Sahara occidental: Arrivée de Staffan de Mistura à Tindouf

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(FILES) In this file photo taken on February 27, 2016 a Sahrawi woman holds a Polisario Front's flag during a ceremony to mark 40 years after the Front proclaimed the Sahrawi Arab Democratic Republic (SADR) in the disputed territory of Western Sahara. Morocco announced on November 13, 2020 that its troops have launched an operation in no man's land on the southern border of the Western Sahara to end "provocations" by the pro-independence Polisario Front. - / AFP / Farouk Batiche

L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, M. Staffan de Mistura est arrivé, hier, à l’aéroport de Tindouf, où il a été accueilli par le représentant du Front Polisario auprès de l’Organisation des Nations unies (ONU) et coordinateur avec la Minurso, M. Sidi Mohamed Omar.

Accompagné d’une délégation onusienne, M. Staffan de Mistura s’est rendu dans les camps des réfugiés sahraouis à Smara, deuxième halte de sa première tournée dans la région depuis sa nomination au mois de novembre dernier.  L’envoyé personnel onusien rencontrera, durant deux jours, les dirigeants sahraouis et écoutera leurs avis sur la question de la reprise des négociations avec le Maroc en tant que parties au conflit, et les moyens d’une relance constructive du processus politique au Sahara occidental, après le retour à la guerre. M. Staffan de Mistura avait entamé, jeudi, sa visite dans la région depuis Rabat, rappelle-t-on.

Prudence des responsables sahraouis Le wali de la wilaya de Boujdour (camps de réfugiés sahraouis), Azza Ibrahim Babih, a affirmé, hier, que les Sahraouis ne comptaient pas trop sur la visite de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, pour le règlement du conflit avec le Maroc, vu l’inaction du Conseil de sécurité onusien, appelant à la poursuite de la lutte armée jusqu’à l’indépendance. «La visite de M. De Mistura dans la région ne diffère pas de celles de ses prédécesseurs, a-t-elle souligné précisant que face à l’inaction du Conseil de sécurité et de l’ONU qui n’a pris aucune mesure sérieuse, le Maroc poursuit ses tergiversations et continue d’imposer sa politique du fait accompli». «Par conséquent, nous n’attendons pas que De Mistura apporte une solution», a déclaré Mme Azza Ibrahim Babih à la presse. «Les Sahraouis ne demandent pas l’impossible si ce n’est leur droit à l’autodétermination, un droit garanti par toutes les chartes internationales. Nous demandons seulement l’organisation d’un référendum», a-t-elle soutenu, rappelant que «le Royaume du Maroc avait signé et accepté l’organisation d’un référendum en 1991, mais une fois qu’il a réalisé que les Sahraouis se dirigeaient vers l’indépendance, il a entamé sa stratégie de tergiversations et d’obstacles, qui s’est étalée sur une trentaine d’années, sans guerre et sans paix». Le wali de Boujdour a souligné que la politique du Maroc fondée sur la stratégie du fait accompli, les violations des Droits de l’Homme dans les territoires occupés, et le pillage des richesses sahraouies «n’est plus tolérable tout comme le retour à la table des négociations et arrêt de la guerre est aussi rejeté». Elle a rappelé à ce propos qu’après l’agression marocaine contre des civils innocents à El Guerguerat le 13 novembre 2020 et la violation du cessez-le-feu et du plan de règlement, les Sahraouis étaient contraints de reprendre les armes. «Nous poursuivrons la lutte armée jusqu’à la libération de tous les territoires sahraouis occupés», a-t-elle ajouté. 

Staffan de Mistura «ligoté» par une feuille de route du Conseil de sécurité Le représentant du Front Polisario en Europe, Oubi Bouchraya Bachir, a affirmé que le nouvel envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, qui a pour mission, notamment de faire avancer la mise en application des solutions au conflit sahraoui, «reste ligoté par la feuille de route que lui tracera le Conseil de sécurité» de l’ONU. «En tant qu’envoyé spécial d’Antonio Guterres pour le Sahara occidental, ses prérogatives lui confèrent les moyens de faire avancer la mise en application des solutions au conflit et de mener les négociations entre les deux parties, ainsi que fédérer l’appui international nécessaire à l’application des avancées réalisées», souligne M. Bouchraya dans un entretien accordé,  vendredi, à l’agence russe Sputnik. Staffan de Mistura «reste néanmoins ligoté par la feuille de route que lui tracera le Conseil de sécurité», ajoute-il, réaffirmant par ailleurs, que la «nomination +bien qu’importante+, d’un envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental n’est pas un objectif stratégique majeur en soi». «Staffan de Mistura est un diplomate de stature internationale, dont la compétence et la probité morale et intellectuelle sont irréprochables», affirme M. Bouchraya Bachir, soulignant que «le Front Polisario a donné son accord en vue de sa nomination depuis le mois d’avril». Et d’ajouter que si «Le Maroc a pu retarder l’arrivée d’un autre diplomate à ce poste, dans le but de maintenir le statu quo qui dure depuis plus de 30 ans afin, in fine, de faire accepter à la communauté internationale son plan d’autonomie par le fait accompli, c’est dû essentiellement au laxisme de celui qui a la solution au conflit entre ses mains, c’est-à-dire le Conseil de sécurité, notamment ses membres permanents, qui a tourné le dos à ses responsabilités au Sahara occidental». A cet effet, poursuit le représentant du Front Polisario, «le Conseil de sécurité, notamment ses membres permanents, dont le rôle est de faire valoir le droit international, doit imposer au Maroc le respect de la résolution relative à l’organisation du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, afin que le bruit des armes cesse à jamais dans la région».