypte et le Nigéria , est dominée par  le tertiaire ( petits commerce pas les  nouvelles technologies) et en  2024 , le blocage étant systémique 85% des équipements et matières  premières étant importés en devises, le taux d’intégration pour 2024 et certainement pour 2O25 ne dépassant de  15%  ce qui explique que les récentes mesures  de restriction des importations ont entraîné des pénuries et une sous-utilisation de l’appareil de production. Cen se focalisant sur l a préservation des réserves de change, cette politique  ne peut qu’amplifier  le  processus inflationniste dont l’indice de l’ONS doit être réactualisé ne reflétant  pas la réalité , le besoin étant historiquement daté ,  ainsi que la révision du   calcul du taux de chômage  qui  inclut les sureffectifs des administrations , des entreprises publiques et les emplois rente  comme faire et refaire les trottoirs. Plusieurs travaux de recherche opérationnels, suite à des enquêtes sur le terrain, sous ma direction pour les hautes autorités du pays et la direction de  thèses de doctorat montrent que le PIB    au sens mathématique est une matrice structurée en industrie agriculture services…. Pour le cas Algérie, en  triangularisant la matrice ( en l’inversant) il est démontré   que plus de 7O% de la croissance économique  est irrigué par la dépense publique via  les hydrocarbures, le secteur industriel public et privé représentant en 2024 moins de 5%  du PIB   et accessoirement par le déficit budgétaire ( planche à billets)  Il  n’existe pas à l’instant TO  de corrélation entre le déficit ou l’excédent de la balance commerciale   et la croissance du PIB, qui a été réévalué en Algérie d’environ 33% en 2023  en incluant une partie de la sphère informelle,  un calcul objectif devant s’effectuer  non en valeur nominale mais en valeur réelle déflaté  par  l’indice des prix à la production.  Cependant en dynamique T1, T2, Tn…, la théorie keynésienne qui a été appliquée par les pays développés nous   apprend que tout déficit s’il existe un appareil de production en sous-utilisation peut relancer la   demande à terme globale (investissement et consommation). .En Algérie cette théorie ne s’applique pas  car ce n’est pas une  question de demande, elle existe,  mais de la  faiblesse de l’offre. Comme n’existe pas de corrélation entre réserves de change qui sont des richesses virtuelles qu’il s ‘agit de transformer en richesses réelles, et la croissance du PIB comme en témoigne le cas des USA des réserves de change hors or très faible, le cas de la Chine étant un cas particulier relevant du travail grâce au dynamisme  de ses entreprises compétitives au niveau international.

2 – Les axes du redressement national de l’Algérie  2025/2030 : réformes institutionnelles et économiques

L’économie algérienne a connu différentes formes d’organisation tant institutionnelles que des entreprises publiques de 1963 à ce jour. alors que le  secteur industriel représente moins de 5% du PIB  en 2O24 . Cette  instabilité juridique et monétaire  décourage les managers des entreprises publiques et privées  et  concourt  à la méfiance des investisseurs étrangers .  Or, la promotion de l’investissement national et étranger créateur de richesses passe par l’amélioration de l’environnement des affaires. Le défi pour l’Algérie est que  le  patronat local du secteur d’Etat et du secteur privé  se mobilise, aujourd’hui, plus que jamais, pour accroître l’investissement dans tous les secteurs et se déployer à travers tout le territoire national par l’amélioration de la productivité et la compétitivité de sorte que les entreprises algériennes résistent à la concurrence extérieure et que la production locale parte à la conquête de marchés extérieurs. L’Algérie face à une crise sans précédent qui touche toute la planète, devra mobiliser toutes les énergies et s’orienter vers une libéralisation maîtrisée, seule garantie d’un développement durable, au profit de tous les Algériens.  Or, l’Algérie depuis des décennies est toujours en transition, faute d’une vision stratégique. La condition essentielle de réussite de la relance socio-économique dans le cadre d’une libéralisation maîtrisée, est d’avoir une méthode cohérente pour mettre en place de profondes réformes structurelles avec un planning réaliste daté. Tout d’abord le plan de relance doit tenir compte de la structuration de la société. La société algérienne comme toutes les sociétés humaines est structurée en fonction de plusieurs paramètres sociologiques: catégories d’âge, profession, sexe, statut social, statuts religieux, statut politique, anthropologie culturelle territoriale. Un système d’information fiable doit faire l’inventaire de ces catégories pour le ciblage médiatique et l’élaboration du programme des réformes structurelles selon un timing daté. Tout projet étant porté forcément par des forces politiques, sociales et économiques, sa réalisation étant fonction des rapports de force au niveau de la société et non au sein de laboratoires de bureaucrates déconnectés de la société, doit d’abord être compris par tous ceux qui, à un niveau ou à un autre, interviennent dans la décision économique, d’où l’importance de savoir communiquer dans un langage accessible à toute population et pas seulement aux initiés. C’est pourquoi, il faut une visibilité  dans la démarche de toute politique économique loin de tout populisme, , une nation ne pouvant distribuer plus que ce qu’elle produit quitte à aller vers le suicide collectif. Sans verser dans la démagogie et le populisme, les expériences historiques pour favoriser la mobilisation et la symbiose Etat -citoyens, c’est aux dirigeants de ressembler à leur peuple et non au peuple de ressembler à ses dirigeants, l’objectif étant de consolider la diversité et la pluralité tout en cultivant l’unité de la nation et sa cohésion sociale au sein d’espace équilibré et solidaire. Ce sont les hommes avec leurs équipements anthropologiques (identitaires) qui ont façonné les espaces, car l’organisation administrative de l’espace n’est pas celle de l’administration comme l’a démontré brillamment l’expert de renommée mondiale, Hernando de Soto sur l’État de droit et sphère informelle (dans l’ouvrage du professeur Abderrahmane Mebtoul – L’Algérie -perspectives: bonne gouvernance, démocratie et économie de marché (édition Dar El Gharb 2004).   La relance économique implique la débureaucratisation et une vision stratégique. Les actions sectorielles doivent se mouler au sein d ‘une fonction, objectif stratégique devant différencier pour paraphraser les militaires tactiques et stratégie devant tracer un registre d’engagements pour le court terme et le moyen terme. Cela . nécessite de profondes réformes qui  seront douloureuses, mais déterminantes, dépassant de loin les enjeux internes de pouvoir pour s’inscrire de plain- pied dans le plan géostratégique des puissances de ce monde..   Ainsi, le plan de relance s’inscrivant dans le cadre  d’’une planification  stratégique  datée,  doit définir clairement les objectifs -court, moyen et long terme.   Car un pays qui veut se développer doit préparer les choix qui permettent d’en saisir les conséquences basées sur des études précises qui doivent indiquer: -comment se pose le problème,-quelles sont les contraintes externes (engagements internationaux de l’Algérie); -quels sont les contraintes socio-économiques, financières et techniques internes; -quels sont les choix techniquement possibles et les ensembles de choix cohérents et quelles sont les conséquences probables de ces choix, -quelles méthodes de travail choisir qui permettent de déterminer les paramètres (moyen termes) et les variables (court terme) dont dépend un système complexe. Après avoir décomposé la difficulté en éléments simples, il convient d’apporter des réponses opérationnelles, loin des théories abstraites, réalisations physiques et plan de financement sur chacun des éléments : -Quoi?-Qui?- Où – Quand?- Comment?- Combien et Pourquoi? Dès lors, comment faire ? ( sous la direction du Pr Abderrahmane audit DGSN -1997- assisté du DG  de  l’Institut de stratégie globale-  des cadres DGSN et des experts nationaux après enquêtes habilitation  : « optimisation des dépenses à travers une loi de   programmation 8 volumes 82O pages  et conférence   à l’Ecole Supérieur de Guerre devant les officiers supérieurs 2019  la stratégie de ‘l’Algérie horizon 203O et devant les  ambassadeurs accrédités à Alger 2019 ». La structure de l’action en faveur des réformes est globalement formée de cinq segments qui fondent le processus opérationnel de mise en œuvre : l’administration qui constitue la cheville ouvrière par son importance stratégique ; la  société civile /syndicats, collant à la réalité et non appendices de l’administration ;  les citoyens dans leur diversité ; les partis politiques et les opérateurs publics et privés. Dès lors se pose quatre  questions : premièrement : -peut-on parler de stratégie économique sans tenir compte des mutations tant internes que de l’économie mondiale ; deuxièmement, -peut-on continuer à perfuser des entreprises publiques qui ont coûté à la collectivité nationale selon les données officielles du Premier ministère plus de 250 milliards de dollars ; durant ces trente dernières années (source APS janvier 2021) pour arriver à la case départ ; troisièmement  les politiques socio-économiques  s’adapteront –elles  à ce nouveau monde dynamique en perpétuel mouvement, n’existant pas de modèle statique, ou vivront – ils toujours sur des schémas mécaniques dépassés des années 1970 /1980 conduisant le pays à l’impasse ; quatrièmement,  la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, dans le cadre des nouvelles transformations mondiales ne suppose t-elle pas  un profond réaménagement des structures du pouvoir assis sur la rente ,  par   la lutte contre le terrorisme bureaucratique afin de libérer les énergies créatrice devant remplacer les relations de clientèles et le régionalisme , afin de   redonner sa place aux compétences réelles. La  vision néfaste du bureaucrate  est de gérer par voie administrative, souvent autoritaire sans consultations et  lors qu’il y a un problème est de créer des commissions et de pondre de nouveaux  textes juridiques ,dont des  circulaires, , décrets, lois ect ….déconnectés de la société, l’Algérie ayant parfois les meilleures lois du monde ,,mais le  juridisme étant et un leurre s’il n’y a pas d’objectifs cohérents clairement définis , loin des théories abstraites. C’est que, le XXIe siècle sera dominé par l’émergence de réseaux décentralisés, qui remplaceront les relations personnalisées d’Etat à Etat dans le domaine des relations internationale avec le développement de  l’intelligence artificielle ) qui révolutionne  tout le système mondial ( voir nos interventions disponibles sur le  Google- magazines internationaux et presse nationale entre  janvier  et aout 2025  sur les impacts de l’intelligence artificielle). En résumé,, l’Algérie sera ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu’elle soit. La   réussite du développement de  l’Algérie  2025/203O ,afin d’éviter les tensions sociales et sécuritaires, existant un lien dialectique entre sécurité et développement, partant d’un bilan objectif, doit s’attaquer aux fondamentaux du blocage et trouver des réponses réelles qui répondent en priorité aux aspirations de la population algérienne en lui redonnant la confiance en l’avenir sans laquelle aucun développement n’est possible. En s’adaptant tant aux mutations internes qu’aux nouvelles mutations mondiales, grâce au renouveau de la gouvernance, et la valorisation du savoir, l’Algérie forte de ses importantes potentialités, peut devenir un pays pivot et être facteur de stabilité de la région méditerranéenne et africaine. L’enjeu du développement de l’Algérie dépasse le cadre national car toute déstabilisation, comme je le soulignais  à l’American Herald Tribune (USA 2O18 ) , aurait des répercussions géostratégiques sur toute la région. Mais avant tout, l’Algérie sera ce que les Algériennes et les Algériens voudront qu’elle soit.

Abderrahmane Mebtoul

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici