Près de 24 millions d’électeurs appelés hier aux urnes: L’heure de vérité pour les candidats

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Près de 24 millions d’électeurs ont été appelés aux urnes hier pour élire leurs représentants aux Assemblées populaires communales et de wilaya (APC/APW), un scrutin qui constitue le couronnement du processus d’édification institutionnelle et devant marquerle passage à une nouvelle gouvernance des collectivités pour imprimer une forte impulsion au développement local.

Le corps électoral s’est élevé, au terme de la révision exceptionnelle des listes électorales, à 23 717 479 électeurs et électrices, selon les données communiquées par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), instance qui supervise tout le processus électoral. Les opérations de vote anticipées ont débuté le 24 novembre, à travers les bureaux itinérants, dans les zones éloignées des wilayas du sud du pays, soit 72 heures avant le scrutin national, conformément à la Loi organique portant régime électoral. Le nombre de candidats pour les APC est de 115 230, alors que pour les APW le nombre de candidats s’élève à 18 993. Plus d’un million d’encadreurs ont été mobilisés pour le bon déroulement du scrutin dans 61 696 bureaux et 13 326 centres de vote, répartis à travers les 1541 communes du pays. Le scrutin s’est  déroulé en présence de 182 981 observateurs délégués par la quarantaine de partis politiques en lice pour ces élections locales. Un protocole sanitaire a été signé par l’ANIE et le ministère de la Santé, en vue de prévenir la propagation du Covid-19. Les deux parties ont souligné leur attachement à l’application stricte des mesures préventives pour le déroulement du scrutin «en toute sécurité», relevant que tous les moyens nécessaires ont été mobilisés pour la réussite de ce rendez-vous. Un budget de 8,67 milliards de dinars a été alloué pour les dépenses liées à la préparation et à l’organisation des élections locales. Le président de l’ANIE, Mohamed Charfi, a estimé que «toutes les conditions» de réussite des élections locales du 27 novembre «ont été  réunies», tout en relevant que cette réussite était «étroitement liée au degré d’éveil démocratique chez le citoyen». Les élections locales s’inscrivent dans le cadre du parachèvement du processus d’édification institutionnelle mis en œuvre par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Elles ont été précédées du référendum sur la révision de la Constitution du 1er novembre 2020 et des élections législatives du 12 juin 2021. En présidant la cérémonie d’installation des membres du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), le 28 septembre dernier, le président de la République avait qualifié les élections locales d’»étape cruciale du processus de redressement, dont découleront des assemblées représentatives à même de prendre en charge les préoccupations et les aspirations des citoyens». Le Premier ministre, ministre des Finances,  Aïmene Benabderrahmane, avait annoncé, lors de la présentation au Parlement du Plan d’action de son gouvernement, l’installation, en octobre 2021, d’ateliers de réforme dédiés à la révision des codes,  communal et de wilaya, en vue de «répondre aux exigences du développement local». Durant près de trois semaines, les candidats aux élections locales se sont efforcés de convaincre les citoyens et de les inciter à être au rendez-vous le jour du scrutin, mais force est de constater que celle-ci n’a pas déchaîné les passions, en dépit de la mobilisation des chefs des principaux partis politiques qui ont multiplié les sorties sur le terrain pour tenter de plaider leur cause auprès des électeurs et les sensibiliser sur l’importance d’utiliser leur droit de vote. Les responsables politiques et leurs candidats ont éprouvé beaucoup de peine à faire décoller la campagne, compliquée déjà par les contraintes sanitaires liées au Covid-19, mais aussi par les conditions climatiques rigoureuses qu’a connu le pays durant ces dernières semaines. Néanmoins, après un début timide, la cadence de la campagne s’est accélérée notamment pendant les deuxième et troisième semaines sans, pour autant, donner lieu à de grands shows électoraux. Les espaces d’affichage réservés aux candidats à ces locales ont été  peu exploités, quelques affiches seulement ayant tapissé les panneaux installés à cet effet. Excepté les leaders de la classe politique qui ont investi le terrain depuis le lancement officiel de la campagne le 4 novembre dernier, peu de candidats ont tenu des meetings. En effet, faute de grands meetings électoraux, la campagne s’est déroulée sur les réseaux sociaux pour de nombreux candidats qui ont investi la toile pour se faire connaitre de l’électorat et tenter de glaner quelques voix le jour «J». La campagne a mené les chefs des partis politiques, quant à eux, aux quatre coins du territoire national sur un tapis d’engagements et de promesses tous azimuts. L’appel à une forte participation a constitué une «priorité» pendant ses 21 jours de campagne. Si pour certains, l’appel à une participation massive aux prochaines locales est motivé par le souci de corriger les dysfonctionnements constatés dans le développement local, de barrer la route aux «opportunistes», ou encore pour parachever l’édification institutionnelle de l’Algérie, pour d’autres, il s’agit d’étape importante vers le renforcement du front interne, la préservation de l’unité nationale et de la stabilité du pays pour faire face à toute menace extérieure. La nécessité d’opter pour un nouveau mode de gestion des collectivités locales à travers l’élargissement des prérogatives des élus locaux et l’adoption d’une gouvernance locale rationnelle, a été soulignée par les principaux chefs de partis politiques lors de leurs meetings et activités de proximité menés dans le cadre de la campagne pour ces locales. Les leaders de la classe politique ont plaidé, également, pour l’importance de conférer un «rôle pivot» aux futures Assemblées élues, noyau de base de l’Etat, avec comme objectif suprême d’ériger une «Algérie forte par ses institutions».

T. Benslimane