Après moins d’une semaine, les étudiants ont remis ça et organisé de grandes actions de protestation contre le cinquième mandat. Hier, des marches et rassemblements ont eu lieu dans quasiment tous les campus du pays.
A Alger, des centaines d’étudiants issus des facultés de Médecine et de Littérature à Ben Aknoun ont organisé hier, des sit-in et improvisé une marche scandant, notamment, des slogans pour la dignité des étudiants et le changement politique. Ces étudiants des facultés de Médecine, de Littérature et du Droit ont scandé des slogans contre un nouveau mandat du président sortant, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : «Marche pacifique», «Dignité, respect pour les étudiants», «Libérez l’université», et «Libérez l’Algérie». Des étudiants, auxquels se sont joints des jeunes, ont improvisé une marche pacifique sur le chemin menant de Chevalley vers le complexe olympique Mohamed-Boudiaf, perturbant ainsi momentanément la circulation automobile, tandis qu’un dispositif sécuritaire renforcé encadrait les lieux. A la Fac centrale, à Alger centre, un important dispositif policier est déployé autour du campus dès la matinée.
Vers 14h00, les étudiants ont pu se rassembler en grand nombre à la place Audin. La police n’intervient pas, se contentant de les empêcher de remonter le boulevard Mohamed V menant vers les hauteurs d’Alger, et le siège du Conseil constitutionnel. A Ben Aknoun, des échauffourées ont été enregistrées près du siège du ministère des Travaux publics et de l’ambassade du Canada, sur la route menant vers El Biar et le Conseil constitutionnel. La police utilise le canon à eau pour disperser la foule. Simultanément, des milliers d’étudiants marchaient à Constantine. Une grande manifestation a été organisée dès les premières heures de la matinée. Des milliers d’étudiants de l’université des frères Mentouri 1 se sont rassemblés en masse pour dire non au cinquième mandat. Des slogans appelant au départ du système et exprimant le refus de la candidature du président sortant ont été scandés par les étudiants qui ont insisté sur la nécessité de maintenir le caractère pacifique du mouvement. Des scènes similaires ont été constatées à l’université Ali Mendjeli 3.
D’autres universités du pays ont également bougé, ce dimanche 3 mars, dernier délai du dépôt des dossiers de candidature. A Oran, des milliers d’étudiants ont marché au centre-ville. L’ambiance était festive et la détermination est grande pour s’opposer à un cinquième mandat du président sortant. Ils étaient aussi des milliers d’étudiants à sortir dans la rue à TiziOuzou, arpentant le traditionnel itinéraire des marches dans la ville des Genêts, soit de l’université à Hasnaoua jusqu’à la place de l’Olivier. Des marches similaires ont eu lieu depuis la matinée à Bordj Bou-Arréridj, Mostaganem, Skikda, Bouira, Mascara, Aïn Témouchent, Annaba, Guelma, Tiaret… Même à Tlemcen, fief supposé de Bouteflika, les étudiants ont marché. Partout les marches ont été pacifiques et surtout festives. La révolte joyeuse est en marche. C’est la deuxième fois que les étudiants manifestent contre le cinquième mandat en moins d’une semaine. Mardi dernier, des rassemblements et des marches ont eu lieu dans les campus et dans la rue à travers tout le pays.