Sensibilisation sur l’émigration clandestine : Les prêches de la prière de demain dans les mosquées consacrés au phénomène

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L’émigration clandestine  a pris de proportions inquiétantes ces dernières semaines, a indiqué le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa. «J’ai appelé les imams des mosquées à travers les directions locales pour une mobilisation nationale de sensibilisation aux dangers de ce phénomène», a-t-il dit sur son compte Facebook officiel.

Le ministre a expliqué que cette action consiste essentiellement à donner «des conseils aux jeunes lors des halaqate, de prêches et d’activités organisés par les mosquées, afin de les prévenir de ces tentations criminelles», a-t-il soutenu. Tout en appelant les imams à consacrer le prêche de vendredi à ce phénomène, Mohamed Aïssa a affirmé qu’il soutient toute initiative qui contribue à une prise de conscience de la société. Le ministre a déploré que «des barques de la mort ravissent des enfants à leurs familles pour les jeter à la mer ou leur offrir une vie humiliante dans des centres de rétention à l’étranger». Ce n’est pas la première fois que les mosquées participent à une campagne de sensibilisation sur l’émigration clandestine. Mais l’appel du ministre a été interprété par certains comme un dévoiement de la mission religieuse de la mosquée. Mais pour Aïssa, cette action s’inscrit en ligne droite avec les missions principales de la mosquée dont l’une est d’enseigner le sens civique. «Si je savais qu’un prêche de vendredi pourrait sauver nos enfants des dangers de la harga, j’aurais recommandé de faire un millier de prêches sur le sujet», a-t-il rétorqué. Et d’ajouter : «Prenez des initiatives pour sauver les harraga au lieu de vous attaquer aux imams. Faites vite, car la saignée continue. Les mères des jeunes harraga nourrissent de l’espoir avec cette bougie allumée par les mosquées, ne vous bousculez pas pour l’éteindre, allumez plutôt vos lanternes car nous, nous ne possédons que les bougies. Seulement, sauvez nos enfants.» Le phénomène a pris une ampleur inquiétante ces dernières semaines. Les unités des gardes-côtes ont été mises en état d’alerte. Le dispositif de contrôle et de surveillance a été renforcé, notamment l’intensification des patrouilles en plein mer, afin d’intercepter les barques. «Mais la priorité principale est de sauver des vies humaines», a-t-on signalé. Les services de la police et de la gendarmerie se penchent particulièrement sur les passeurs. Si le démantèlement de ces bandes passe essentiellement par le renforcement du travail de renseignement, les enquêteurs insistent sur la responsabilité des familles. «Les parents doivent sensibiliser leurs progénitures sur les dangers et les risques des aventures meurtrières, et alerter les services de sécurité sur les organisateurs», a indiqué un officier de la police judiciaire chargé de l’enquête sur ce dossier. En effet, l’officier a relevé la difficulté de remonter les filières et de déterminer la connexion entre les réseaux de l’émigration clandestine et les organisateurs installés à l’étranger. Selon les premières investigations menées à l’ouest du pays, des harraga n’ont pas «payé» leur voyage, ce qui suppose qu’une fois arrivés à destination, ils vont devoir rembourser en travaillant pour des réseaux maffieux d’autant que parmi eux figurent des familles, des couples et des mineurs. Par ailleurs, certains rescapés ont avoué avoir versé une somme de 50 millions de centimes pour un «voyage sécurisé» à bord d’un zodiac. Les services de sécurité mènent également des enquêtes sur les affrontements armés en pleine mer entre des convois de harraga.

T.M