Récupération des fonds détournés: «Les auteurs devront dévoiler leurs emplacements secrets», affirme le Président Tebboune

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Algerie: 13.12.2019 Conférence de presse de Abdelmadjid Tebboune tenue après l'annonce des résultats de l'élection présidentielle.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a affirmé, dimanche soir, que la récupération des fonds détournés vers l’étranger était tributaire par le prononcé de jugements définitifs dans les affaires intentées à l’encontre des auteurs qui, a-t-il ajouté, «devront, un jour, dévoiler les emplacements secrets de ces fonds».

Le Président Tebboune a évoqué, lors de son entrevue périodique avec des responsables de médias nationaux, l’état d’avancement de l’opération de restitution des fonds détournés vers l’étranger, soulignant que cette question demeure l’un des principaux objectifs tracés, mais reste «tributaire du prononcé de jugements définitifs». La plupart des jugements rendus dans ce cadre ne sont pas définitifs, certains faisant l’objet de pourvois au niveau de la Cour suprême, a-t-il précisé. «C’est un point on ne peut plus important, notamment lorsqu’il s’agit des négociations menées par l’Algérie avec les Etats de l’Union européenne (UE), des Etats qui «traitent avec la loi et non avec les sentiments ou la volonté politique», a-t-il rappelé. «Les premiers contacts avec ces pays nous ont permis de percevoir une disposition à nous aider dans cette démarche», a ajouté le Président Tebboune. «Vous n’êtes pas sans savoir que pour ce qui s’est passé, des sociétés européennes sont impliquées et les fonds qui ont été détournés ont été investis en Europe et non en Algérie», a-t-il affirmé. Faisant état de «bonnes nouvelles» qui seront «annoncées le mois courant», le Président Tebboune a indiqué que les ambassadeurs de l’Algérie à l’étranger ont entamé des démarches pour la récupération de biens immobiliers, citant l’ambassadeur algérien à Paris qui a réussi à récupérer «44 biens immobiliers de l’Algérie, dont des appartements et des châteaux». Après avoir réitéré sa détermination à poursuivre cette démarche, le Président Tebboune a déclaré :  «Je suis toujours engagé par ma promesse, toutefois les circonstances que nous avons traversées n’étaient pas favorables, notamment la pandémie du Covid-19. Nous n’allons pas mettre en péril la vie de nos cadres (dans le cadre de l’opération de récupération) en les dépêchant en Europe où la moyenne d’atteinte au covid-19 reste très élevée», a-t-il poursuivi. Concernant les individus impliqués dans ces crimes qui font l’objet de poursuites judiciaires, le président de la République a fait savoir qu’«un jour, ces derniers devront dévoiler l’emplacement des fonds détournés. ça sera dans leur intérêt». Interrogé sur l’existence d’un recensement de ces biens en Algérie, le Président Tebboune a relevé que «cela reste marginal par rapport aux crédits bancaires dont ils avaient bénéficié. Des crédits s’élevant à près de 6.000 Mds de dinars dont uniquement 10 à 15% ont été récupérés jusqu’à l’heure actuelle, auxquels s’ajoutent les transferts illégaux effectués à travers les banques».

Les enquêtes sur l’argent sale «se poursuivent» Dans le même sillage, le Président Tebboune a assuré que les enquêtes sur l’argent sale «se poursuivent», dévoilant des tentatives de «susciter des problèmes sociaux et des manifestations en utilisant l’argent sale de personnes en détention». «Des tentatives auxquelles nous ferons face», a-t-il affirmé.

Par ailleurs, le chef de l’Etat a rassuré que l’Algérie parviendra, pendant l’année en cours ou au plus tard l’année prochaine, à un équilibre de sa balance des paiements, grâce à la politique de maîtrise des importations et de l’encouragement des exportations hors hydrocarbures. «Par rapport à 2019, la baisse des importations a été de 10 milliards USD en 2020, en dépit de la pandémie et ce, «grâce à la production, à la maîtrise de la surfacturation et un contrôle plus sérieux de certains services», a-t-il souligné. «Nous avons réalisé tout cela sans créer de déficit ou de pénurie», s’est-il félicité. Dans le même sens, le Président Tebboune a estimé le montant des fonds en circulation dans le marché parallèle entre 6.000 et 10.000 milliards de dinars, soulignant que les mesures adoptées pour drainer une partie de cet argent, notamment avec la généralisation de la finance islamique, sont à même de donner «un résultat positif». S’agissant de la pertinence de la proposition de changement de la monnaie nationale pour drainer les fonds en dehors du circuit bancaire, le chef de l’Etat a répondu qu’une telle démarche sera «sans résultat», expliquant qu’un changement de la monnaie nationale «entraînerait de longues files de citoyens modestes et non d’hommes d’affaires venant échanger des montants à coup de milliards».