Mines grises, tristesse et chagrin se lisaient sur les visages des dizaines de personnes venues prendre part à la protestation organisée mercredi à l’université Djilali-Bounaâma de Khémis Miliana (Aïn Defla) suite à l’assassinat de l’un de ses enseignants, Karoui Bachir. Tout en rendant hommage au défunt et en s’inclinant à sa mémoire, des enseignants, des étudiants, des travailleurs de l’université ainsi que de simples citoyens ont tenu à crier haut et fort leur refus de voir la violence se banaliser à l’université et au sein de la société dans son ensemble.
«Notre présence aujourd’hui se veut un moment de recueillement, mais également un cri de colère face à la violence qui n’épargne même pas l’élite de ce pays», a lancé Traka Djamel, enseignant à la faculté de droit et des sciences politiques de l’université, observant que l’assassinat de Karoui Bachir constitue «la goutte de trop». Affirmant que beaucoup reste à faire en matière de respect de la vie et de la dignité humaine ainsi que de la science et des savants, il a soutenu que l’assassinat de Karoui Bachir est une perte difficilement remplaçable. «Le meurtre du défunt est révélateur du marasme vécu par l’université algérienne», at-il soutenu mordicus, regrettant dans la foulée que les cris condamnant la violence ne s’élèvent qu’une fois l’irréparable survenu. «Le fait que ce meurtre survienne durant le mois de Ramadhan, censé être le moment du pardon, de l’entraide et de la solidarité, renseigne sur la déliquescence atteinte par la société», a-t-il regretté, appelant à la nécessité de tout faire avant que la situation ne devienne irrémédiable. Se disant profondément affligé et indigné par cette tragédie qui endeuille, encore une fois, toute la communauté universitaire, Rekik Yacine, enseignant de la même faculté, a lancé un appel à la mobilisation et à la vigilance notamment à l’adresse des enseignants et des étudiants. «Le phénomène de la violence n’a jamais atteint un tel degré», at-il déploré, illustrant ses propos par les assassinats d’enseignants et d’étudiants, sans compter les blessés et les victimes de dépassements physiques et verbaux. Pour lui, la violence dont a été victime le professeur émérite ne peut, en aucun cas, être réduite au simple fait divers, émettant le souhait de voir la justice châtier les criminels afin d’anticiper sur toute velléité se rapportant à la violence. Tout en dénonçant toute forme de violence quel qu’en soit le mobile, le coordinateur de l’antenne provisoire du CNES de l’université de Khémis Miliana, Belhadj Djilali Smaïl, a estimé que l’assassinat du professeur Bachir Karoui constitue une perte pour l’université algérienne de façon générale. Le niveau intellectuel et scientifique du regretté lui a valu de représenter l’Algérie à nombre de séminaires internationaux, a-t-il souligné, estimant paradoxal qu’un homme de loi ait été assassiné par des étudiants en droit censés mesurer la gravité de leur acte.