Récupération des fonds détournés: L’Etat affiche sa détermination

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Le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi,

Les autorités publiques au plus haut sommet de l’Etat semblent résolument déterminées dans leur processus de récupération des fonds détournés durant les vingt dernières années, tout en restant catégoriques sur la lutte contre toutes les formes de corruption et de malversation.

C’est dans cette optique que le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, a affirmé que les efforts de recouvrement des fonds détournés se poursuivaient tant au niveau national qu’à l’étranger, estimant que la valeur de ces fonds dépasse 20 milliards USD au niveau national. L’opération de recouvrement de «l’argent du peuple, entamée depuis 2019, se poursuit toujours à la faveur de la conjugaison des efforts des différents services de l’Etat mobilisés à cet effet», a-t-il poursuivi. Au niveau national, le ministre prévoit «une hausse de la valeur des fonds pillés et recouvrés qui ont atteint jusque-là 20 milliards USD comme annoncé dernièrement par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à l’occasion de sa rencontre périodique avec la presse», et ce, grâce «à la poursuite des procédures judiciaires de saisie et de confiscation au niveau national». «La justice a mis la main sur ces biens répartis sur les différentes wilayas du pays», a affirmé le ministre, citant, à ce propos, la confiscation «d’habitations, de biens touristiques, des villas luxueuses à travers les wilayas du pays, ainsi que des dizaines d’usines, dont des usines de montage automobile et d’autres opérant dans divers domaines, outre la saisie de bijoux et des pierres précieuses et la confiscation de 6447 comptes bancaires et 4203 véhicules, tous types confondus». Il s’agit, également, de «la confiscation de 23 774 biens mobiliers, de 425 habitations, et de 14 promotions immobilières, chacune comprenant jusqu’à 1000 logements». Au plan international, M. Tabi a rappelé «l’émission de 224 commissions rogatoires pour la récupération des fonds détournés, réparties sur 30 pays», soulignant que «la récupération de ces fonds et biens au niveau international est un processus difficile et compliqué, en raison de plusieurs facteurs dont la différence existante entre les systèmes judiciaires d’un pays à l’autre, et les réponses divergentes des pays à ce processus». A l’entame de l’opération, nous avons été confrontés à des pays non convaincus par la démarche. Néanmoins, l’ampleur des dégâts a convaincu ces pays de la nécessité de fournir aide et assistance pour la récupération des biens du peuple algérien», a-t-il ajouté. M. Tabi a en outre tenu à répondre à ceux qu’il a qualifiés de «sceptiques» qui ne croient pas en le bilan présenté par l’Etat en matière de récupération des fonds détournés, en disant «vous voulez minimiser les efforts déployés par les différents organes de l’Etat, qui ont déclaré une guerre féroce pour la récupération de ces fonds, mais nous continuons dans ce processus et nous avons tous les détails de ce bilan dans un rapport de 1400 pages». «De nouveaux chiffres détaillés vous seront fournis en temps voulu, car il est de notre devoir d’éclairer l’opinion publique sur la récupération de ses fonds détournés au niveau national et international, en ce sens que le citoyen a le droit de connaître le processus des fonds récupérés», a assuré le ministre. Pour sa part, le président de l’APN, Brahim Boughali, a salué les pas gigantesques franchis par l’Algérie dans la récupération des fonds détournés et la confiscation des biens pillés, soulignant qu’ils étaient à même de faire taire tous les sceptiques, soulignant que «les chiffres faramineux annoncés récemment par le président de la République à ce sujet, sont à même de faire taire tous les sceptiques».

Le président de la République avait appelé les Algériens, chacun à partir de son poste, à poursuivre le combat contre la corruption

 Le président de l’APN a fustigé ces sceptiques qui, a-t-il dit, «sortent la même rengaine pour décrédibiliser l’Etat et mettre en doute sa volonté de lutter contre la corruption et poursuivre les corrupteurs, et qui, dans le même temps, passent sous silence la corruption qui ronge des institutions qui prétendent construire et exporter la démocratie et taisent les crimes barbares dont sont victimes les militants des causes justes qui défendent les droits de leurs peuples à la vie et à la liberté». M. Boughali a, dans ce cadre, rappelé l’affaire de la militante sahraouie Sultana Khaya, qui, selon des médias, a été victime d’un scandale de corruption au Parlement européen impliquant le Maroc l’ayant évincée du Prix Sakharov pour le liberté de pensée. Cette affaire «met à nu cette connivence flagrante et vient s’ajouter aux épisodes de l’implication dans des affaires de corruption et d’achat des consciences», a-t-il soutenu. Le changement qui s’opère en Algérie pour édifier un Etat de droit est «global et intégré», et ce, dans le cadre de «la stratégie engagée par l’Algérie depuis l’accession au pouvoir de M. Abdelmadjid Tebboune, et qui a instauré un système législatif avec pour principal objectif l’institution d’un Etat de droit où les Algériens sont égaux en matière de droits et devoirs». L’Algérie nouvelle «commence à remédier à toutes les situations à travers l’application de la loi, chose que le Président Tebboune n’a eu de cesse de souligner», a-t-il ajouté, précisant que «cette mission a été confiée au pouvoir judiciaire». L’adoption d’un projet de loi traitant des principaux aspects de la corruption «témoigne de la poursuite des démarches visant à réaliser le changement escompté», a-t-il dit. Depuis le début de la législature, le Parlement a entamé «l’actualisation des lois ainsi que leur adaptation à la Constitution amendée», a-t-il fait savoir, précisant que «parmi les premières lois figure celle relative à la lutte contre toutes les formes de corruption». L’Algérie, a-t-il poursuivi, a «franchi de grands pas dans ce sens et redressé la situation dans un délai ne dépassant pas trois ans». Pour rappel, le président de la République avait appelé les Algériens, chacun à partir de son poste, à poursuivre le combat contre la corruption.  Dans un message à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, le chef de l’Etat a indiqué que «nous avons fait de grands pas ensemble dans la lutte contre la corruption et la responsabilisation des corrompus, et nous sommes toujours fidèles à cet engagement. J’appelle les Algériennes et les Algériens,  chacun à partir de son poste, en cette Journée internationale de lutte contre la corruption, à poursuivre le combat». Il faut dire qu’avec la poursuite des procès qui aboutissent à la condamnation de plusieurs anciens responsables, l’Etat aura affiché sa détermination en vue de venir à bout de la corruption et de toute sorte de malversations, des fléaux qui ont longuement porté atteinte à l’image du pays et causé d’énormes dégâts à l’économie nationale. En effet, la création de cette Haute Autorité constitue une étape importante dans la concrétisation de l’un des engagements du président de la République pour la moralisation de la vie publique et politique et le renforcement de la gouvernance à travers la lutte résolue contre la corruption, le renforcement du contrôle et la garantie de l’intégrité des responsables publics, la gestion saine des deniers de l’Etat et la consécration de la transparence.  Ceci intervient au moment où le gouvernement ne cesse d’insister sur la nécessité de simplifier les procédures et de lutter contre les lourdeurs bureaucratiques pour améliorer l’attractivité des investissements en Algérie, assurant que cela constitue un axe essentiel dans le programme du président de la République et du plan d’action du gouvernement, d’où l’impératif d’adapter les textes de loi, opter pour la numérisation et la simplification des procédures et lutter contre les lourdeurs bureaucratiques préjudiciables à l’attractivité des investissements. A cet égard, de nombreux experts et spécialistes en la matière ont plaidé pour la protection de l’économie nationale et des intérêts économiques du pays, en veillant au respect de la législation et règlements en vigueur relatifs à la circulation transfrontalière des marchandises, à la lutte contre le trafic illicite, la contrebande, le blanchiment d’argent et le crime organisé transfrontalier pour protéger l’économie nationale et préserver la sécurité des citoyens. Il s’agit également d’œuvrer à la promotion de la concurrence loyale entre les opérateurs et à l’encouragement de l’investissement et de la production des marchandises et des services, outre la contribution à la réalisation des équilibres financiers, à travers le recouvrement des droits et des taxes. Dans ce sens, l’ensemble des secteurs concernés ont été appelés à participer aux grandes réformes lancées par l’Etat pour la redynamisation de l’économie et la mise en place d’un nouveau modèle économique, à travers le renforcement de la protection de la production nationale et la contribution à l’amélioration du climat des affaires et à l’assainissement des domaines économique et commercial, en accompagnant la concrétisation d’une politique commerciale maîtrisée vis-à-vis de nos partenaires à même de servir les intérêts stratégiques de notre pays, de faciliter les exportations et d’investir les marchés extérieurs.

T. Benslimane