Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a présidé, jeudi dernier, un Conseil interministériel consacré à l’examen du dossier relatif au reste à réaliser du programme de logements et aux contraintes rencontrées pour sa concrétisation.
A cette occasion, le Premier ministre a rappelé l’importance accordée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à ce dossier et ses directives données lors du Conseil des ministres du 18 janvier 2020 en vue de finaliser, dans les meilleurs délais, les programmes de logements en cours de réalisation, souligne le document. A cet effet, l’exposé présenté par le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Kamel Nasri, a fait ressortir un portefeuille restant à réaliser, au 1er Janvier 2020, tous segments confondus, de 974 300 unités dont 648 643 en cours de réalisation et 325 657 non lancées, précise le document. La réalisation de ce programme est confrontée à deux contraintes majeures à savoir, l’absence des financements pour l’achèvement des viabilisations des logements réalisés et en cours de réalisation, en vue de permettre leurs livraison et attribution, d’une part, et la rareté du foncier pour l’implantation des programmes location-vente (AADL) et social non lancés au niveau de certaines wilayas, d’autre part, selon le communiqué. Par ailleurs, d’autres contraintes ont été signalées concernant les programmes de logements aidés, le logement social et l’habitat rural, liées principalement aux procédures de gestion imposées (déglobalisation par commune des aides, établissement des listes des bénéficiaires, choix des promoteurs, etc.). Ainsi, après avoir pris connaissance des problématiques soulevées, le Conseil a examiné «les voies et moyens à même de permettre de lever les contraintes rencontrées en tenant compte des insuffisances constatées en matière de financement et de disponibilité des terrains d’assiette dans les wilayas à forte demande de logements». Intervenant à l’issue des différentes contributions, le Premier ministre a arrêté plusieurs mesures et décisions, dont «la prise de toutes les dispositions nécessaires à l’effet d’accompagner la réalisation du programme en cours par les financements requis». Dans ce cadre, un planning prévisionnel pluriannuel de financement sur la période 2020-2024 devra être établi, en accordant la priorité, dans le cadre de la loi de finances complémentaire pour 2020, à la prise en charge des viabilisations des logements achevés et en voie d’achèvement, ainsi que leur raccordement aux réseaux d’électricité et de gaz, en vue de leur attribution durant l’année en cours. Il a également été décidé d’améliorer le management des projets de réalisation de logements à travers une coordination «plus efficace» du travail et le respect des délais de réalisation. Dans ce sens, un dispositif de coordination et de suivi «rigoureux» devra être mis en place au niveau des walis, à travers des réunions périodiques à tenir avec l’ensemble des parties prenantes au projet, en amont de son lancement et pendant toutes les phases de réalisation. A cet effet, des comptes rendus mensuels de l’état d’avancement des différents programmes restant à réaliser devront parvenir au Premier ministre. Djerad a également ordonné de dégager les assiettes foncières déjà identifiées nécessaires à l’implantation de certains programmes non encore lancés dans un délai de 15 jours et poursuivre l’opération de régularisation des terrains abritant les programmes de logements pour permettre la délivrance des actes aux propriétaires. Il a été aussi décidé que les walis devront agir pour la concrétisation du programme de logements dont ils ont la responsabilité (logement social, logement public aidé, habitat rural, lotissements sociaux) à travers l’accélération des procédures de déglobalisation des aides par commune, d’établissement des listes des bénéficiaires et de choix des promoteurs. «Je vis la réalité du citoyen et je n’accepterai jamais qu’il y ait un citoyen de première zone et un autre de deuxième ou de troisième zone. Les fruits du développement doivent s’étendre à toutes les régions et à l’ensemble des citoyens»
A cet effet, un travail de numérisation des procédures doit être mené pour assurer plus de transparence dans la gestion du dossier du logement au niveau local, tout en maintenant une communication permanente avec la population. Dans le cadre de la conception des nouveaux programmes de logements à lancer, des orientations ont également été données à l’effet d’engager un travail «urgent» de cartographie des demandes de logements en vue de cerner le besoin réel par wilaya, de privilégier l’implantation de logements au niveau des pôles satellites autour des villes pour éviter les grandes concentrations de populations, ainsi que de prévoir toutes les commodités nécessaires pour offrir un logement décent aux citoyens. Dans le cadre du programme complémentaire d’urgence, il a été procédé à l’élaboration d’un programme d’information au niveau de toutes les wilayas recensant les projets de proximité prioritaires, ce qui a permis d’arrêter un programme spécifique des besoins prioritaires exprimées par les wilayas. Il sera pris en charge sur la base d’un montage financier entre budget de l’Etat et Fonds de développement des Hauts-Plateaux et du Sud. A ce propos, le président de la République a ordonné le transfert des plans communaux de développement non encore réalisés en faveur des besoins réels des populations des communes. Il a ordonné, en outre, de déclarer la guerre contre le gaspillage et les dépenses douteuses et de lutter fermement contre la corruption, grande et petite, par tous les moyens légaux. Par ailleurs, le président Tebboune a instruit le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire ainsi que les autres ministres concernés, de trouver une solution aux zones d’ombre enclavées pour leur assurer les services nécessaires en termes d’eau, d’électricité et de routes, pour que leurs populations sachent qu’elles sont des citoyens à part entière. Il a exhorté également les walis à réaliser un recensement global des zones d’ombre où vivent des citoyens défavorisés, soulignant dans ce sens : «Je vis la réalité du citoyen et je n’accepterai jamais qu’il y ait un citoyen de première zone et un autre de deuxième ou de troisième zone. Les fruits du développement doivent s’étendre à toutes les régions et à l’ensemble des citoyens». «Si une zone est dépourvue d’électricité, les autorités locales doivent la raccorder au lieu le plus proche où elle est disponible. A défaut, les kits d’énergie solaire peuvent être utilisés. Si le raccordement au réseau AEP est impossible, il faut recourir à l’approvisionnement par citernes. S’il est impossible de construire une école en raison du nombre insuffisant d’élèves, il faut construire une classe», a-t-il ajouté. Pour rappel, le Premier ministre avait indiqué avoir reçu les orientations et les directives du président de la République pour que la démarche du gouvernement soit axée sur la concrétisation de l’ensemble des engagements du programme présidentiel, en insistant plus particulièrement sur l’urgence du volet social. Dans ce domaine, les objectifs sont multiples et visent l’amélioration des conditions de vie des citoyens, la préservation de leur pouvoir d’achat et la réalisation d’un programme ambitieux de logements, a-t-il souligné. Le Premier ministre a affirmé que le gouvernement se penchera sur les mesures de nature à prendre en charge les principales préoccupations et les différentes attentes des citoyens, mettant l’accent sur l’importance d’entamer une nouvelle ère basée sur le dialogue et la concertation avec l’ensemble des acteurs politiques, sociaux et économiques, dans un esprit de participation et de partenariat. Dans cet esprit, le gouvernement compte également faire appel aux partenaires sociaux pour prendre part aux échanges qui seront lancés incessamment par tous les secteurs d’activités, afin de réunir les conditions optimales pour la mise en route des fondements d’une Algérie nouvelle et la concrétisation, jour après jour, des engagements pris par le président de la République et dont le gouvernement s’attelle à mettre en place les instruments nécessaires. Djerad a mis l’accent, en outre, sur la nécessité de veiller, en substance, à débureaucratiser «définitivement et avec détermination» les procédures administratives qui concernent directement les citoyens, moderniser les rapports entre les administrations et les agents économiques afin de garantir une réglementation appropriée, cohérente et qui soit à même de créer un environnement favorable au développement économique et respecter les obligations de transparence, notamment les délais relatifs à la déclaration de patrimoine et éviter tout conflit d’intérêt éventuel. Dans ses orientations aux membres de son staff, ile Premier ministre a insisté sur la nécessité de présenter les contenus des politiques publiques que le gouvernement s’attellera à mettre en œuvre, en déclinant les finalités et les objectifs recherchés. Mettant en avant le souci des pouvoirs publics d’inaugurer une nouvelle ère fondée sur le dialogue et la concertation avec l’ensemble des acteurs sociaux et économiques dans un esprit faisant prévaloir le dialogue «franc, responsable et constructif», il a appelé les membres du gouvernement à «ouvrir, sans attendre, ces canaux de concertation avec l’ensemble de leurs partenaires». Le Premier ministre avait souligné, en outre, l’engagement du gouvernement à «faire preuve d’une écoute attentive aux aspirations sociales portées par les partenaires sociaux et de rétablir la confiance, en étant rassuré du degré de maturité dont ils ont fait preuve jusqu’à présent face à la situation vécue par notre pays».
T. Benslimane






