Exposant la situation économique en chiffre jusqu’à août 2017, le ministre des Finances, Abderrahmane Raouia, a fait état dimanche, de signes d’amélioration de données de l’économie nationale. En dépit de cette amélioration, l’économie nationale devra faire face à plusieurs défis à la lumière de la contraction de la liquidité, l’épuisement de l’épargne publique à compter de février 2017, selon M.Raouia.
Le ministre a noté une augmentation du prix du brut algérien avec une moyenne de 50,6 USD/baril, une reprise relative des exportations en hydrocarbures qui a atteint 21,3 milliards USD avec un léger recul des importations de marchandises, passant de 31,7 milliards USD à 30,8 milliards USD en 2017, ce qui a impacté positivement le déficit de la balance commerciale, qui est passé de 11,4 milliards USD à 7,1 milliards USD à fin août 2017. Autre indice d’amélioration, le recul du taux d’inflation qui s’est établit fin août 2017 à 5,7% contre 6,5% durant la même période de l’année 2016.
Quand au déficit du trésor a reculé à près de 380 milliards de dinars fin juin 2017 contre 1.769 milliards de dinars durant la même période de l’année 2016, ajoute M. Raouia, imputant ces chiffres à une augmentation des recettes et un recul des dépenses. Néanmoins, l’Algérie devrait être confrontée au recul des réserves de change en raison de l’effondrement des prix des hydrocarbures sur les marchés internationaux ayant conduit à une réduction des recettes et mettant le Trésor public sous pression.
Cette situation nécessite le maintien d’un niveau acceptable de croissance en vue de garantir une prise en charge adéquate de la demande sociale et la création de suffisamment d’offres d’emploi, toute en garantissant un service public convenable, préconise le ministre des Finances. Devant ces données et les prévisions de la croissance économique mondiale et les tendances du marché pétrolier, le projet de loi de Finances 2018 a été élaboré sur la base d’un prix référentiel fiscal de 50 USD/baril pour la période 2018-2020, avec un prix de marché de baril brut à 50 USD en 2018 et de 55 USD en 2019 et 2020.
Le taux d’inflation devrait, selon les chiffres fournis par le ministre, s’établir autour de 5,5% en 2018, 4% en 2019 et 3,5% en 2020. Le taux de croissance économique devrait quant à lui atteindre +4% en 2018, +4,1% en 2019 et 4,8% en 2020. Le PLF 2018 prévoit une dépense publique de l’ordre de 8.628 milliards de dinars en 2018 en hausse de 21% par rapport à la clôture de 2017 ainsi que 7.562 milliards de dinars en 2019, et de 7.369 milliards de dinars en 2020. En outre, le PLF 2018 prévoit une augmentation des recettes fiscales d’une moyenne de 10% annuellement pour la période 2018-2020.
Par ailleurs, les recettes des hydrocarbures devraient atteindre 34,4 milliards USD en 2018, 38,3 milliards USD en 2019 et 39,5 milliards USD en 2020, a indiqué le ministre des Finances. Pour ce qui est des importations de marchandises, elles devraient atteindre, selon le ministre, 43,6 milliards USD en 2018, 41,4 milliards USD en 2019 et 40,9 milliards USD en 2020. Le taux des réserves en change national, 105 milliards USD actuellement, devrait reculer à 85,2 milliards USD en 2018 (équivalent à 18,8 mois de recettes), 79,7 milliards USD en 2019 (18,4 mois de recettes), et 76,2 milliards USD en 2020 (17,7 mois de recettes), a ajouté M. Raouia. Les crédits de la balance de paiement devraient atteindre pour la période 2018-2020, -11,9 milliards USD en 2018, -5,5 milliards USD en 2019 et -3,5 milliards USD en 2020, a encore indiqué le ministre.
Quant au déficit du trésor public, il connaîtra une tendance baissière en passant de 2.344 milliards de dinars en 2016 à 1.963 milliards de dinars en 2018, pour atteindre 55 milliards de dinars seulement en 2019, ajoutant que ce déficit sera essentiellement couvert par le recours au financement non conventionnel et la valeur excédentaire injectée dans le Fonds de régulation des recettes (FRR). Les besoins en financement sont estimés, selon M. Raouia, à 570 milliards de dinars en 2017, 1.815 milliards de dinars en 2018 et 580 milliards de dinars en 2019. Pour l’année 2020, « le trésor public ne devrait pas recourir à une quelconque forme de financement en raison du faible déficit devant être enregistré ». S’agissant des dépenses de gestion et d’équipement, le PLF prévoit une légère augmentation des dépenses de gestion, tandis que la couverture de ces dépenses, en recettes ordinaires, passera de 73% en 2016 à 86% en 2018, pour atteindre 90% en 2020. Une augmentation de quelque 60% est prévue en 2018 dans les dépenses d’équipement, et devrait reculer à 31% en 2019, puis à 7% en 2020.
PLF 2018 : quelles sont les dispositions prévues ?
L’élaboration du PLF 2018 a été effectuée dans un contexte particulier marqué par une crise financière. Elle prévoit un impôt sur la fortune à travers le réaménagement de l’impôt actuel sur les biens et la proposition d’instituer une retenue à la source de l’ordre de 5% exemptée de taxes, sur les commerçants de tabac avec un relèvement du taux de l’impôt sur la consommation locale du tabac. Le PLF 2018 prévoit également une proposition en vue de relever la taxe sur les produits pétroliers (TPP) de 5 DA/litre pour l’essence et de 2 DA/litre pour le gasoil, et l’élargissement de l’imposition fiscale sur le surplus de la valeur réalisée y compris sur les habitations principales, à l’exception des habitations collectives qui constituent l’unique propriété.Par ailleurs, le PLF 2018 propose la révision de l’impôt sur les véhicules d’entreprises, l’exemption d’impôt pour les ventes de l’orge et du maïs et le relèvement, de 3 à 5%, de la taxe appliquée sur les propriétaires de terres non exploitées et à usage industriel.
Un baril de pétrole entre 70-80 UDS écarté, la politique de subvention maintenue
Raouya a écarté, à moyen terme, un prix du baril entre 70 et 80 USD, et ce, en raison d’un retour éventuel du gaz de schiste sur les marchés. Un prix de référence fixé à 50 dollars a ainsi été adopté. D’autre part, le ministre a indiqué que l’Etat n’imposera pas d’autres impôts aux citoyens, ajoutant qu’il est impossible, en cette conjoncture, de renoncer brusquement à la politique de subvention. Il a précisé qu’un fichier national réservé aux personnes qui ont le plus besoin de ce soutien est en cours d’élaboration. Ce dernier sera prêt dans deux ans et sera appliqué dans une wilaya-pilote avant sa généralisation.
S’agissant de recrutement, M. Raouya a précisé qu’il reste ouvert dans les secteurs de la santé, de l’éducation et de l’enseignement supérieur. D’autres entreprises, a-t-il dit, peuvent procéder au recrutement d’un cinquième (1/5) du total des postes dont elles disposent, et ce, pour remplacer les départs à la retraite et les décès. Et d’ajouter que la Fonction publique emploie plus de 2.2 millions de fonctionnaires et que la modernisation des secteurs « requiert nécessairement une réduction de quelques postes ».
Dans le cadre de la modernisation, la PLF 2018 prévoit l’obligation faite aux commerçants de recourir au commerce électronique, avec une durée d’un (01) an pour la généralisation de ce dispositif, ce qui permettra une augmentation de la liquidité dans les banques et une résorption de la masse monétaire circulant sur le marché parallèle et l’amélioration du recouvrement fiscal.
Concernant les répercussions des prix d’essence sur les secteurs de l’agriculture et de la pêche, ce qui pourrait entrainer, selon certains députés, une inflation, M. Raouya a assuré que le ministère de l’Agriculture prendra en charge le soutien nécessaire aux prix des carburants destinés à ces secteurs.
Le PLF 2018 sera présenté par le ministre des Finances aux deux chambres du parlement dans les prochains jours.