Situation de l’économie algérienne et condition de l’attrait des IDE: Une lutte contre la bureaucratie en accélérant les réformes dans le cadre d’une planification stratégique

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En 2024, les flux mondiaux d’investissements directs étrangers (IDE) ont diminué de 11% pour atteindre 1 500 milliards de dollars, selon le Rapport sur l’investissement dans le monde 2025 de la Cnuced. Les pays ayant le plus attiré les investissements directs étrangers (IDE) sont les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon, selon le 7e baromètre du cabinet Kearney et en Afrique, nous avons l’Égypte, suivie de près par l’Éthiopie et la Côte d’Ivoire.

1.-Les déclarations de responsables algériens concernant les projets d’investissement correspondent-elles à la réalité ?

Le 25 juin 2025, dans une déclaration à la presse en marge d’une conférence organisée sous ce thème, le responsable de l’AAPI (Agence algérienne pour la promotion de l’investissement) a affirmé que le nombre de projets liés aux étrangers, enregistrés par l’AAPI depuis le 1er Novembre 2022 (date de début de ses activités) jusqu’à présent, s’élève en 2025 à 12 243 projets pour une valeur avoisinant les 5776 milliards de dinars soit 43 milliards de dollars au cours actuel, dont 9 milliards de dollars d’investissements étrangers, avec 270 projets identifiés concernent divers secteurs d’activité, dont l’industrie, l’agriculture et les énergies renouvelables. Mais sans préciser quelle est la part de l’autofinancement, les expériences passées ayant montré que ce sont les banques publiques qui ont supporté la majorité des dépenses avec la crainte que ce sont les mêmes déclarations euphoriques comme par le passé où :

– En 2005, l’Agence nationale de Développement de l’Investissement (ANDI) a enregistré 2255 projets d’investissement, hors hydrocarbures, d’une valeur totale de 7 milliards de dollars. Parmi ces projets, 84 projets d’une valeur de 1,5 milliard de dollars étaient portés par des investisseurs étrangers.

– En 2010, selon l’ANDI, l’Algérie a enregistré 193 projets d’IDE , directs ou en partenariat, d’une valeur totale de plus de 974 milliards de DA (environ 10 milliards de dollars). Ces projets étaient censés générer plus de 238 000 emplois. Ces chiffres font partie d’un bilan plus large de 10 303 projets enregistrés par des investisseurs locaux, avec une valeur dépassant les 3.365 milliards de DA.

– En 2022, selon toujours l’ANDI, déclaration reprise par l’APS, plus de 25 000 projets d’investissements, dont 360 projets étrangers ont été réalisés en Algérie entre 2002 et 2010 pour un montant global de près de 2.000 milliards de DA (26,5 milliards de dollars). Or, entre ces annonces et la concrétisation sur le terrain, selon certaines estimations la déperdition pour différentes raisons a dépassé les 760/80% car si ces projets avaient été concrétisées sur le terrain le PIB aurait dû dépasser les 500 milliards de dollars entre 2023/2024. Car, qu’en est-il de la rentabilité des projets ? Pour les projets dans leur ensemble, selon les données officielles reprises par l’agence APS, le directeur général de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (ANADE), avait révélé le 24 janvier 2011 qu’environ 220 000 microentreprises étaient en difficulté financière, avec des dettes de 172 milliards de dinars soit au cours de l’époque 78 dinars un dollar 2,20 milliards de dollars annonçant le rééchelonnement de leurs dettes et l’annulation des pénalités de retard de remboursement. Selon un rapport diffusé par l’APS citant le Premier ministère, sans compter les surcoûts dans les administrations et services collectifs, montrant une mauvaise planification stratégique, les assainissements des entreprises publiques auraient coûté au Trésor public les trente dernières années à fin 2020 et cela a continué entre 2022-2024, environ 250 milliards de dollars soit plus de 1,8 milliards de dollars par an et 80% étant revenues à la case de départ et les différentes réévaluations, selon le Premier ministère en date du 6 janvier 2022, durant les 12 dernières années à fin 2021, 8000 milliards de dinars soit au cours de l’époque de 137 dinars un dollar, 58,40 milliards de dollars. Mais il s’agit de dresser un bilan objectif depuis cette période à fin 2024 des entreprises en difficultés devant différencier celles qui n’ont aucun avenir donc appliquer la règle de la faillite contenue dans le code de commerce de celles qui ont un goodwill positif pouvant faire face à la concurrence sachant, selon le ministère du Commerce le nombre d’entreprises de production et de services inscrites toute catégories confondues, plus de 90% étant des unités unipersonnelles ou de petites SARL, s’élevait à 1 655 656 au 30 novembre 2024.

2. Quelle est la réalité de l’économie algérienne en 2024 et perspectives 2025 ?

Confondant dépôt de projets, ou accorde de projet sans analyser sa réelle rentabilité dans le temps, le monde économique étant en perpétuelle transformation évoluant, exigeant des stratégies d’adaptation pour éviter des pertes financières à terme pouvant se chiffrer en milliards de dollars et une lettre d’intention n’est pas un contrat définitif, certains responsables induisent en erreur de 2000 à ce jour tant l’opinion publique que les plus hautes autorités du pays comme en témoignent ces déclarations reprises officiellement par l’APS et la télévision algérienne. Le produit intérieur brut à prix courant PIB évalué en 2022 à 33% incluant une partie de la sphère informelle, selon le FMI a été clôturé fin 2024 à 268 milliards de dollars se situant à la troisième place derrière l’Afrique du Sud et l’Égypte des plus grandes économies africaines en 2024, mais irrigué directement et indirectement via la dépense publique à plus de 70% par la rente des hydrocarbures qui a permis également d’avoir le niveau des réserves de change actuels d’environ 70 milliards de dollars hors (173 tonnes) et permettant l’important montant des transferts sociaux, soit au cours de l’élaboration de la loi de finances 2025, 134 dinars un dollar 21,60 milliards de dollars et 20,25 en 2013, représentant 19,17% du budget de l’Etat soit une hausse de 7% comme moyen d’assurer la cohésion sociale. Mais qu’ en sera-t-il à l’avenir du fait que les recettes de Sonatrach, 98% des recettes en devises avec les dérivées (la BM notant que les recettes d’hydrocarbures –pétrole et gaz ont baissé de 31,1% à cause d’une baisse de la demande d’environ -10,4 ) sont passées de 60 milliards de dollars en 2022, à 50 en 2023, entre 43/ 45 milliards de dollars en 2024 (bilan provisoire) et si le cours,  selon l’AIE est d’environ 64/65 dollars en 2005, elles seront sous la barre des 40 milliards de dollars. Selon les données officielles de la Banque mondiale dans son rapport du 3 juin 2025, reprenant les données de la banque d’Algérie et celles de l’organe statistique du gouvernement ONS les exportations hors hydrocarbures à ne pas confondre avec la part de cette section dans le produit intérieur brut qui a connu effectivement pour le marché intérieur une croissance de 4% a connu une nette baisse, passant de 7 milliards de dollars en 2022, à 5 en 2023 et à 4,60 en 2024 et sur ces montants 67% sont des dérivés d’hydrocarbures. D’où le risque de vives tensions budgétaires plus de 62 milliards de dollars de déficit budgétaire, selon la loi de finances 2025 pour une dépense dépassant 125 milliards de dollars. Selon la Banque mondiale sans compter les importations de services, cela a conduit à un recul de l’excédent commercial, le taux de couverture des importations par les exportations étant en baisse, passant de 128,9% en 2023 à 104% en 2024 , le taux de croissance du PIB de l’Algérie qui a été de 3,8% en 2024 après avoir été de 4,2 % en 2023 et de 3,6 % en 2022, pour 2024, devant ralentir à 3,3% en 2025. Alors, que pour une population au 1er janvier 2025, de 47,4 millions d’habitants, il faut un taux de croissance de plus de 7/8% sur plusieurs pour absorber un flux additionnel de demande d’emplois entre 350 000/400 000/an qui s’ajoute au taux de chômage actuel pour l’année 2024 a été révisé à la baisse par l’ONS initialement estimé à 12,7%, il serait de 9,7%,  mais incluant les emplois dans la sphère informelle, les emplois temporaires souvent improductifs, les sureffectifs dans les administrations et les entreprises publiques, selon l’ONS. A cela s’ ajoute les dangers du processus inflationniste en cas de chute des recettes d’hydrocarbures accélérée par la distorsion entre le taux de change officiel du dinar et celui du marché parallèle de plus de 74%, la cotation fin juin 2025 dépassant 260 dinars un euro, favorisant les transferts des produits subventionnés hors des frontières et les surfacturations, selon les données internationales, l’inflation a été estimée à 5,3% en 2024 (4,05%, selon le gouvernement algérien) qui s’ajoute au 9,3% en 2022 et de 9% en 2023 soit cumulé près de 24% entre 2022-2024 soit une diminution du pouvoir d’achat de près de 25%.

3. Qu’en est -il du rapport de la Cnuced concernant les IDE en Afrique dont l’Algérie ?

Le World Investment Report 2025 de l’ONU Commerce et Développement, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) donne les 20 pays africains qui ont attiré le plus les IDE en 2024 : pour l’Afrique 1-Egypte (46,57 milliards de dollars) -2-Ethiopie (3,98 milliards) -3-Côte d’Ivoire (3,80 milliards)- 4-Mozambique (3,55 milliards) -5-Ouganda (3,30 milliards)- 6-RDC (3,11 milliards)- 7-Afrique du Sud (2,46 milliards)- 8-Namibie (2,06 milliards)- 9-Sénégal (2,01 milliards)- 10-Guinée (1,82 milliard- 11-Tanzanie (1,71 milliard)- 12-Ghana (1,66 milliard) – -Maroc (1,63 milliard) – 14-Mauritanie (1,53 milliard) – 15-Kenya (1,50 milliard)- 16-Algérie (1,43 milliard)- 17-Zambie (1,23 milliard)- 18-Nigeria (1,08 milliard)- 19-Gabon (1,14 milliard)- 20-Tchad (1,01 milliard). Selon le dernier rapport de la Banque mondiale du 16 juin 2025, la ZLECAf moteur de croissance et de compétitivité de l’Afrique qui a un PIB en 2024 d’environ 3400 milliards de dollars et une population de 1,4 milliard d’habitants pourrait attirer 85% d’IDE intra africain et 120% depuis le reste du monde. Ainsi, l’Algérie en 2024 a été classée 16e rang sur le continent, ayant enregistré 1,43 milliard de dollars d’IDE contre 2,754 en 2009, 1,507 en 2015, 1,3 milliard de dollars en 2019, 1,1 milliard en 2020, 870 millions en 2021, 255 millions en 2022 et 1,2 milliard en 2023. C’est un montant relativement modeste devant retirer la part des hydrocarbures ce qui limite la croissance et la diversification de l’économie algérienne et bien que disposant pourtant d’atouts majeurs : d’importantes ressources naturelles, une position géographique stratégique et une main-d’œuvre jeune. Il est crucial d’accélérer les réformes pour créer un environnement d’affaires plus attractif. Les flux d’IDE vers l’Afrique ont cru de 75% en 2024, atteignant un niveau record de 97,03 milliards de dollars. L’Égypte domine largement le classement africain, ayant capté 46,57 milliards de dollars d’IDE en 2024 grâce à son projet phare. L’Éthiopie se classe deuxième avec 3,98 milliards de dollars, suivie de près par la Côte d’Ivoire (3,80 milliards). Le Mozambique (3,55 milliards), l’Ouganda (3,30 milliards), la RDC (3,11 milliards), l’Afrique du Sud (2,46 milliards), la Namibie (2,06 milliards), le Sénégal (2,01 milliards) et la Guinée (1,82 milliard) complètent le Top 10 africain. Cette croissance est toutefois largement attribuée à un seul méga projet en Égypte : le développement de la péninsule de Ras El-Hekma, porté par un fonds souverain d’Abu Dhabi. Si l’on exclut ce projet colossal, l’augmentation des IDE en Afrique se réduit à 12%, soit environ 62 milliards de dollars, de diversifier leurs sources d’IDE et de renforcer leur attractivité sur le long terme.

En conclusion, la compétitivité d’une économie ne peut être réduite à son PIB, à sa productivité ou à ses niveaux d’emploi ; elle ne peut être évaluée qu’en tenant compte d’une matrice complexe de dimensions politique, sociale et culturelle. Avant de s’engager dans un pays, les investisseurs tant nationaux qu’étrangers évaluent un ensemble de paramètres précis : la stabilité politique, la transparence des règles, la qualité des infrastructures, la facilité des démarches administratives, ainsi que la taille et le dynamisme du marché local. Ces éléments déterminent souvent la décision finale, à l’image d’un navigateur qui choisit sa route en fonction du vent et des courants. Et c’est la baisse des recettes en devises qu’il faut absolument combler par l’attrait des IDE qui expliquerait le gel de l’allocation devises de 750 € par adulte et 300 € par mineur une fois par an qui coûterait au Trésor public entre 3 et 4 milliards d’euros par an, selon le ministre des Finances et également le décret exécutif du 29 juin 2025 qui fixe les conditions et modalités d’exercice de la micro-importation par les auto-entrepreneurs dit commerce du cabas avec un plafond fixé à 1,8 million de dinars et deux voyages mensuels autorisés. Mais le problème qui se pose et le suivant : en l’absence de bureaux de change comme facteur de régulation, ces auto entrepreneurs bénéficieront-ils des devises au cours officiel de la Banque d’Algérie où iront-ils sur le marché parallèle, et dans ce dernier cas en plus d’autres demandeurs face à une offre limitée, la cotation de l’euro qui sera le 29/12/2025 à 263,50 dinars un euro s’orienterait à court terme inéluctablement vers 300 dinars un euro sinon plus.

A. M.

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