Cette présente contribution est une synthèse de l’ interview que j’ai donnée à la télévision algérienne Al Hayat le 19 juillet 2023 de 21h) à 21h30 dont le thème est la visite du président de la République en Chine.
1 – La Chine est une grande puissance économique représentant en 2022, environ 20% du PIB mondial et 72% du PIB des BRICS. Les principaux clients de la Chine pour 2022 sont : les USA avec 16,2% où les importations en provenance des Etats-Unis ont fortement augmenté à 179,5 Md$), la : 397,1 Md$., l’ASEAN avec 15,8%, l’Union européenne avec 15,6%, Hong Kong 8,3%, le Japon 4,8%, la Corée du Sud 4,5% , l’Inde 3,3%, Taiwan 2,3%, la Russie 2,2% et le Brésil 1,7%. Pour les importations nous avons la Corée du Sud 7,4%, le Japon 6,8% , les USA 6,6%, l’Australie 5,2%, la Russie 4,5%, l’Allemagne 4,1%, la Malaisie 4,0%, le Brésil 4,0% et le Vietnam 3,2%.
En 2022, précisons qu’au niveau de l’Union européenne les échanges commerciaux Allemagne /Chine ont atteint en 2022 environ 280 milliards de dollars. Entre 2021, les importations en Chine de biens ont été de 2700 et les services 450 soit plus de 3200 milliards de dollars de biens et services et les exportations de biens ont été 3400 et les services à 400 milliards de dollars soit 3800 milliards de dollars de biens et services avec des réserves de change au 1er janvier 2022 dépassant les 3200 milliards de dollars.
2 – Selon les statistiques douanières algériennes de 2010 à fin 2020, avec une baisse en valeur entre 2021/2022, les exportations de la Chine à destination de l’Algérie ont totalisé environ 76 milliards de dollars. Ainsi, la Chine demeurait le principal fournisseur de l’Algérie avec une moyenne annuelle depuis 2013 de 8 milliards de dollars d’exportations vers l’Algérie. Alors que ses importations depuis l’Algérie, constituées essentiellement d’hydrocarbures, se sont chiffrées à seulement 14,793 milliards de dollars, donc un déficit commercial de l’Algérie avec la Chine à plus de 61 milliards de dollars (voir A. Mebtoul interview le 25 mai 2022 à Chine Magazine). Pour l’Algérie les réserves de change fin juin 2023 sont estimées à 70 milliards environ 0,2% des réserves chinoises, la part des exportations chinois vers l’Algérie entre 2021/2022, une moyenne de 7/8 milliards de dollars soit 0,02% des exportations chinoises et les importations de la Chine de l’ Algérie entre 2021/2022 sont inférieures à 1 milliard de dollars, étant une part négligeable au sein de la balance commerciale chinoise. La Chine a été le plus grand constructeur en Algérie avec la grande mosquée d’Alger, l’autoroute Est-Ouest et le complexe olympique d’Oran sont autant de projets parmi d’autres réalisés par la Chine en Algérie, encore que le reproche est la faiblesse du transfert technologique. Nous avons des projets toujours en négociation dont l’exploitation du Gara Djebilet contenant des réserves de 3,5 mds tonnes de fer (haute concentration de phosphore), l’entreprise nationale algérienne du fer et de l’acier (Feraal) ayant conclu un protocole d’accord avec un consortium chinois et le projet du port Centre d’El Hamdania qui devait être financé en partie par Exim Bank of China, d’une capacité de 25,7 millions de tonnes/an et d’un coût d’investissement de prévu entre 5/6 milliards de dollars, la réalisation du futur port en eau profonde était prévue pour durer 7 ans, où les travaux devaient démarrer en 2021 avec une première phase qui devait être sera livrée en 2025. Mais il faut être réaliste, les principaux partenaires de l’Algérie étant actuellement l’Europe et accessoirement les USA.
3 – L’Algérie, grâce à un partenariat gagnant-gagnant peut être un partenaire de premier plan pour la Chine en direction de l’Afrique ayant des réserves de change à fin juin 2023 d’environ 70 milliards de dollars, un endettement extrêmement faible moins de 3 milliards de dollars et d’importantes ressources naturelles. Elle privilégie son développement entretenant d’excellentes relations avec la Russie, la Chine, l’Europe et les USA et bon nombre de pays émergents optant pour la neutralité dans les conflits internationaux privilégiant le dialogue et le respect du droit international. Au cours de mes différentes fonctions en tant que que haut cadre de l’Etat que j’ai eu à exercer entre 1974 à ce jour, j’ai pu rencontrer différentes personnalités étrangères de tous les continents pour qui l’Algérie est un grand pays à importante potentialités et dont bon nombre d’Algériens n’en sont pas conscients. Elle peut réaliser la transition d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures, pouvant doubler, voire tripler son PIB afin d’être un acteur actif au niveau des BRICS, sous réserve d’une nouvelle gouvernance, la lutte contre la corruption qui ne date pas seulement d’aujourd’hui ayant pu le constater en tant que haut magistrat, premier conseiller et directeur général des études économiques à la Cour des comptes entre 1980/1983, de profondes réformes dont la réforme des institutions, du système socio-éducatif du primaire au secondaire au supérieur et de la formation socio-professionnelle qui doit coller avec l’environnement, de l’épineux problème du foncier, la réforme du système financier (banques, douane, fiscalité, domaine), cœur des réformes sans laquelle aucun développement n’est possible. Pour les grandes puissances, USA, Chine, Europe, Russie l’Algérie est acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine grâce aux efforts de l’ANP et de toutes forces de sécurité, connaissant la stabilité et la sécurité car sans sécurité, il ne peut y avoir de développement.
4 – Mais il ne faut jamais oublier que la Chine a une stratégie planétaire Ainsi, pour l’administration générale de la douane chinoise pour 2022 les investissements directs chinois en Afrique ont atteint 3,4 milliards de dollars, et les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont atteint un montant de 282 milliards de dollars en 2022, en hausse de 11% par rapport à 2021 et les importations chinoises en provenance d’Afrique ont totalisé 117,51 milliards de dollars, la plupart des exportations chinoises vers l’Afrique étant des produits finis (textile-habillement, machines, électronique, etc.), tandis que les exportations africaines vers la Chine sont dominées par les matières premières comme le pétrole brut, le cuivre, le cobalt et le minerai de fer, d’où un excédent commercial en faveur de la Chine. Aussi, l’Afrique mise, outre le renforcement de la coopération militaire sur la Chine pour des projets structurants lui permettant d’enclencher le processus de développement économique et la création de la richesse et de l’emploi. Le Plan exécutif pour la concrétisation conjointe de l’initiative de la Ceinture et de la Route de la soie que la Chine a lancée baptisée Belt and Road Initiative (BRI) ayant pour objectif d’améliorer les voies de communication et la coopération à l’échelle transcontinentale, est un projet porteur qui pourrait mettre l’Afrique au cœur des enjeux stratégiques. 2023/2030.
- A. M.