L’historien français, Gilles Manceron, vient de plaider pour que la France rende « librement accessibles » les archives de la Guerre d’Algérie, préconisant un arrêté de dérogation générale portant leur ouverture aux citoyens.
« Il serait temps que la France cesse de se distinguer parmi les démocraties par des entraves à la liberté d’accès à ses archives. Si les obstacles longtemps opposés à l’accès à celles de la Seconde Guerre mondiale ont été peu à peu levés, il en persiste d’importants concernant l’accès à celles d’une autre page de son histoire, celle des guerres coloniales, en particulier d’Algérie », a écrit l’historien, dans une réflexion publiée, samedi dans son blog personnel. Tout en considérant que son pays « n’a pas à rougir de son histoire », arguant de « nombreux épisodes qui sont pour ses citoyens d’aujourd’hui des motifs de fierté », il a ajouté que les archives en question « doivent être librement accessibles » à ces derniers, rappelant la disposition de la loi de la Première République, du 24 juin 1794, relative aux Archives nationales.Laquelle, a-t-il détaillé, stipule que « tout citoyen peut demander communication des documents qui sont conservés dans les dépôts des archives, aux jours et heures fixés », tout en consacrant le principe selon lequel l’accès aux archives est un « droit civique ».L’historien a ajouté qu’aujourd’hui « le besoin se fait sentir d’un arrêté de dérogation générale » portant ouverture des archives de la Guerre d’Algérie, comparable à celui de décembre 2015 concernant celles de la Seconde Guerre mondiale, rappelant la déclaration du président français, Emmanuel Macron, lors de sa visite à la veuve de Maurice Audin, le 13 septembre 2018, disant à cette dernière que « son mari avait été tué par les militaires qui le détenaient et que sa mort avait été rendue possible par un système autorisant l’armée à détenir et interroger tout suspect ».Ce système, a déploré l’historien, a « conduit à des milliers d’autres disparitions d’Algériens », rappelant la journée d’études organisée le 20 septembre 2019 en France afin d’aborder « le sort des disparus de la guerre d’Algérie du fait des forces de l’ordre françaises ». Une rencontre qui a été soutenue par les grandes organisations pour la défense des droits de l’homme et contre la torture, a-t-il noté. »Il y a eu, bien sûr, d’autres disparus durant cette guerre, mais ceux qui ont disparu du fait des forces de l’ordre françaises, puisque celles-ci dépendaient des autorités de la République, concernent directement notre nation et notre Etat d’un point de vue historique, mémoriel, juridique et archivistique », a-t-il insisté.