Pouvoir d’achat, autosuffisance, réformes politiques, numérisation et diplomatie : dix messages-clés pour 2026–2027: Tebboune trace la feuille de route

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L’Algérie est “sur la bonne voie” — c’est le fil conducteur de l’entretien périodique du président Abdelmadjid Tebboune avec les médias. De la lutte contre l’inflation à l’autosuffisance agricole, de la réforme politique à la diplomatie, le Chef de l’État a décliné une série de décisions et d’engagements balisés par des échéances précises.


Le Président appelle à la solidarité et à la vigilance contre “les parties” qui visent l’Algérie, redoutant son autonomie retrouvée et son rôle central régional et international. Il met en garde contre les rumeurs et la diffusion du doute, et insiste sur l’unité nationale comme réponse aux “tentatives de sabotage émanant de l’intérieur”.

Pouvoir d’achat : hausses sociales à partir de 2026
Abdelmadjid Tebboune confirme des augmentations à compter de 2026 : salaires, bourse des étudiants et allocation chômage sont explicitement visés, avec une extension potentielle aux pensions de retraite “en fonction des moyens de l’État”. Il réaffirme qu’il s’agit d’engagements écrits et non de simples promesses destinés à améliorer concrètement le pouvoir d’achat.

Inflation, dinar et importations : une ligne de crête assumée
Pour revaloriser la monnaie nationale, le Président fait de la maîtrise de l’inflation et des prix un objectif prioritaire, avec la volonté d’“éradiquer le dinar parasite”. Il défend un équilibre pragmatique entre importations et production locale afin de couvrir les besoins sans austérité. Des données fiables issues de la numérisation doivent guider, secteur par secteur, ces arbitrages.

Numérisation : ultimatum et “mesures radicales” en cas de retard
La généralisation de la numérisation doit être achevée d’ici fin 2025. À défaut, le Président annonce des “mesures radicales”. Il dénonce les zones d’opacité entretenues par certains secteurs, rappelle l’exemple du foncier et de la fiscalité immobilière, et exige la traçabilité (numérisation chez les notaires, lutte contre l’argent sale, sanctions contre les fausses déclarations). Il pousse la généralisation du paiement électronique, malgré une “résistance acharnée”, pour sécuriser l’économie formelle.

Réformes politiques : dialogue national, libertés et calendrier électoral
Le dialogue national inclusif se tiendra une fois ses modalités d’organisation précisément définies afin que tous les acteurs s’expriment “sans désordre” et dans un cadre institutionnel ou populaire. Le Président rappelle que la liberté d’expression est garantie, mais exclut l’injure et la diffamation. Les partis conservent un accès ouvert aux médias dans le respect mutuel.

Loi électorale, ANIE et échéances : cap sur la transparence
Une révision technique de la loi électorale est engagée, sans toucher aux clauses fondamentales contre la fraude et l’achat de voix. Des réajustements des missions de l’ANIE seront proposés “dans les prochains jours” pour la concentrer sur sa mission première : transparence et régularité. La préparation matérielle des scrutins reviendra au ministère de l’Intérieur. Les élections législatives et locales auront lieu dans les délais à l’issue des mandats.

Gouvernance : une équipe au service d’objectifs chiffrés
Le gouvernement travaille “selon une feuille de route claire” avec des engagements 2026–2027 mesurés en résultats. La nomination de Sifi Ghrieb comme Premier ministre est justifiée par son expérience de terrain et sa capacité à “corriger la trajectoire” des ministères si nécessaire. Le Président souhaite renforcer la présence des femmes au gouvernement au-delà des neuf ministres actuelles, un chiffre jugé encore insuffisant.

Agriculture : autosuffisance et virage vers l’agri-tech
Le Chef de l’État confirme de “grands pas” vers l’autosuffisance, prioritairement en blé, grâce à des projets nationaux et des partenariats (Italie, Qatar, Arabie Saoudite). L’objectif d’autosuffisance en blé dur est réitéré, sous réserve du bilan complet de la dernière campagne moisson-battage et d’un recensement pour éviter les fuites vers les marchés parallèles. Le projet “Baladna” (poudre de lait, partenaire qatari) vise une mise en service fin 2028, pour substituer des importations lourdes et stimuler l’élevage bovin et l’emploi. Dans la même logique, l’exécutif ouvre la voie à une agriculture moderne fondée sur la science, capable de couvrir les besoins et d’exporter l’excédent, avec la nomination de Yacine El-Mahdi Oualid à l’Agriculture pour accélérer la modernisation du secteur.

Économie de la connaissance : des start-up au rang mondial
Au plan continental, l’Algérie lance un fonds de financement des start-up et jeunes innovants à l’échelle africaine, dans le sillage de l’IATF 2025. Le Président rappelle le passage de 200 à plus de 10.000 start-up en quelques années, avec certaines introduites en bourse et déjà intégrées dans la filière automobile. Trente jeunes pousses ont été récemment prises en charge, pour un coût jugé modeste au regard de l’impact. L’Algérie a par ailleurs formé 65.000 étudiants africains, ancrant son rôle de pays formateur et de pôle d’innovation.

Diplomatie : Palestine, Conseil de sécurité et voisinage
Le Président réaffirme l’inévitabilité de la création d’un État de Palestine dans les frontières de 1967 avec El-Qods pour capitale — position défendue à l’ONU, dans des rencontres internationales et lors du Sommet arabe d’Alger (2022). Il rappelle le vote de 143 États en faveur de l’admission de la Palestine comme membre à part entière, malgré le veto. Sur la réforme onusienne, il juge “possible” un siège permanent africain (Algérie, Nigeria, Afrique du Sud ou Égypte) et plaide pour au moins 10 sièges africains au Conseil de sécurité, dont trois permanents. Il souligne la 4ᵉ élection de l’Algérie au Conseil, un fait sans équivalent. Les relations avec la Mauritanie et la Tunisie sont qualifiées de solides ; l’Algérie aide Nouakchott à reconstruire des structures sanitaires et non sanitaires. Il condamne fermement la récente agression sioniste contre le Qatar, qualifiée d’“attaque contre la nation arabo-musulmane”.

Reconnaissance : l’Ordre du Mérite national à Amar Bendjama
Saluant des performances diplomatiques qui “honorent l’Algérie”, le Président annonce l’attribution de l’Ordre du Mérite national à Amar Bendjama, représentant permanent à l’ONU. Il souligne la montée en puissance du MAE “depuis l’arrivée d’Ahmed Attaf”, citant sa maîtrise des dossiers et des réseaux.

Vie politique : partis, médias et cadre légal
Le Chef de l’État regrette le retard pris par la loi sur les partis au Parlement, et prône un dialogue “hautement constructif” entre l’État et les formations politiques. Les portes des médias sont ouvertes aux partis, dans le respect et hors diffamation. Le débat sur les formes de régime (renforcement parlementaire, consolidation présidentielle, instances consultatives) doit se mener dans les cadres appropriés, institutionnels ou populaires.

État de droit : fiscalité équitable et lutte contre l’informel
Le Président dénonce l’injustice fiscale (même impôt pour des biens de valeurs très différentes) et exige une juste évaluation via la numérisation des notariats et du foncier. Il promet des sanctions sévères contre les fausses déclarations, appelle à réduire le cash dans les transactions — notamment immobilières — et voit dans la bataille du paiement scriptural un enjeu de souveraineté (“être un État ou laisser les bandes diriger l’État”).

Cap 2026–2027 : des objectifs mesurables
Le Chef de l’État insiste : les objectifs seront évalués en chiffres et non au slogan. La trajectoire se décline autour de cinq axes, la protection sociale et le pouvoir d’achat (revalorisations 2026), la stabilité des prix et la santé du dinar, la numérisation totale de l’action publique (fin 2025), l’autosuffisance et l’industrie agroalimentaire (blé dur, lait), et les réformes politiques et intégrité électorale (loi, ANIE, calendrier).  Les annonces du président Tebboune dessinent une trajectoire claire et ambitieuse, une Algérie tournée vers l’autosuffisance, la justice sociale, la transparence démocratique et l’innovation numérique. Avec des engagements concrets et des échéances précises, le pays affirme sa volonté de bâtir une économie résiliente et une diplomatie influente, tout en améliorant le quotidien de ses citoyens. Un cap porteur d’espoir qui consolidera la place de l’Algérie comme acteur incontournable sur la scène régionale et internationale.

Yasmine Derbal

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