La tenue début novembre prochain à Alger du Sommet arabe permettra à l’Algérie, sous la direction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, de renouer avec son rôle influent sur le plan arabe, à la faveur d’une diplomatie agissante qui œuvre à renforcer les voies de la coopération et à unifier les vues concernant plusieurs questions et défis auxquels la région est confrontée.
Nonobstant les répercussions de la pandémie du coronavirus qui a limité les déplacements, l’Algérie a œuvré, ces trois dernières années, à intensifier ses efforts pour conforter sa coopération avec les pays arabes ainsi que ses démarches soutenues pour contribuer au règlement des crises dans la région, notamment en Libye, au Yémen et en Syrie, mais aussi son rôle constant pour le triomphe de la cause palestinienne juste. S’agissant de la cause palestinienne, la célébration du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale a été une occasion pour le président de la République de réunir le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le chef du bureau politique de Hamas, Ismaïl Haniyeh, lors d’une rencontre historique à Alger, après un froid qui aura duré plusieurs années. Les efforts d’unification des rangs palestiniens ont été couronnés par l’organisation d’une rencontre palestinienne fédératrice avant la tenue du Sommet arabe. En décembre 2021, le Président Abbas a été accueilli à Alger dans le cadre d’une visite lors de laquelle le Président Tebboune avait souligné que l’Algérie s’efforçait de mettre la question palestinienne au «cœur des priorités» du sommet arabe, souhaitant que cet événement important soit «inclusif et rassembleur» et constitue un «nouveau départ pour l’action arabe commune». «L’Algérie restera fidèle à ses principes authentiques appelant à faire respecter le droit et à soutenir les opprimés aussi longtemps que cela l’exige et quel qu’en soit le prix», a réitéré le Président Tebboune, ajoutant que la défense par l’Algérie de la cause palestinienne dans tous les fora internationaux et régionaux «constitue pour nous, avant tout, une question de loyauté». Quant au dossier libyen, l’Algérie a confirmé à maintes reprises, par la voix de son président, sa position constante soutenant le peuple libyen frère. Le chef de l’Etat a réitéré, à l’occasion de la rencontre gouvernement-walis, la solidarité de l’Algérie avec «les frères libyens jusqu’à ce que le pays renoue avec la stabilité et que ses richesses reviennent aux Libyens», affirmant que les élections sont «l’unique solution à la situation en Libye». «En l’absence d’une légitimité de l’urne, nous nous contentons de la légalité internationale, c’est-à-dire les décisions du Conseil de sécurité», a-t-il souligné, critiquant les tentatives de certaines parties de «former un gouvernement parallèle autre que celui reconnu par la communauté internationale, à savoir le gouvernement d’Union nationale».
Une diplomatie expérimentée Concernant la crise au Yémen, l’Algérie a appelé au dialogue entre les parties yéménites, rappelant constamment les principes de sa politique étrangère basée sur la non-ingérence dans les affaires internes des pays et le rejet de l’ingérence étrangère dans les conflits internes. Pour ce qui est de la Syrie, les contacts entre Alger et Damas n’ont jamais été interrompus, l’Algérie œuvrant sans cesse à ce que ce pays retrouve sa sécurité et sa stabilité et reprenne sa place aux plans régional et international. L’Algérie contribue également à l’effort collectif pour le règlement du conflit entre l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie concernant le barrage de la Renaissance, bâti par Addis-Abeba sur le Nil Bleu, en veillant à rapprocher les vues et à instaurer la confiance entre les parties concernées par le conflit et en œuvrant à les aider à surmonter les différends concernant ce dossier. Concernant la relation du monde arabe avec les pays du monde et leurs causes, l’Algérie jouit d’une place de premier plan grâce à sa diplomatie expérimentée. Ses efforts dans ce cadre se traduisent dans sa contribution à la résolution de nombreux problèmes épineux et dans ses démarches au sein du groupe de contact de la Ligue arabe au niveau ministériel sur «la crise en Ukraine», créé en vertu d’une décision du Conseil de la Ligue, le 9 mars 2022. Le groupe est composé des ministres des Affaires étrangères de l’Algérie, d’Egypte, de Jordanie, du Soudan, de l’Irak et des Emirats arabes unis.
Pour des relations bilatérales au service des peuples Au niveau des relations bilatérales, l’Algérie s’est attelée, ces dernières années, à relancer et renforcer ses relations avec les pays arabes. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a entamé son mandat présidentiel par une visite d’Etat en Arabie saoudite en février 2020 à l’invitation du Serviteur des deux lieux saints de l’Islam, le roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, avec lequel il s’est entretenu autour des voies et moyens de renforcer la coopération bilatérale, ainsi que la coordination et la concertation sur des questions d’intérêt commun. Le chef de l’Etat a eu, dès la levée des restrictions de déplacement liées à la pandémie de la Covid-19, une intense activité dans la région arabe. En décembre 2021, il effectuera une visite d’Etat en Tunisie couronnée par la signature de 27 accords et mémorandums de coopération et ponctuée d’entretiens autour de nombreuses questions d’intérêt commun. S’en suivra, début 2022, une autre visite d’Etat en Egypte, pays dont le Premier ministre se rendra plus tard en Algérie à l’occasion de la 8e session du la Haute commission mixte algéro-égyptienne. Les visites du Président Tebboune au Qatar et au Koweït, en février dernier, ont constitué également une occasion pour insister sur le renforcement de la coopération bilatérale et le soutien de ces deux pays frères aux efforts de l’Algérie visant à assurer le succès du Sommet arabe. Elles ont permis, en outre, de relever la convergence des vues au niveau bilatéral sur les questions régionales et internationales, notamment celles des pays arabes. Parallèlement à ces activités présidentielles, la diplomatie algérienne, représentée notamment par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, a effectué plusieurs visites dans nombre de capitales arabes. Ces visites interviennent essentiellement dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale et des préparatifs et de la coordination pour assurer le succès du Sommet arabe. L’activité remarquable de la diplomatie algérienne au niveau arabe coïncide avec son retour en Afrique et sur la scène internationale, conséquemment à la décision du Président Tebboune d’insuffler une nouvelle dynamique à cette diplomatie en créant sept postes d’envoyés spéciaux sous l’autorité directe du ministre des Affaires étrangères, pour les charger de la mission de conduire l’activité internationale de l’Algérie suivant des axes importants et au service des intérêts suprêmes du pays.
Une capacité reconnue dans la résolution pacifique des conflits Faisant de la solidarité arabe sa priorité, l’Algérie a, de tout temps, œuvré, inlassablement, pour l’unité du monde arabe à travers ses initiatives de rapprochement, d’unification de la parole et de l’action de ses Etats et le renforcement de leur position sur la scène internationale. «L’Algérie a toujours eu une action internationale qui compte et pèse dans le concert des nations, affichant sa capacité à jouer un rôle important dans la résolution pacifique des conflits et à mobiliser les Etats arabes pour une action commune», soutient le Dr Mohand Berkouk, analyste, spécialiste des questions géopolitiques. En effet, l’Algérie s’est toujours tenue aux côtés des pays arabes, à chaque fois que le besoin s’est fait ressentir, notamment aux côtés des peuples opprimés dans leur lutte pour la satisfaction de leurs droits fondamentaux. Au sein de la Ligue arabe, l’Algérie a toujours honoré le paiement de sa quote-part de l’aide financière destinée aux Palestiniens sans jamais claironner le montant des sommes versées, de l’aveu même des dirigeants palestiniens qui ont salué, à maintes reprises, cet «engagement indéfectible». «L’Algérie a répugné à faire étalage de l’aide qu’elle a pu accorder à tel ou tel pays, notamment à la Palestine, contrairement à d’autres pays qui n’hésitent pas à le faire savoir et même à monnayer ce soutien», relève le politologue et universitaire Hocine Kadri, qui rappelle le soutien «constant» et «désintéressé» de l’Algérie à la cause palestinienne. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait réuni, en juillet dernier à Alger, le président de l’Etat de Palestine, Mahmoud Abbas et le chef du bureau politique du Mouvement palestinien Hamas, Ismaïl Haniyeh, en présence des représentants de l’Autorité palestinienne et du Mouvement Hamas. Une rencontre historique qui intervient après un froid de plusieurs années. Ces efforts ont été couronnés par la tenue d’une conférence de rassemblement pour l’unité palestinienne, abritée par l’Algérie du 11 au 13 octobre, et qui a abouti à la signature par les participants de la Déclaration d’Alger qui constituera une plateforme solide pour la réalisation de l’unité entre les différentes factions palestiniennes.
Non-ingérence dans les affaires internes : un principe immuable Réputée pour être une terre d’accueil et de réconciliation entre les peuples, l’Algérie a, toujours, privilégié la recherche de règlement pacifique aux crises et conflits à travers le dialogue «inclusif et la réconciliation». C’est ce principe qui continue à guider l’action de l’Algérie dans ses efforts incessants pour la résolution du conflit en Libye. Alger a déjà accueilli plusieurs rounds de dialogue entre les différentes parties libyennes. En outre, l’Algérie a lancé, en 2021, une initiative pour faire avancer les efforts diplomatiques en vue de régler le différend autour du barrage de «la Renaissance» construit sur le Nil Bleu par l’Ethiopie, et source de tensions entre Khartoum, Le Caire et Addis- Abeba. Une initiative accueillie favorablement par les trois capitales. Par le passé, Alger a également pesé diplomatiquement dans la résolution de conflits touchant certains pays arabes. D’ailleurs, nombre de conflits et crises ont connu un dénouement à la faveur de la médiation algérienne dont le différend entre l’Irak et l’Iran, en 1975, aplani par l’entremise du président algérien Houari Boumediene. En effet, le 6 mars 1975, l’Irak et l’Iran signent les accords d’Alger pour résoudre les tensions entre ces deux pays sur la démarcation de la rivière frontalière de Chatt El Arab. En 1977, une guerre de quatre jours éclate entre l’Egypte et la Libye. C’est grâce, encore une fois, aux efforts du président algérien Houari Boumediene qu’un cessez-le-feu a été décrété. En 1989, l’Algérie, membre d’un comité tripartite désigné par la ligue des Etats arabes pour tenter de trouver une solution au conflit qui a débuté en 1975 au Liban, a réussi à faire accepter aux Libanais un plan en sept points, lors d’une réunion organisée à Taëf en Arabie saoudite, mettant ainsi fin à la guerre civile qui a ravagé ce pays. Fidèle à son principe de non-ingérence dans les affaires internes des autres pays, l’Algérie est restée ferme sur sa position politique dans le conflit en Syrie, plaidant pour le dialogue entre les différentes parties au sein du pays. Sur un autre plan, et par souci de renforcer davantage ses liens avec les Etats arabes, l’Algérie a adhéré à la zone arabe de libre-échange (Zale), ce qui a facilité les échanges économiques entre les deux parties et a également abrité, à deux reprises, la manifestation de «Capitale arabe de la culture», Alger en 2007 et Constantine en 2015.
T. M. / Ag.