Quelles sont les raisons et les impacts de la baisse des réserves de change de l’Algérie de 201O à juin 2O25 ?

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Les réserves de change internationales d’un pays,   richesse virtuelle, qu’il s’agit de transformer en richesses réelles sont, généralement, l’ensemble des disponibilités composant le portefeuille des actifs que sa Banque centrale détient (devises, or, droits de tirages spéciaux (DTS).

Quelle  a été l’évolution des réserves de change  en Algérie de 2020 à juin 2O25( source  Banque d’Algérie- 2OOO-2024) et ce   non compris les réserves d’or de 173 tonnes, le stock n’ayant  pas évolué depuis 2005, dont le prix connaît d’importantes fluctuations. – 2010 :  162,2 milliards de dollars, – 2011 : 175,6 milliards de dollars, – 2012 :  190,6 milliards de dollars, – 2013 : 194,0 milliards de dollars,  – 2014 :  178,9 milliards de dollars, – 2015 : 144,1 milliards de dollars,  – 2016 :  114,1 milliards de dollars, – 2017 : 97,33 milliards de dollars, – 2018 :  79,88 milliards de dollars, – 2019 : 62 milliards de dollars -2020 44,2 milliards de dollars  -2021 47 milliards de dollars – 2022 : 61 milliards de dollars – 2023, 69,5  milliards de dollars – 2O24 – 51,4 milliards de dollars selon  l’agence Africaine  APA citant la Banque d’Algérie –BA ,et fin juin 2025 , une baisse vertigineuse  à 39 milliards de dollars   soit un décaissement en six mois de 12,4 milliards de dollars. Ces données, sans compter les dépenses en dinars ,  n’ont  pas  encore été confirmées par le gouvernement algérien.  Signalons que  le document provisoire du FMI avait donné dans son rapport du 03 juillet 2O25 un montant de  réserves de change fin 2024 de 67  milliards de dollars, ce qui donnerait alors un décaissement de 28 milliards de dollars entre  janvier et juin 2025 : une explication de la  Banque d’Algérie s’impose pour rassurer l’opinion publique.

1.- Les six  facteurs qui expliquent la  baisse  des réserves de change

Premièrement. 

La faiblesse du  taux de croissance, non proportionnel aux importantes dépenses   ayant atteint 4,1 % en 2023 , 3,6 % en 2024,  avec une prévision de 3,5% en 2025.

Deuxièmement.

Le taux d’intégration entreprises publiques et privées ne dépassant pas  15% entre 2O24/  2025,  La croissance  des importations où en 2024 ,elles ont été  au cours de l’époque , 134 dinars un dollar, 47,4O milliards de dollars , un accroissement de près de 1O% par rapport à l’année 2023 auquel il faut ajouter entre 5/7 milliards de dollars de services, le document le plus pertinent n’étant  la balance commerciale , mais la balance de paiement. Cette tendance est confirmée pour 2025 par  l’Office National des Statistiques (ONS) de juillet 2O25, pour le premier trimestre 2025, la facture des importations connaissant  une hausse vertigineuse représentant un doublement du rythme de croissance des importations par rapport à l’année 2O24,  (+24,0 %)  qui avait connu une hausse de 14% par rapport à l’année 2023 résultant  essentiellement de la hausse des importations de biens (+26,3 %) montrant  la faiblesse de la production locale. Cette hausse des importations résulte de la forte demande intérieure plus de 10,4% sur un an, portée par une consommation des ménages et un investissement en hausse notamment dans le BTPH, avec des sorties de devises  pour les opérateurs étrangers, pas nécessairement des segments structurants à valeur ajoutée s’adaptant aux nouvelles mutations mondiales,  investissement tiré par la dépense publique via la rente des hydrocarbures, selon l’ONS d’environ 13,9% en volume, générant un besoin accru en équipements et intrants importés montrant la faiblesse de la production locale, le taux d’intégration des entreprises publiques et privées  ne dépassant pas  en 2024  15%,

Troisièmement.

 Face à cette hausse des importations,   la baisse des recettes d’exportation dont celles de Sonatrach, représentant y compris les dérivés pour  environ  98% des recettes en devises :   6O milliards de dollars en 2O22, 5O en 2O23  entre 43/44 milliards de dollars en 2O24, des prévisions si le cours  du barils selon l’AIE  fluctuent entre 63/65 dollars et 3O/35 dollars le mégawattheure pour le  gaz, des recettes inférieures à 4O milliards de dollars  e

Quatrièmement.

Nous avons  la faiblesse des exportations hors hydrocarbures ne pouvant exporter que si le pays possède  des entreprises compétitives en termes de coût/qualité, les entrées en devises  provenant  pour plus de 98% de la rente de hydrocarbures y compris les dérivées inclus dans  la rubrique hors hydrocarbures pour 67% qui ont baissé passant de 6,9 milliards de dollars en 2O22, à 5,01  en 2O23 et à 4,6O en 2O24. Pour 2O25, avec les taxes douanières imposées par els USA aux produits algériens d’environ 3O% , une grande fraction étant destinée vers ce pays dont les produits sidérurgiques et une partie   des dérivées d’hydrocarbures,  , et au vu du dernier rapport de l’organe officiel de la statistique du gouvernement ONS l paru en ce mois de juillet 2O25  qui note une contraction globale des exportations de biens et services de –3,8 % , le montant devrait etre encore plus bas en 2025

Cinquièmement.

 Le    niveau élevé des dépenses plus de 125 milliards de dollars pour la loi de finances 2025 avec le risque  de l’épuisement du fonds de régulation des recettes  fin 2025, comme le note le rapport du FMI de juillet 2025,  dépenses qui ne sont pas  proportionnelles aux impacts. La loi de finances prévisionnelle 2025, élaborée sur la base d’un prix de référence fiscal du baril de pétrole à 60 dollars et d’un prix de marché à 70 dollars (comme en 2024)  dépenses budgétaires de  16 794,61 milliards de dinars, soit 125,34 milliards de dollars, une hausse de 9,9 % par rapport à 2024 et les recettes budgétaires estimées à 8 523,06 milliards de DA (63,60 milliards de dollars), en augmentation de 3,5 % par rapport à 2024. Par conséquent, le déficit budgétaire devrait s’accentuer, passant de 7 039,66 milliards DA (19,8 % du PIB) en 2024 à 8 271,55 milliards DA (21,8 % du PIB) en 2025, soit 61,72 milliards de dollars au taux de change de 134 dinars pour un dollar.

Sixièmement.

 La     faiblesse de l’attrait d’investissements directs étrangers IDE , pour 2024, environ 1,4 milliard de dollars selon le dernier rapport 2025 de la CNUCED, plaçant l’Algérie à la 16eme place en Afrique dont d’ailleurs  ses principaux clients et fournisseurs  sont l’Europe

2.- Les quatre ’04)  impacts  de la  baisse des réserves de change

Premièrement.

 La baisse des réserves de change qui proviennent essentiellement de la rente des hydrocarbures  a un impact négatif  sur l’investissement intérieur via la dépense publique  et sans compensation  des IDE ill y a forcément  ralentissement de la croissance.et donc sur le taux de chômage  qui dépasse largement les 1O%  de la population active,, taux incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques et les emplois rente, le pays ayant besoin d’ un taux de croissance de 7/8% par an pour absorber un flux  additionnel annuel  nouveau de   35O.OOO/4OO.OOO/an qui ajoute au taux de chômage actuel.

Deuxièmement

 Les   réserves de change  tiennent la cotation du dinar officiel à plus de 7O% , l’écart entre le cours officiel et celui du marché  parallèle étant de plus de 74%  durant les mois de juin et juillet 2025.  Toute baisse des réserves de change, outre  la méfiance de l’investisseur étranger qui exige des garanties, devrait  amener à dévaluer la cotation officielle du dinar, accroissant ainsi le processus inflationniste

Troisièmement.

 La baisse des réserves de change du fait   de l’extériorisation de l’économie algérienne, influe sur le taux d’inflation malgré sa baisse relative en 2O24 de 4% contre 1O% en 2O22, , devant tenir du cumul des années passées. Selon l’ONS organe officiel du gouvernement entre 2001 et 2024, – la faiblesse de l’activité économique malgré les importantes dépenses,  ayant  ralenti de 4,1 % en 2023 à 3,6 % en 2024,  avec une prévision de 3,5% en 2025 . Sa baisse relative en 2O24 de 4% , devant tenir du cumul des années passées, où  selon l’ONS organe officiel du gouvernement , le coût de la vie  a presque triplé entre 2001 et 2024, l’Algérie ayant  vu son indice des prix à la consommation se multiplier par 2,8. Cette hausse  a  touché toutes les catégories de produits et services, mais c’est dans l’alimentaire que l’impact a été le plus important  3,1 fois,  les services  2,4 fois, et les secteurs du transport et des comminations de 2,3 fois, amoindrissant le pouvoir d’achat surtout des plus vulnérables.

Quatrièmement

La dette extérieure de l’Algérie   en 2024  est  inférieure à 3% du produit intérieur brut – PIB estimé à 266,78 milliards de dollars  ce qui laisse  des marges de manœuvres. Cependant  la baisse des réserves de change pourrait remettre en cause la politique  généreuse des transferts sociaux qui se sont élevés en 2024  à 19,17% du budget de l’État en nette augmentation par rapport à l’année 2023,  sans ciblage pour toutes les catégories, donc injuste par  définition,  et accroître à terme  la dette publique brute en 2O24 de 46% avec des prévisions en croissance entre 2025/2026   menaçant la cohésion sociale.

Conclusion.  

Il s’agit  de  ne pas renouveler  l’expérience roumaine  communiste où face à la baisse des réserves de change, il y au blocage  généralisé des importations  paralysant  tout l’appareil économique ce qui a provoqué   la ruine de l’économie, de vives  tensions sociales . Comme  je le recommande depuis plusieurs décennies, mais avons-nous été écouté,   et récemment  rejoint par les rapports de juin et juillet 2025 respectivement de la Banque mondiale et du FMI,  d’importantes réformes structurelles s’imposent , loin du cancer principal facteur du  blocage, la bureaucratie centrale et locale qui enfante d’ailleurs la corruption. L’Algérie  a besoins  d’une planification stratégique loin des actions conjoncturelles sous la pression des événements qui produisent des effets pervers, et ce afin d’ asseoir une économie diversifiée dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux, l’impératif s’orienter vers  une économie de marché à finalité sociale en libérant toutes les  énergies créatrices.

Pr des universités- Expert international- Dr d’Etat  Abderrahmane Mebtoul

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