Depuis plusieurs décennies (voir nos contributions 1974/2024), j’ai appelé les pouvoirs publics à la préparation de propositions viables et modernes afin de donner de plus larges prérogatives aux élus, ce qui pose la problématique de la décentralisation autour de six à sept à grands pôles régionaux, les nouvelles technologies permettant d’économiser la création de nouvelles structures bureaucratiques et ce afin de favoriser le développement et une société participative.
1- L’Algérie s’étend sur 2. 380 000 km 2 dont 2. 100 000 km2 d’espace saharien, partageant des frontières terrestres avec ses 7 pays voisins : la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Maroc, le Niger, la Tunisie et le Sahara occidental, pour un total de 6511 km. La densité paraît faible, mais les 9/10e de la population sont concentrés sur les terres du Nord. L’objectif stratégique à l’horizon 2025/2030 est d’éviter que plus de 95% de la population vive sur moins de 10% du territoire et avoir une autre vision de l’aménagement de l’espace. Il convient de prendre le soin de ne pas confondre l’espace géographique avec l’espace économique qui intègre le temps, l’espace étant conçu comme surface, distance et comme ensemble de lieux. Il y a lieu d’éviter des constructions anarchiques avec le manque d’homogénéisation dans le mode architectural, un taux accéléré d’urbanisation avec des bidonvilles autour des grandes villes, avec le risque de l’extension de nouvelles formes de violence à travers le banditisme et de maux sociaux comme la drogue et la prostitution. Or dans bon nombre de wilayas, l’on peut constater des routes, des infrastructures et des ouvrages d’art qui ont coûté à la collectivité nationale plusieurs dizaines de milliards de centimes inutilisables en cas d’intempéries, des routes éventrées à l’intérieur des villes , des ordures qui s’amoncellent à travers des quartiers périphériques, des logements que les citoyens refont, surtout les secondes œuvres avec des VRD non finies, des espaces verts qui font place à du béton, la construction d’unités dangereuses et polluantes près des villes, des sites touristiques, près des côtes, contenant plusieurs centaines de lits et qui déversent à la mer leurs déchets. Cela témoigne d’actions urgentes dont la responsabilité ne concerne pas seulement un département ministériel, mais à la fois plusieurs ainsi que les collectivités locales. Cette situation peut avoir des conséquences très graves, avec la « bidonvilisation » sur le plan sécuritaire qui a un coût, d’où l’importance d’une politique coordonnée d’ aménagement du territoire d’où l’importance d’ne véritable décentralisation que je définis comme un mode d’organisation de l’Etat qui confère à la région un rôle et un statut économique propre, caractérisé par une autonomie relative mais non indépendante de l’Etat régulateur central pour les grandes orientations stratégiques tant politiques qu’économiques, cette autonomie étant donc encadrée par l’autorité nationale. Toute décentralisation économique appelle les questions fondamentales suivantes : compétences des régions ; règles de composition et de fonctionnement des assemblées et exécutifs régionaux ; ressources des régions ; relations avec le pouvoir central ; modalités de transfert aux pouvoirs régionaux et enfin concertation entre régions. La mise en place de la décentralisation économique doit avoir pour conséquence un meilleur gouvernement réel ressenti comme tel par la population, l’argument de base résidant dans la proximité géographique. Cela signifie qu’il existe une solution locale aux problèmes locaux et que celle-ci est nécessairement meilleure qu’une solution nationale. La diversité des situations locales impose une diversité de solutions pour s’adapter aux conditions locales spécifiques. La décentralisation économique suppose une clarté dans l’orientation de la politique socio-économique évitant des tensions et conflits entre le pouvoir local et central et des concurrences entre le centre et la périphérie ce qui permet un nouveau cadre de pouvoir avec des nouveaux acteurs, de nouvelles règles et de nouveaux enjeux avec des nouvelles stratégies élaborées. La création d’un nouvel espace public devrait favoriser un nouveau contrat social national afin de rendre moins coûteux et plus flexible le service public et génèrerait une nouvelle opinion publique, voire une nouvelle société civile et l’émergence de thématiques communes, des modes de propositions communs et donc déterminerait des choix collectifs optimaux. Car une centralisation à outrance favorise un mode opératoire de gestion autoritaire des affaires publiques, c’est-à-dire une gouvernance qui s’impose par la force et l’autorité loin des besoins réels des populations.. Après le tout Etat, l’heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale. C’est dans ce contexte, que les collectivités locales doivent apparaître comme un élément fédérateur de toutes les initiatives qui participent à l’amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d’un espace. Il y a lieu de penser à un autre mode de gestion, de passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités locales entreprises et citoyennes responsables de l’aménagement du développement et du marketing de son territoire. Cette nouvelle organisation institutionnelle, ne sera efficace que sous réserve d’objectifs précis, d’opérer un nécessaire changement qui passe par une approche basée sur une identification claire des missions et responsabilités et une restructuration des fonctions et des services chargés de la conduite de toutes les activités administratives, financières, techniques et économiques. Il ne s’agira pas d’opposer le rural à l’urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites mais d’organiser leurs solidarités en favorisant une armature urbaine souple. Cela implique une nouvelle architecture des villes, des sous systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants bien que autonomes dans leurs décisions L’efficacité des mesures d’aménagement du territoire pour favoriser les activités productives, impliquent la refonte des finances locales et des taxes parafiscales sans laquelle la politique d’aménagement du territoire aurait une portée limitée devant s’appuyer sur le système de péréquation entre les régions pauvres et riches
2.-L’ objectif stratégique à l’horizon 2025/2030 est d’avoir une autre vision de l’aménagement de l’espace afin de rapprocher l’État du citoyen pour sa participation à la gestion de la cité, ce qui suppose une profonde réforme de l’État et une démocratisation de la société tenant compte de son anthropologie culturelle. En tant que responsable de la politique économique et animateur-régulateur, l’État aura vraisemblablement à se dessaisir des charges d’administration en rapport avec la gestion des territoires des communes, pour permettre à ces dernières d’assumer pleinement leurs missions de managers de leurs espaces respectifs. Les transferts de compétences de l’État vers les collectivités territoriales doivent être accompagnés d’un abandon effectif de la mission correspondante par les services de l’État et du redéploiement de l’intégralité des agents de l’État concernés pour éviter les doublons entre les actions de l’État et des collectivités territoriales. C’est pourquoi la fonction de wali – dont le rôle essentiel est l’animation et la coordination des communes – ne doit plus répondre aux critères actuels où l’administratif prime, mais à des hommes managers d’un niveau intellectuel élevé et d’une haute moralité autour de technopoles qui sont de véritables moteurs de croissance pour les pays, si tant est que les décideurs réalisent le bon choix de modèle en fonction du contexte du pays, la réussite impliquant plusieurs actions coordonnées. – Premièrement, impliquer les acteurs-clés. Pour créer les conditions qui permettront à la fois d’attirer les investissements, de créer de l’emploi et de stimuler les innovations, la métropole doit être assise sur les technopoles. Elle doit être soutenue à la fois par les acteurs publics, notamment dans le domaine des incitations fiscales, des subventions temporaires, du foncier avec toutes les utilités et commodités – Deuxièmement, l’efficacité doit reposer sur un modèle opérationnel performant. En matière de gouvernance, la pérennité de la technopole repose sur une autonomie de gestion et une autonomie financière qui lui permettent de dynamiser la recherche de clients entreprises et pour des partenariats avec des entreprises externes. Pour contribuer durablement à la création d’emplois dans le pays, la technopole doit s’inscrire dans le cadre d’une politique d’innovation nationale définissant les secteurs prioritaires (industrie, énergie, agroalimentaire, services. – Troisièmement, le modèle de financement et d’exploitation de la technopole doit être construit en y associant plusieurs partenaires dans le cadre d’un partenariat public-privé nécessitant un cadre réglementaire incitatif afin de faciliter le financement des jeunes entreprises. – Quatrièmement, les technopoles doivent s’insérer dans le cadre de la concurrence internationale. Il s’agit de faire le marketing de l’offre en matière de prestations offertes aux entreprises (centres de conférences, bibliothèque, salles de réunions, helpdesk…). Comme je l’avais préconisé ((voir l’ouvrage collectif pluridisciplinaire regroupant économistes, sociologues, politologues, sous ma direction « Réformes et démocratie » par aux éditions Casbah en 2005), la structure qui me semble la plus appropriée pour créer ce dynamisme, une micro wilayas n’attirant pas des investisseurs potentiels qui ont besoin d’un grand marché, ce sont les chambres de commerce régionales autour de six à sept pôles régionaux qui regrouperait six à sept gouverneurs assisté de walis managers , représentant le gouvernement une femme ou un homme politique, regroupant des wilayas relativement homogènes, les représentants de la société civile ,les syndicats les élus locaux , les présidents d’APC dont il convient de renforcer leurs prérogatives , les entreprises publiques/privées, les banques, les centres de formation professionnelle, et les universités/centres de recherche . L’action de ces grandes chambres de commerce régionales , lieu de concertation mais surtout d’impulsion pour la concrétisation de projets serait quadruple : premièrement, dynamiser les infrastructures de base et préparer des sites confiés à des agences de promotions immobilières publiques et privées ; deuxièmement, l’avenir appartenant au savoir, mettre à la disposition des sociétés une main-d’œuvre qualifiée grâce à un système de formation performant et évolutif allant des ingénieurs, aux gestionnaires, aux techniciens spécialisés et ce, grâce aux pôles universitaires et des centres de recherche, Par exemple, la chambre de commerce offrira un poste pour 10 candidats en formation, les 90 % non retenus ne constituant pas une perte pour la région. L’apprentissage en dynamique est un capital humain pour de futures sociétés qui s’installent dans la région, une société installée payant des impôts qui couvriront largement les avances en capital de la formation avancée. Car les sociétés ont besoin de l’accès aux chercheurs, aux laboratoires pour les tests d’expérimentation et l’université a besoin des sociétés comme support financier et surtout d’améliorer la recherche. Les étudiants vivent ainsi la dialectique entre la théorie et la pratique. La troisième action est de favoriser des entreprises souples reposant sur la mobilité et les initiatives individuelles et collectives ce que j’appelle des équipes auto- dirigées (voir l’expérience japonaise et sud coréenne) ; la quatrième action, la chambre de commerce intensifient les courants d’échange à travers différentes expériences entre les régions du pays et l’extérieur et l’élaboration de tableaux de prospectifs régionaux, horizon 2025//2030 avec la mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités( voir notre contribution l’expérience du pôle régional de Greenville USA www.google -Mebtoul 1995 suite à une longue tournée que j’ai effectuée aux USA ).
En conclusion, la pleine réussite de ce processus complexe de la décentralisation, autour de grands pôles régionaux, action éminemment politique implique de poser le rôle de l’Etat et son articulation avec le marché. L’aménagement du territoire plaçant l’homme pensant et créateur au cœur du développement doit réaliser un triple objectif : une société plus équilibrée et plus solidaire, la croissance au service de l’emploi et mettre l’Algérie au cœur du développement de la Méditerranée et de l’Afrique, les zones franches devant rentrer dans ce cadre espace naturel de l’Algérie, afin de favoriser une prospérité partagée.