La Corée du Nord a accusé samedi les Etats-Unis d’avoir présenté des exigences « dignes de gangsters », à l’issue d’une journée et demie de pourparlers avec les Américains à Pyongyang, contredisant le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, qui avait loué les progrès accomplis lors des discussions.
A son départ de Corée du Nord, le secrétaire d’Etat a estimé qu’il avait réalisé des progrès dans « presque tous les domaines primordiaux », même si, disait-il, il reste du travail à faire. Mais quelques heures après, Pyongyang a présenté une évaluation beaucoup plus négative de ces discussions, en estimant que Washington en avait fini avec l’esprit du sommet qui avait réuni le 12 juin à Singapour Donald Trump et le numéro un nord-coréen, Kim Jong-un. « Le camp américain n’a produit que son exigence unilatérale et digne de gangsters sur la dénucléarisation », a déclaré un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères, dont les propos ont été diffusés par l’agence de presse officielle KCNA. Selon le porte-parole du ministère nord-coréen, Mike Pompeo et sa délégation ont insisté sur une dénucléarisation unilatérale complète, vérifiable et irréversible. Au lieu de cela, a dit le porte-parole de Pyongyang, les deux parties devraient adopter une série de mesures simultanées, comme « raccourci » censé déboucher sur une péninsule coréenne dénucléarisée. « Nous étions partis du principe que la partie américaine allait venir avec une idée constructive, en pensant que nous pourrions en tirer quelque chose en retour », a dit le porte-parole. « Les discussions de haut niveau, cette fois-ci, nous ont conduits dans une situation dangereuse où notre volonté d’arriver à une dénucléarisation, qui a été ferme et solide, pourrait s’émousser, alors qu’il faudrait que la confiance se renforce entre la Corée du Nord et les Etats-Unis », a-t-il continué.
RENCONTRE LE 12 JUILLET
Le département d’Etat et la Maison blanche n’ont pas réagi pour le moment aux déclarations diffusées par KCNA. Dans la journée de samedi, Pompeo, qui effectuait sa troisième visite à Pyongyang, avait déclaré avoir passé « beaucoup de temps » à discuter d’un calendrier de dénucléarisation et de la possibilité d’obtenir un inventaire des installations nucléaires et balistiques de Pyongyang. Le chef de la diplomatie américaine, au moment de partir, a également annoncé que les deux parties se retrouveraient le 12 juillet pour parler du rapatriement des restes des soldats américains portés disparus pendant la guerre de Corée (1950-53). « Ce sont des problèmes compliqués, mais nous avons progressé sur presque toutes les questions centrales. Nous avons beaucoup avancé sur certains points, sur d’autres, il reste encore beaucoup de travail », a-t-il déclaré, s’adressant à un pool de journalistes. Avant de quitter Pyongyang pour se rendre à Tokyo, Mike Pompeo a serré la main de Kim Yong-chol, vice-président du comité du parti unique et ancien chef des services de renseignement nord-coréens qui a joué un rôle-clé dans l’organisation du sommet de Singapour. Selon Heather Nauert, porte-parole du département d’Etat, Mike Pompeo s’est montré « très ferme » sur trois exigences américaines : la dénucléarisation complète de la Corée du Nord, les garanties de sécurité et le rapatriement des restes des soldats américains portés disparus pendant de la guerre. « Il a parlé de tous les aspects de l’accord de Singapour », a-t-elle poursuivi, sans expliquer pourquoi le département ne mentionnait plus l’objectif initial d’une « dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible ». « Notre politique n’a pas changé », a-t-elle assuré à plusieurs reprises. « Notre attente est exactement ce que le président et Kim Jong-un ont convenu à Singapour, c’est à dire la dénucléarisation de la Corée du Nord. » Lors du sommet du 12 juin, Kim Jong-un s’est engagé à « œuvrer à la dénucléarisation de la péninsule coréenne », sans en définir les modalités ni le calendrier. Donald Trump a promis en échange de lui fournir des « garanties de sécurité » et à mettre fin aux manoeuvres militaires américano-sud-coréennes, que Pyongyang considère comme des provocations.